Sida, cholera, Ébola, paludisme, fièvre jaune… Notre la planète n’a pas fini avec les pandémies et les épidémies que vient s’ajouter la Covid-19. En janvier 2021, les élèves ont repris le chemin de l’école avec des instructions fermes de l’État quant au respect des mesures barrières. Les écoles ont-elles les moyens de mettre en place des mesures et de les faire respecter ?
Cet article a d’abord été publié dans le journal Mali Tribune.
L’éducation est un droit constitutionnel, de même que la santé des apprenants. Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) pense que chaque enfant, « quel qu’il soit, quel que soit l’endroit où il se trouve, a droit à l’éducation ». « L’éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l’Homme et des libertés fondamentales », selon la Déclaration universelle des droits de l’Homme.
L’article 26 de cette déclaration stipule que « toute personne a droit à l’éducation ». Les enfants sont favorisés ou marginalisés selon les moyens de leurs parents et ne bénéficient pas de la même qualité d’éducation. La Covid-19 a révélé au grand jour les inégalités, selon les établissements scolaires que les enfants fréquentent.
« Aucune mesure n’est respectée »
A en croire Attaher, élève dans une école privée à Bamako, les formats du cours n’ont pas changé, encore moins la disposition des salles ou des tables-bancs. « Mais nous sommes obligés de porter nos masques pour avoir accès à la cour de l’école et à l’entrée. Nous appliquons le gel ou lavons nos mains avec du savon », dit-il.
C’est tout le contraire pour Oumou D., élève à l’école fondamentale de Taliko, un établissement public, dans un quartier populaire de Bamako : « Depuis la reprise, les cours continuent d’être dispensés comme auparavant. Aucun changement, aucune mesure édictée n’est respectée : ni la distanciation sociale, ni le kit de lavage des mains, ni le port du masque. Nous sommes 3 par table-banc. Moi, personnellement, je mets souvent le masque ».
Fatoumata Sylla, commerçante, pour sa part, pense que les écoles font de leur mieux. « Elles ont repris en retard, accélèrent pour essayer de rattraper le temps perdu. Mais les conditions restent les mêmes : l’effectif, l’aménagement de la classe ou l’agencement des tables-bancs restent comme avant. Elles n’ont pas fait d’efforts à ce niveau ». Ibrahim Ag Hamadalamine, membre d’un comité de gestion scolaire, a procédé à une sensibilisation des parents pour inviter les enfants au respect des mesures barrières, au lavage des mains au savon et au port de masque.
« J’ai mis des kits de lavage des mains dans ma cour, chaque personne qui entre se lave les mains et met le gel. Le port du masque est obligatoire par les administrateurs, les enseignants, les élèves ainsi que les visiteurs. Nos cours sont dispensés en toute sécurité, car on respecte les mesures barrières d’un mètre afin de nous protéger de la Covid-19. », explique Mme Macalou Djénéba Doumbia, proviseure du lycée Banassou de Lafiabougou (LBNL), un établissement privé.
Stratégies d’adaptation
Pendant que certaines écoles respectent les mesures et font même des cours en ligne, l’école fondamentale de Misra (Bamako), établissement public, ne dispose d’aucun moyen pour assurer le minimum afin de protéger les enfants. Faboly Diarra, son directeur, avoue que les effectifs sont pléthoriques dans les classes. « Le gouvernement n’a pris aucune mesure pour cela. Les cours sont dispensés comme d’habitude, pas de changement d’horaire, car nous venons tous les jours à l’école du lundi au vendredi. Les élèves n’ont plus de masques, ni de gel ou savon dans les classes »
Raoul Wazou Mounkoro, éducateur expérimenté, directeur des études Enco-Bamako-campus, a pris les devants pour mieux préparer le terrain. Il a pris toutes les dispositions nécessaires afin que ses élèves continuent leurs programmes dans les meilleures conditions. « Bien avant que le Mali enregistre son premier cas, explique-t-il, toute la logistique pouvant nous permettre de basculer entièrement en cours en ligne a été prise en compte, car les élèves et les enseignants ont été formés aux nouveaux outils de travail, mais aussi des informations sur la pandémie ont été données. Nous avons basculé à 100% sur des cours en ligne avec des classes de zooms et Google classic pour les supports, les devoirs, un espace que Google offre aux élèves et enseignants pour pouvoir interagir, télécharger des cours et assigner des devoirs et les corriger ».
C’est le 1er décembre 2019 que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a enregistré le premier cas de Covid-19. Le 11 mars 2020, la Covid-19 est déclarée pandémie. Jusqu’en mars, le Mali figurait parmi les pays observateurs de l’évolution du virus et de ses ravages à travers le monde. Le Mali a enregistré son premier cas le 24 mars 2020 et son premier décès le 29 mars 2020.
Le ministère de l’Éducation nationale a fait un communiqué annonçant la fermeture immédiate des classes, mettant en vacances les élèves pendant plusieurs mois. Pendant ces vacances prolongées et non prévues, le gouvernement, les écoles privées et les parents d’élèves se sont organisé, chacun de son côté, pour assurer des cours aux enfants, selon le milieu et les moyens.
Des entreprises, à travers le monde, ont développé des moyens de dispenser des cours à distance. Parmi ces outils modernes, Zoom ou Google meeting. Ceux-ci permettent aux enseignants, selon Tidiani Togola, promoteur d’une société de développement du numérique, une dizaine de solutions de dispenser des cours à distance.
Le gouvernement du Mali ne s’est pas compliqué la tâche. Ainsi, avec des organisations non gouvernementales de soutien aux enfants, il a organisé des cours à la télévision nationale et sur des radios privées, prioritairement pour les élèves des classes d’examen. Le ministère a instruit le respect strict des mesures barrières dans les établissements d’enseignement et les structures de gestion de l’éducation.
Source : Benbere