Malgré la progression de la pandémie du COVID-19, le couvre-feu instauré le 26 mars 2020 a été levé à partir du samedi 9 mai 2020 par la session extraordinaire du Conseil national de la défense présidée vendredi dernier par le président Ibrahim Boubacar Kéita, a annoncé samedi dernier (9 mai 2020) le Premier ministre Boubou Cissé dans une allocution à la télévision nationale (ORTM). Par contre, le conseil a décidé du port obligatoire du masque dans les espaces publics ; et la prorogation jusqu’au 2 juin prochain de la fermeture des écoles primaires, secondaires et supérieures.
Pour de nombreux observateurs, le gouvernement a opté pour la levée du couvre-feu suite à la pression de la rue. En effet, ces derniers jours, les manifestations nocturnes s’étaient multipliées dans la capitale et dans plusieurs localités de l’intérieur contre cette décision.
Mais, le choix du gouvernement de lever le couvre-feu est d’autant surprenant que le pays frôle aujourd’hui les 700 cas confirmés de COVID-19 avec plus de 2.000 personnes-contacts suivis, un peu moins de 300 guérisons. Avec 88 % des cas, le District de Bamako est l’épicentre de cette terrible pandémie et la tranche d’âge des « 35-54 ans » est la plus touchée avec près de 40 % des cas d’infections. Cette catégorie est suivie par celle des «55 ans et plus » avec un peu moins de 35 %. Puis, vient la tranche d’âge des « 15-34 ans » qui représente 24% des personnes contaminées.
Et même si Bamako demeure l’épicentre de la pandémie, aucune région administrative de notre pays n’est aujourd’hui épargnée. Face à une situation si explosive, cela nous surprendrait que le rapport du Conseil scientifique présenté au Conseil ait pu recommander la levée du couvre-feu. C’est donc une décision plus politique que technique.
« Nul ne nous a dit pourquoi le couvre-feu a été instauré ni pourquoi il est levé et encore moins après quelle évaluation. Etait-ce utile ou inutile ? Quel bilan ?», a aussitôt dénoncé l’opposant Me Mountaga Tall (CNID) après la fausse déclaration solennelle du P.M. Fausse car vidée de sens puisque les trois recommandations fortes du conseil national de la Défense étaient aussitôt connues de l’opinion après la session et largement diffusées sur les réseaux sociaux. Et Me Tall d’ironiser, « hier le pouvoir s’est sauvé sans la République. Aujourd’hui il se sauve sans les Maliens. Respectez-nous un peu ».
Pour la prévention de la pandémie, le gouvernement a décidé d’accélérer le programme présidentiel « Un Malien, un masque ». « Je prends ici l’engagement qu’il sera une réalité tangible et vérifiable dans le plus proche avenir », s’est engagé le Premier ministre malien. Et pour ce faire, les tailleurs, les artisans et les militaires du pays sont déjà à l’œuvre et seront davantage sollicités. « Le défi de produire des masques réutilisables ici au Mali, pays de coton et de créativité, sera relevé », a assuré Dr Boubou Cissé.
Dans son allocution, le chef du gouvernement a indiqué que l’apurement de la dette intérieure, dont le montant s’élève à plus de 110 milliards de nos francs, commencera à partir de cette semaine. A noter que les mandats de 2019 s’élèvent à un peu moins de 66 milliards FCFA contre près de 45 milliards pour ceux admis du 1er janvier au 30 avril 2020. « Cela permettra d’améliorer la trésorerie de nos entreprises, en plus des autres mesures de soutien à l’activité économique », a assuré le PM. Pour ce qui est des frontières, a souligné Boubou, « le Mali ne décidant pas seul, elles restent fermées ».
Moussa Bolly