Depuis quelques jours, plusieurs stations de vente de carburant sont en rupture de stock de gasoil. Une situation due, selon plusieurs sources, aux conséquences de la guerre entre l’Ukraine et la Russie, laquelle assure plus de 70 % de l’approvisionnement des pays de l’Afrique de l’ouest en hydrocarbures. Toute chose qui a poussé les gros importateurs du Mali à chercher d’autres sources de ravitaillement. Cependant, avant que cette situation se régularise, le gasoil devient une denrée rare au Mali.
La guerre déclenchée par la Russie contre l’Ukraine a créé une conjoncture à l’échelle mondiale entrainant une envolée des prix de plusieurs produits dont les hydrocarbures, le blé. Cette hausse s’explique par le fait que l’Ukraine est l’un des plus grands producteurs mondiaux du blé tandis que la Russie est le principal fournisseur de nombreux pays du monde en hydrocarbures y compris les Etats d’Afrique de l’ouest. Ainsi, malgré les efforts consentis par les autorités maliennes et les opérateurs économiques, cette flambée des prix frappe de plein fouet le portefeuille des consommateurs maliens car les litres de gasoil et d’essence ont connu une hausse d’environ 100 Fcfa à la pompe.
Cependant, il n’est pas certain que la situation puisse rapidement revenir à la normale à travers le monde et particulièrement au Mali tant que l’invasion de l’Ukraine par la Russie, commencée le 24 février, perdure. Déjà, de nos investigations, il ressort que depuis environ une semaine, une pénurie de gasoil plane dans le milieu des gros importateurs de carburant. Des grosses enseignes comme Total et Shell, en passant par les pétroliers maliens, sont frappés par cette rareté des hydrocarbures, surtout du gasoil qui est prisé plus que l’essence. Conséquence : dans certaines essenceries de Bamako, le prix du litre du gasoil cédé à 750 Fcfa à la pompe, dépasse ainsi celui de l’essence qui est à 720 Fcfa.
Pour un gros importateur de produits pétroliers que nous avons approché, cette situation de pénurie de gasoil qui plane sur le Mali était prévisible, pour la simple raison que la Russie assure, à hauteur de 60 à 70 %, les importations d’hydrocarbures de presque tous les pays de l’Afrique de l’ouest dont le Mali.
“Avec le conflit armé, nous ne parvenons à être approvisionnés par notre principal fournisseur. C’est ce qui explique cette rupture de stock. De ce fait, nous sommes à pied d’œuvre pour trouver une alternative afin que le marché soit approvisionné à souhait. Ce qui est en bonne voie. Et des camions citernes vont ravitailler dans quelques jours le marché malien”, a expliqué notre interlocuteur qui a surtout loué les efforts fournis par le gouvernement pour la stabilisation des prix en renonçant à des impositions. Aussi, notre source, qui a voulu garder l’anonymat, a révélé que, de nos jours, c’est par patriotisme qu’ils continuent d’importer les hydrocarbures, sinon, a-t-il ajouté, ils n’ont aucune marge en termes de bénéfices.
“Auparavant on prenait le litre de gasoil entre 300 à 400 Fcfa à Abidjan en Côte d’Ivoire qui était revendu à plus de 500 Fcfa à 550 Fcfa sur le marché malien. Mais aujourd’hui, ce même litre de gasoil est cédé à 700 Fcfa par nos fournisseurs dans le pays d’Alassane Dramane Ouattara et nous le revendons à 750 Fcfa au Mali. Si nous déduisons le coût du transport de ces 750 Fcfa, il ne va rien nous laisser comme bénéfice” a précisé notre source qui dit être convaincu qu’il faut environ trois mois pour que la situation puisse revenir à la normale. Entre temps, plusieurs stations de Bamako sont en manque de gasoil.
Notons qu’à l’image du Mali plusieurs pays du monde font face à cette pénurie, mais à des proportions différentes.
Kassoum THERA
Source: Aujourd’hui-Mali