Alors que son homologue et « camarade » de lutte demeure chassé du corps suite à une décision émanant du conseil supérieur de la Magistrature, le magistrat Dramane Diarra connaîtra son sort à partir du mardi 19 septembre 2023.
Le procureur général de la Cour Suprême du Mali, non moins président du conseil de discipline a adressé, depuis le 4 septembre dernier, une convocation au magistrat Dramane Diarra. Tout comme son camarade Cheick Mohamed Koné, le magistrat Diarra connaîtra, sans nul doute, le sort à lui réservé après la tenue prochaine de la formation plénière du Conseil supérieur de la Magistrature. « Conformément à la loi organique du 7 octobre 2003, fixant l’organisation, la composition, les attributions et le fonctionnement du Conseil Supérieur de la Magistrature, j’ai l’honneur de vous (Dramane Diarra) convier à comparaître devant la formation disciplinaire du conseil supérieur de la Magistrature, dans le cadre de la procédure disciplinaire vous concernant, en sa session devant se tenir le mardi 19 septembre 2023 et jours suivant, s’il y a lieu, à la Cour Suprême du Mali, à partir de 10 heures », tels sont les messages adressés par le président du conseil au magistrat Dramane Diarra. Pour avoir gardé la même position que son collègue magistrat Cheick Mohamed Chérif Koné déjà radié du corps, des questions se posent à savoir si Dramane ne bénéficiera-t-il pas du même sort que son compagnon. Rappelons que les deux magistrats avaient, dans un passé récent, affaire avec l’actuel ministre de la Justice et des Droits de l’homme, en l’occurrence Mamoudou Kassogué. Suite à une divergence de vue au sujet d’un problème leur concernant, Cheick Mohamed Chérif Koné et Dramane Diarra s’étaient opposés au ministre et à d’autres magistrats du pays. Les deux ont, via les différentes sorties médiatiques, d’ailleurs craché « leurs quatre vérités » à qui le veut l’entendre concernant ce qui se passe au sein de la justice sous l’ère de la transition malienne.
Le magistrat Cheick Mohamed Chérif conteste sa décision de radiation
En réaction à la décision du conseil supérieur de la Magistrature, Cheick Mohamed Chérif Koné n’a pas tardé à désapprouver la sanction dudit conseil. Dans un communiqué publié le 28 août dernier, le juriste évoquait l’absence d’un Conseil supérieur de la Magistrature régulièrement constitué conformément aux dispositions de l’article 136 de la nouvelle constitution « imposée par les autorités de la transition ». En l’état actuel, réagissait le magistrat radié, « il n’y a plus de conseil supérieur de la magistrature pouvant être convoqué et se réunir, à fortiori délibérer ». Le regroupement constitué pour les besoins de la cause est, selon M. Koné, disqualifié depuis la promulgation de la nouvelle constitution qui a fondamentalement remis en cause la composition du Conseil. Et de préciser que toute composition du Conseil supérieur de la Magistrature, autre que celle prévue par l’article 137 prévu en la matière, est « simplement disqualifiée ». « Nous ne nous laisserons pas faire. Nous tiendrons les autorités de la transition au respect de la constitution qu’elles-mêmes ont imposée au peuple dans un contexte de déchirement social profond », lit-on dans le communiqué du responsable. Cette posture atteste clairement que le magistrat reste vent debout contre la décision du conseil disciplinaire. « Le Président de la transition et le ministre de la Justice et des Droits de l’homme ne peuvent pas nous exclure des fonctions du siège et du parquet et prétendre vouloir nous traduire devant un Conseil de discipline pour des faits relevant exclusivement de nos activités associatives et syndicales, légales et régulières, dont la liberté d’exercice est garantie par la constitution », rapportait le syndicaliste Cheick Mohamed Chérif Koné, coordinateur général du regroupement politique dénommé Appel du 20 février pour sauver le Mali.
Mamadou Diarra
Source : LE PAYS