L’allocation de 650 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux (DTS), annoncée au sommet sur le financement des économies africaines tenu à Paris le 18 mai dernier et approuvée le 2 août par le Conseil des gouverneurs du Fonds monétaire international (FMI), a pris effet lundi.
Ces ressources qui sont ainsi mises à la disposition des pays au prorata de leurs quotes-parts relatives au FMI, en vue de compléter leurs réserves de change et réduire leur dépendance à l’égard d’une dette intérieure ou extérieure plus coûteuse, fait sans surprise la part belle aux pays les plus riches.
Sur cette manne financière, seulement 33 milliards reviennent aux pays africains. L’Afrique du Sud bénéficie donc de 4,3 milliards de dollars, soit 0,6% de l’allocation totale, devant le Nigeria (3,5 milliards de dollars). La part du Mali correspondrait à 1,3% de notre Produit intérieur brut (PIB). Environ 275 milliards de dollars sont destinés aux pays émergents et en développement, dont 21 milliards pour les pays à faible revenu, représentant « jusqu’à 6% de leur PIB pour certains d’entre eux ».
Il ne s’agit pas là de l’argent au sens classique du terme que les pays peuvent utiliser pour des achats. Le DTS est une unité de compte pour les transactions du FMI avec les pays membres. Sa valeur est basée sur un panier de cinq principales devises mondiales : le dollar américain, l’euro, le yuan, le yen et la livre sterling.
Mais il joue certaines fonctions de la monnaie comme par exemple la fonction d’unité de compte, affirme le professeur Babacar Sene. « C’est un outil utilisé en général par le Fonds monétaire international lorsque des pays sont à court de liquidité par exemple », précise l’enseignant à la Faculté des sciences économiques et de gestion de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD).
Généralement gérés par la banque centrale, ils garantissent qu’un pays dispose de devises étrangères dont il a besoin pour commercer avec le monde (par exemple pour payer les importations), explique les experts du FMI. « L’ajout de DTS aux réserves internationales d’un pays le rend plus résilient financièrement. En temps de crise, un pays peut puiser dans son épargne pour des besoins urgents (par exemple, pour payer l’importation de vaccins) », précisent-ils.
Il s’agit d’un mécanisme d’endettement auprès du Fonds monétaire international, souligne l’économiste camerounais, Isidore Noumba. En la matière, les pays qui le souhaitent, peuvent échanger leurs DTS contre des devises fortes avec d’autres membres du FMI. Ils peuvent également utiliser leurs DTS dans une série d’opérations avec d’autres pays ou pour régler des obligations financières envers le Fonds », explique le FMI, qui assure que les DTS sont un avoir de réserve, pas de l’aide étrangère.
Plus important encore, une allocation de DTS n’alourdit pas le fardeau de la dette publique d’un pays, insistent les spécialistes. Donc, une bouffée d’oxygène pour permettre à l’économie mondiale de mieux respirer.
Cheick M. TRAORÉ
Source : L’ESSOR