L’économie de la Corée du Sud est un marché, dont le Produit intérieur brut nominal était, en 2017, le 11e plus élevé au monde avec un montant de plus de 1 500 milliards de US$. Faisant partie des quatre « dragons asiatiques », la Corée du Sud a connu depuis cinquante ans une croissance et une intégration dans l’économie mondiale exceptionnelle. Un voyage dans ce pays est une vraie leçon d’un développement parti de rien.
Quand les services des affaires publiques de l’ambassade des Etats-Unis au Mali m’ont informé que j’avais été retenu pour faire partie d’un groupe de confrères africains pour un voyage de reportage en Asie du Nord-Est, j’étais loin d’imaginer combien ce périple de douze jours, sur quatre continents, de Bamako à Séoul, en passant par Paris, Washington DC et New York, se revelerait palpitant et riche en expériences humaines et professionnelles.
Nous étions, donc, dix journalistes de medias africains du Botswana, du Mali, du Mozambique, de la Namibie, du Nigeria, du Congo-Brazzaville, de la Tanzanie, de l’Ouganda et du Zimbabwe, à s’engager dans cette aventure dont le point culminant fut le séjour en République de Corée (Corée du Sud), que de façon incomplète, on appelle le « Pays du matin calme ». Ici, ce n’est pas que les matins qui sont calmes, les jours, les nuits le sont aussi tout comme ils sont également sereins.
Selon les guides touristiques, Séoul et ses plus que 10 millions d’âmes, aujourd’hui, a été choisie pour devenir la capitale du Royaume lors de la période de Joseon (1392-1910). La ville est restée, depuis plus de 600 ans, la capitale de la Corée. Lors de la Dynastie Joseon, Séoul était alors désigné par le nom de Hanyang, ce n’est qu’en 1945, lors de la création de la République de Corée faisant suite à l’occupation japonaise (1910-1945) que la capitale a pris le nom de Séoul. Séoul est le centre politique, économique, social et culturel du pays. Le fleuve Han traverse la ville pour la scinder en deux. Au nord, une zone empreinte d’histoire et de culture. Au sud, le côté business prédomine davantage.
Séoul s’est hissée au rang de ville internationale en accueillant les Jeux asiatiques en 1986, les Jeux olympiques en 1988, et en faisant l’ouverture de la Coupe du monde de football Corée-Japon en 2002. Séoul regroupe des sites culturels et touristiques tels que les cinq palais de la dynastie Joseon, Jongmyeo, le Stade de la Coupe du monde, le Building 63, Lotte World, le fleuve Han, Namsan, le parc national de Bukhansan, Daehangro, Insadong, ainsi que des quartiers pour le shopping tel que Itaewon, Myeongdong, Apgujeong, Namdaemun ou Dongdaemun. D’autres sites tel que Seoul Land, Everland, Carribean Bay, le Village folklorique, la forteresse de Suwon sont à proximité de Séoul. La ville est un ballet incessant de voitures, à prédominance de marques coréennes, sur une superficie de 605,52㎢, qui se déroule dans un calme impressionnant, de jour comme de nuit. On a le sentiment que tout est à sa place, rien ne déborde, rien ne dépasse. Il n’y a que, souvent, en des endroits où la jeunesse se rend (grands Malls à l’américaine ou stations de trains comme Seoul Station ou Yongsan Station avec ses nombreux salles de cinémas, de restaurants et de boutiques de luxe et de chic) ou encore devant des établissements scolaires d’où sortent des adolescents en uniforme d’écoliers, qu’on peut entendre des rires joyeux et un peu bruyants
Les voies sont larges, les façades des gratte-ciels et des magasins inondées de néons et d’enseignes lumineu, de petits restaurants alignés comme parqués dans un ordre aussi net que visible et palpable tout comme leur nombre. Venant de New York, ce contraste sonore est saisissant. Venant d’Afrique, et surtout de Bamako, c’est la propreté des lieux et des rues, en dépit de la très grande densité de la population, qui vous frappe. Ce n’est pas le décalage horaire de deux ou trois continents qui vous crée un choc thermique, mais la différence d’habitudes, d’attitudes, de comportement et de savoir-vivre en ville qui vous bouleverse et secoue vos certitudes culturelles. Ho ! Que ce monde ambiant est différent de celui de mon quotidien, de la même différence qu’il y a entre “le fleuve et la mare”, “la rivière et l’océan”. Tant l’amplitude de l’écart est grande. Quand ici, on apprécie flâner, se balader sans se marcher sur les pieds, se bousculer ou se pousser dans le dos, dans le meilleur des cas, ailleurs on négocie de pied ferme sa progression quand on ne joue pas des coudes, lorsqu’on se promène aux alentours du Grand marché de Bamako. Ici, de tout mon séjour et au gré de mes balades, de nuit comme de jour, au matin comme au soir ou encore dans la nuit fraiche, je n’ai point entendu de coups de klaxon rageurs ni vu d’accident de la circulation, alors que la veille de mon départ de Bamako, je m’étais fait rayer ma voiture, sur l’aile gauche, d’arrière en avant, par une berline conduite par une dame d’un certain âge, qui plus est, a pris la fuite! Qui d’entre nous, le matin en venant au travail ou le soir en rentrant chez soi, n’a pas vu à un carrefour des bris de vitre, une Djakarta renversée ou deux qui se sont “rentrées dedans” frontalement ?
A Séoul, je peux me risquer à dire qu’il y a dix ou vingt fois plus de voitures qu’à Bamako. Rien que parce ce qu’eux, ils en fabriquent, alors que… Eux, ils ont un système de mobilité urbaine ultra-élaboré. Et, j’allais oublier: la vie en ville s’apprend, mais pas sur le tas. C’est une éducation pour devenir une culture, un réflexe et aussi des règles, pas des exceptions. Les feux tricolores ne sont pas faits pour embellir les carrefours, le sens interdit et surtout, ses panneaux ne sont pas dédiés au collage d’affiches. C’est aussi vrai qu’on ne peut pas transférer le “bled” et ses pratiques en ville, et s’attendre à autre chose que la vie dans le bled. Il semble qu’il y a des attitudes, à l’image de mauvaises sauces, qui ont du mal à changer, même si on y ajoute du sel ou des épices d’Orient. A Séoul, j’ai eu une preuve supplémentaire que la circulation routière urbaine est un puissant révélateur de l’état de développement d’un pays, de la mentalité et même du futur de ses habitants ou de ses citoyens, selon que l’on soit dans un pays fâché avec le civisme et un autre qui s’est approprié les règles de la civilité fine. J’avais déjà la preuve du contraire dans ma vie quotidienne que je retrouve (avec plaisir quand même : Home Sweet Home), en me surprenant à rêver les yeux ouverts et à me dire : si mon pays et ses villes pouvaient changer de trajectoire !!!
DE L’ART DE L’HARMONIE ET DE LA SYNTHÈSE – En fait, en Corée, je suis sur une autre planète, celle où le développement n’a pas mangé les coutumes et la culture. Où on n’a pas sacrifié l’essentiel pour récolter des leurres, des promesses de bien-être toujours repoussées à plus tard sinon renvoyées aux calendes grecques. Où le développement, le progrès économique ne se sont pas réalisés au détriment du reste, les immeubles à la hauteur presque infinie et qui titillent les cieux n’ont pas écrasé les petites maisons traditionnelles. De la baie vitrée de ma chambre d’hôtel au 22ème étage, j’en vois l’illustration tous les matins ou durant mes nuits sans sommeil, décalage horaire oblige. Sous mes pieds, de petites bâtisses coincées les unes contre les autres, entrelacées mais fièrement debout entre deux blocs d’immeubles de verre et d’aciers. Le béton est certes là, présent, mais il n’est guère super conquérant, dominateur. Tout de cette ville respire la synthèse entre deux, l’extrême et le tout petit, le bon dosage des valeurs dites occidentales et le socle du terroir, le cocktail à la bonne température et la bonne teneur en douceur et en sucre, le potage ou la soupe de légumes savamment mis ensemble et mixés. Au restaurant, on vous offre des baguettes pour manger mais si vous demandez un couvert, disons occidental, vous l’aurez aussi. Le MacDo ou le Subway, avantars ou sous-produits de la culture culinaire américaine font face, s’ils ne sont pas contigus à des petits restaurants aussi proprets que nombreux. Ici, l’industrie de la nourriture et de l’alimentation a de beaux jours devant elle.
