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Ce que nous enseigne la crise du Mali

La crise sans fin qui dévaste le Mali et menace de s’étendre aux pays de l’immense zone sahélo-saharienne porte en elle des leçons sur lesquelles il convient de réfléchir, comme viennent de le faire les dirigeants de la Cédéao et de la CEEAC lors du Sommet de Lomé, mais comme ne semblent toujours pas vouloir le faire les puissances extérieures au continent.

Résumées en quelques mots, ces leçons sont les suivantes :

1) Dès lors qu’un pays n’a pas de gouvernance stable, équilibrée, assurée par des institutions crédibles et capables d’assurer la sécurité de la population, les antagonismes de toute nature hérités du passé dressent inévitablement les unes contre les autres les tribus, les ethnies, les communautés religieuses. Croire que le système démocratique plus ou moins imposé par les puissances coloniales avant leur retrait du continent parviendra à effacer un jour les blessures de l’Histoire et, surtout, à corriger les erreurs commises lors de la fixation arbitraire des frontières par ces mêmes puissances est une illusion dangereuse qui ne peut qu’aggraver le mal au lieu de le guérir.

2)  Même si elle répond à la demande des autorités du pays concerné et a pour but de protéger la population contre la violence des groupes qui s’efforcent de faire imploser le pays, l’intervention militaire au Mali des pays riches de l’hémisphère nord ne peut résoudre le problème humain à l’origine des désordres présents. Les difficultés croissantes auxquelles doit faire face la force Barkhane montée par la France pour aider le pays à préserver son unité sont là pour le démontrer. Parce que le territoire à protéger est trop vaste, parce que le pouvoir en place est trop faible, parce que les tensions sociales sont trop fortes, l’armée ne pourra pas restaurer durablement la paix.

3) La décomposition de l’Etat malien, venant après celle de l’Etat libyen et avant celle dont pourraient être victimes les autres nations de la région sahélo-sahariennes, porte en elle un risque de conflit dit « de basse intensité » qui, s’il s’étend comme tout le laisse penser aujourd’hui, déstabilisera l’ensemble de l’Afrique du nord mais aussi l’Afrique de l’ouest et probablement une partie de l’Afrique centrale.  Ceci est  d’autant  plus vrai  que  des trafics  en  tout  genre – esclavage humain, commerce des stupéfiants, ventes illégales d’armes …  – prolifèrent sur la crise qu’entretient l’affaiblissement des Etats. Avec comme conséquence une vague de migrations vers l’Europe que personne ne peut, ne pourra arrêter.

De ce qui précède ressort l’idée selon laquelle les dispositions prises jusqu’à présent pour tenter d’endiguer la crise dans cette partie du continent n’ont aucune chance d’y restaurer durablement la paix. Seule une amélioration de la gouvernance publique des pays concernés, fondée elle-même sur le progrès économique et les avancées sociales, permettra de garantir à l’avenir la paix intérieure de ces nations.

Conclusion évidente:si les pays riches de l’hémisphère nord, qui sont eux-mêmes largement responsables de la détérioration de la situation à laquelle ils tentent d’apporter une réponse simplement militaire, veulent qu’une paix durable s’installe à leur porte, ils doivent apporter sans délai les ressources économiques et financières qui pour l’heure font cruellement défaut sur le terrain. En édifiant avec les dirigeants africains un plan Marshall semblable à celui qui permit la renaissance de l’Europe au sortir des deux guerres mondiales, ils répareraient les erreurs commises dans les siècles précédents et donneraient aux dirigeants du temps présent la capacité de mettre fin aux drames qui s’aggravent de jour en jour dans cette partie du monde.

Jean-Paul Pigasse

Adiac

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