Alors que les Maliens continuent de se questionner sur les auteurs de cet acte odieux et barbare, le gouvernement se livre à un jeu de chiffres et met mal à l’aise les proches des victimes.
Quel est le nombre exact des victimes de l’attaque de Sobanou? La question a fait oublier la gravité du drame et relève au grand jour l’incapacité du gouvernement à donner des simples chiffres exact d’une partie de son peuple sauvagement massacré par des gens dits ‘’armés et inconnus’’. Le gouvernement est en partie responsable de ce qui se passe tant au Nord qu’au Centre par son manque de responsabilité et son incompétence avéré pour gérer la crise. Les populations de ces deux zones géographiques se sentent abandonnées à la merci des pires prédateurs du mal. D’aucuns disent que le gouvernement lui-même est complice de cette tentative d’épuration ethnique au Centre à travers les représentants de l’Etat dans la zone ? Selon des témoins, les assaillants ont d’abord encerclé le hameau avant de lancer l’assaut, tous ceux ou celles qui ont voulu fuir ont été abattu. Toujours selon les mêmes témoins, certains ont été éventrés d’autres égorgés. En un mot, personne n’a été épargné, femmes, enfants et vieillards. Les greniers, les maisons ont été brûlés. Malgré cette horreur, nous sommes face à une guerre de chiffres et de nombres comme dans un jeu de somnambules ou les mots ne font que heurter. Ce jeu d‘enfants démontre la banalisation et la légèreté avec laquelle le pouvoir fait face à cet immense problème a dimension incontrôlable. Dans un premier temps et au premier jour, les chiffres faisaient état de 97 morts, au lendemain du drame, ça dégringole et les morts étaient dénombrés à 95 victimes. Chiffre confirmé par le communiqué du gouvernement et repris par les médias nationaux et internationaux. Trois jours après, un autre communiqué vient créer une situation bouleversante même si consolante car il réduit le nombre de victimes à 35 morts dont 24 enfants et 11 adultes. Un bilan repris par un autre communiqué officiel du gouvernement et le gouvernement confirme en affirmant que ce sont des chiffres donnés après des investigations minutieuses sur le lieu du drame. Les élus locaux contestent ces chiffres et maintiennent que 95 personnes ont été tuées. Le peuple se réveille bientôt. Rousseau dans ‘’Emile ou l’éducation ’’à propos de l’intelligence de l’enfant, préconisait de retarder le réveil de l’esprit de l’enfant et de tenir à lui dire les choses de façon concrète et réaliste. La vérité qui finira par triompher affirmait une autre sagesse africaine. Mais le gouvernement du Mali est habitué à jouer avec le feu.
Un Etat incapable
«Pouvons compter sur un tel Etat qui n’est pas en mesure de compter de donner avec exactitude le nombre de victimes alors que chaque année au moins 250 milliards de CFA se volatilisent dans la nature sans trace ni repère », marmonnait un citoyen hautement déçu de la gestion faite par le gouvernement de cette crise. Un Etat ou les problèmes s’accumulent et ou les solutions sont impossibles à trouver. Un Etat ou le peuple ne sait plus ce que demain lui réserve.
Le PM s’était rendu sur les lieux du drame, accompagnés par le ministre de la défense et d’autres personnalités clés de la sécurité et de la défense. Sur place, des témoins rapportent la désolation et le renforcement du dispositif de sécurité. Le médecin après la mort quoi ! De là, on se rend compte que l’Etat n’est au courant de rien ou est complice actif du malheur du peuple malien. Pourtant, Thomas Sankara prévenait que « malheur aux dirigeants qui bâillonnent leurs peuples ». Et les dirigeants actuels du Mali semblent être dans cette optique. En fait, le peuple est confronté à une double difficulté. La première est celle imposée de l’intérieur par les dirigeants : violation de leurs droits fondamentaux, corruption, népotisme, laxisme, inégalité, injustice… et l’autre est celle que les ennemis et comploteurs lui infligent : tueries en grande série et en parallèle, destruction de biens et matériels, viols, braquages etc. Au lieu de compatir à sa douleur, les dirigeants préfèrent un jeu de recréation car eux sont à l’abri de tous maux ou malheur venant d’ailleurs. La force parfaite de sécurité est celle qui est chargée d’assurer leur protection et celle de leur famille.
Boncane Maiga
LE POINT DU MALI