On apprend aussi, au fil de nos discussions, que le niveau de vie s’est grandement amélioré en Corée du Sud, (comme si cela ne se voyait pas) concomitamment à la croissance du nombre de citadins : 28 % de la population en 1961, 81,6 % en 2016. Sur les 50,5 millions de Sud-Coréens, la moitié, soit 25,6 millions, vit dans la mégapole de Séoul, dont 10,3 dans la capitale même.
Au début du voyage, nos discussions, à Washington et New York, avec des représentants du gouvernement américain, des groupes de réflexion, des organisations à but non lucratif et d’autres institutions nous en avaient donné un avant-goût. Destinés à nous faire mieux comprendre la position des États-Unis et de leurs partenaires, en matière de la politique étrangère, à l’égard de la République populaire et démocratique de Corée (RPDC), nos impressions, après nos échanges, aux Etats-Unis ont été confirmées. La Corée a plutôt mal en son unité. Le Nord et le Sud qui ne se reconnaissent pas comme Etat, réciproquement, se tournent le dos et restent divisés sur une frontière, certainement la plus fermée et la plus hermétique du monde.
RELIQUES DE LA GUERRE – La zone coréenne démilitarisée, abrégée en DMZ (de l’anglais demilitarized zone), créée le 27 juillet 1953 lors de la signature de l’armistice de P’anmunjŏm, est une étroite bande de terre servant de zone tampon entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. D’une longueur de 248 km pour environ 4 km de large située de part et d’autre de la frontière entre les deux pays, elle coupe la péninsule coréenne suivant approximativement le 38e parallèle qui formait la ligne de démarcation intercoréenne avant le conflit. Zone minée (on estime le nombre de mines à 1 million) et surveillée par 700 000 soldats nord-coréens et 410 000 soldats sud-coréens aidés par la 2e division d’infanterie des États-Unis, avec qui la Corée du Sud a signé un pacte de sécurité, c’est l’un des rares vestiges de la Guerre froide, équivalente à l’ancien Rideau de fer. La circulation des civils est également restreinte dans un no man’s land de plusieurs kilomètres de part et d’autre de la DMZ.
Panmunjom est le seul point de contact entre les deux Corées au sein de la DMZ qui coupe en deux la péninsule. C’est aussi le stigmate le plus manifeste d’une guerre (1950-1953) suspendue à un simple armistice.
Panmunjom n’est pas un « village », comme on l’écrit souvent : le hameau agricole qui se trouvait là et portait un autre nom a été rasé pendant les hostilités. Depuis, Panmunjom est un « lieu-dit » qui se réduit à l’aire de sécurité conjointe (Joint Security Aera, JSA) formant un cercle de 400 mètres de diamètre.
Au centre, se trouvent cinq baraquements, dont trois bleu ciel des Nations unies, à travers lesquels passe dans le sens de la largeur la ligne de démarcation, matérialisée au sol à l’extérieur par une barre de béton. De chaque côté, se font face les pavillons du Nord et du Sud.
Toutefois, deux convois ferroviaires — l’un parti du Nord et l’autre du Sud — ont franchi, pour la première fois, depuis cinquante-six ans, la zone coréenne démilitarisée le 17 mai 2007. L’aménagement de la zone industrielle de Kaesŏng était également vu comme un signe d’ouverture de cette frontière.
Le seul point de passage existant sur cette frontière est constitué par la Joint Security Area, placée sous contrôle de l’ONU. L’espace est couvert d’une épaisse forêt ponctuée de part et d’autre d’un chapelet continu de postes militaires particulièrement visible sur les photos aériennes. Il est truffé de souterrains, de batteries de canon, de kilomètres de barbelé, d’antennes et de miradors.
Envoyé spécial
Moussa DIARRA
Source: L’ Essor