La situation socio-économique de la majorité des populations du Sahel est largement marquée par la pauvreté, l’analphabétisme, le faible taux de scolarisation, le chômage à grande échelle des jeunes (même diplômés). Les activités économiques sont à leur tour tributaires de la prédominance de l’informel au détriment du formel.
Cette situation a fortement compromis le développement du sentiment nationaliste (surtout chez les jeunes pourtant plus nombreux), exposant ainsi les populations, voire les Etats à la prédation des groupes et réseaux criminels.
Les conflits sociaux, tantôt exacerbés par l’impunité, viennent grossir ce lot. À titre d’illustration, de 2014 à 2016, les types de drogue saisis au Mali sont : la cocaïne, l’héroïne, l’off, le crack, le cannabis, l’amphétamine, le tramadol et l’éphédrine. 3 kg 614g de cocaïne ont été saisis en 2014 contre 5 kg 892g en 2015 et 435 g en 2016. C’est en 2014 que deux kilos d’héroïne sont tombés dans le filet des services spécialisés du Mali contre 12 kg d’amphétamine. En 2015, la quantité de « off » et de « crack » est évaluée respectivement à 358 g et 536 g. Quant au cannabis, on note la saisie de 4 tonnes 750kg en 2014, 4 tonnes 95 kg en 2015 et 3 tonnes 500 kg en 2016. Les trafiquants ont été sevrés de 34.140 gélules 500 plaquettes en 2014, 1.354 comprimés en 2015, 40 kg en 2016 de tramadol contre 1500 comprimés en 2014, 12 kg 320 comprimés en 2015, 500g en 2016 d’éphédrine.
En 2014, les services de sécurité ont arrêté 140 Maliens, 10 Nigérians, 07 Burkinabés, 02 Français, 10 Guinéens, 07 Sénégalais, 01 Mauritanien. L’année suivante, c’est-à-dire, en 2015, il a été mis hors d’état de nuire 147 Maliens, 05 Ghanéens, 12 Nigérians, 11 Burkinabés, 01 Mauritanien, 06 Ivoiriens, 01 Nigérien. Les chiffres provisoires pour 2016 faisaient ressortir l’arrestation de 11 Maliens, 09 Burkinabés, 05 Nigérians, 02 Ghanéens impliqués dans le trafic de drogue. Tant que la question des trafics en tout genre ne sera pas abordée et éradiquée, l’instabilité et l’insécurité régneront toujours sur la bande sahélo-saharienne. Les trafics inondent la zone d’argent. C’est cet argent sale qui nourrit les groupes divers, les autorités diverses et malheureusement, beaucoup de gens qui en ont besoin pour survivre. Tout le monde le sait, tout le monde se tait.
Sambou Sissoko
Le Démocrate