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Choguel dans une passe critique

La rencontre de Choguel Maïga avec les ambassadeurs  des États membres de la CEDEAO au Mali, celle du ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop avec « un diplomate onusien » non identifié, les visites  du colonel Sadio Camara en Côte d’Ivoire et du colonel Malick Diaw au Burkina Faso, toutes ayant eu lieu la veille du sommet extraordinaire de la CEDEAO à  Accra, n’auront servi à  rien: les sanctions communautaires sont tombées, le soir du 7 novembre, comme un couperet. Les autorités et autres institutions de la transition malienne, de même que les membres de leurs familles sont interdits de voyager, leurs avoirs financiers sont gelés. L’UA, l’ONU, l’UE, les partenaires bilatéraux et multilatéraux du Mali sont appelés à   » approuver et soutenir l’application de ces sanctions. » Lesquelles peuvent être renforcées par d’autres si, au prochain sommet de l’organisation sous-régionale, le 12 décembre prochain, le Mali ne s’est pas résolument et irréversiblement engagé dans la dynamique de la tenue des élections présidentielles couplées aux législatives à  la date du 27 février 2022.

Il faut reconnaître que le premier ministre Choguel Maïga porte une grande part de responsabilité dans la situation ainsi créée. Alors que son prédécesseur Moctar Ouane, étiqueté sans appartenance politique, se démenait comme un beau diable  pour créer les conditions minimales consensuelles à la tenue des élections générales dans la limite des 18 mois impartis à la transition, lui s’est mis en tête de jeter les bases de la refondation de l’Etat, concomitamment avec l’organisation desdites des élections, quitte à ce que la transition soit prorogée d’un laps de temps à déterminer par des Assises nationales. Lesquelles, il faut bien le constater, sont discréditées avant même de tenir. Cette démarche étant motivée par la volonté politique compréhensible d’éviter que l’historique combat mené par le M5-RFP, dont il était le président du comité stratégique, ne soit vain. Elle  manquait toutefois de réalisme au regard du temps restant de la transition qui ne se prêtait plus à son accomplissement.

D’abord réservé sur cette prorogation de la transition, le président de la transition, colonel Assimi Goïta, a fini par la rallier. Restant impassible même lorsque la situation s’est dangereusement dégradée avec nos partenaires stratégiques délibérément pris pour cibles à cause de leur fermeté sur le respect de la durée de la transition.

Les autorités de la transition ne tarderont pas à réaliser qu’elles ne pourront pas tenir longtemps devant les sanctions annoncées. Un président de transition ayant qualité de chef d’Etat, un chef de gouvernement de transition, des ministres, hauts fonctionnaires civils et militaires qui ne peuvent se déplacer nulle part dans ce monde, participer à des réunions concernant leur pays, promouvoir ou défendre ses intérêts, négocier des prêts ou des aides en sa faveur, ne peuvent tout simplement pas gouverner. Ils sont privés des moyens de leurs missions et très vite cet état de fait deviendra intenable. Ce serait un leurre de penser que nos voisins maghrébins, principalement le Maroc et à un moindre degré l’Algérie, peuvent se substituer à ceux de l’Afrique de l’ouest, qui représentent notre environnement naturel si l’on peut écrire. Il serait tout aussi stupide de croire un seul instant que le Mali peut rompre le cordon ombilical avec sa famille ouest africaine et ses partenaires traditionnels occidentaux pour tenter une nouvelle expérience (aventure serait plus appropriée) en s’appuyant exclusivement sur la Chine et la Russie. Notre pays est passé par là sous la première république avec pour conséquence tragique le coup d’Etat militaire du 19 novembre 1968.

Il urge donc que nos dirigeants  actuels fassent preuve de réalisme et de patriotisme pour revenir de leur lubie concernant la prorogation de la transition. Le salut du Mali réside  dans la tenue à date de la présidentielle couplée aux législatives. Cela est possible à trois conditions, selon l’avis d’un expert proche du dossier.

Primo : le CNT doit adopter, avant fin novembre, le projet de loi issu de la relecture consensuelle entre le MATD et la classe politique. Cette adoption sera suivie de la convocation du collège électoral par le gouvernement, au plus tard dans la première quinzaine de décembre, la loi prévoyant la convocation du  collège électoral au moins 60 jours avant la date du scrutin.

Deuxio : les législatives auront lieu sur la base des seules circonscriptions actuelles, la réorganisation territoriale ne pouvant être menée à son terme avant l’échéance fixée.

Tertio : les élections seront organisées par les trois structures (MATD, CENI, DGE) qui ont jusqu’ici concouru conjointement à leur organisation, en leur apportant toutefois les améliorations nécessaires à leur  transparence.

Problème : Choguel Maïga, qui a fait de la tenue des Assises nationales de refondation de l’Etat et de la création d’un organe unique de gestion des élections une affaire personnelle et les a déjà inscrites dans le haut de son bilan, acceptera-t-il cette marche en arrière ou ce rétropédalage pour faire moderne ? Ce n’est pas si sûr. Certains prédisent qu’il préférerait démissionner. Voire être démis. Un air que l’on entend aussi bien chez ses adversaires qu’au sein même du M5-RFP.

Saouti HAIDARA

Source : l’Indépendant

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