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Attentat dans une église: «Les chrétiens sont de plus en plus persécutés au Burkina Faso»

Dimanche 12 mai, un commando armé a pénétré dans une église pendant la messe et fait six morts au Burkina Faso. Pour Pierre Macqueron, de l’Aide à l’Église en Détresse, la montée des persécutions envers les chrétiens est préoccupante dans cette région instable.

Ce lundi matin, à 11h, à l’église paroissiale de Dablo, dans le nord du Burkina Faso, étaient célébrées les funérailles du père Siméon Yampa et de cinq fidèles catholiques.

La veille, une vingtaine d’hommes en armes avaient pénétré dans cette église et avaient ouvert le feu, pendant la célébration de la messe – une attaque terroriste contre un lieu de culte catholique, sans précédent au Burkina Faso, pays longtemps réputé plus calme que ses tumultueux voisins malien et nigérien. En ce dimanche du Bon Pasteur, la folie des hommes avait alors à nouveau frappé le Burkina Faso ; à la chaine tragique des évènements qui affectent ce pays s’ajoute ce nouvel épisode.

Depuis 2015, le Burkina Faso connait une flambée de violences qui n’épargne personne: hier, après avoir incendié l’église de Dablo, les terroristes ont ensuite semé la terreur dans la ville, s’attaquant à des commerces et pillant le centre de santé.

Pays à majorité musulmane, le Burkina Faso a porté en 2015 à la présidence de la République Roch Marc Christian Kaboré, un catholique. Il jouit traditionnellement d’une bonne entente entre communautés religieuses: les minorités chrétiennes (23,9 % de la population) et animistes (21,3 % de la population) ne souffrent pas de discrimination au quotidien, selon le Rapport 2018 sur la Liberté religieuse de l’Aide à l’Église en Détresse. Mais la tension monte et la peur saisit les gens, nous expliquent nos partenaires locaux.

Au Burkina Faso, l’Église est désormais persécutée.

Car, hier, c’est d’abord et avant tout l’église que les terroristes ont cherché à attaquer, et c’est le prêtre qu’ils ont souhaité abattre. Au Burkina Faso, les chrétiens, locaux ou étrangers, catholiques ou protestants, sont devenus une cible: en témoignent les multiples attaques, enlèvements, intimidations et menaces que ceux-ci subissent.

Après le meurtre du père César Fernandez, le 15 février, dans le sud du pays, près de la frontière avec le Togo, lors de l’attaque d’un poste douanier, et l’enlèvement du père Joel Yougbare, le 17 mars à la frontière du Mali, l’attaque du temple protestant de Silgadji, le 29 avril dernier et celle de l’église catholique de Dablo, le dimanche 12 mai, constituent des signes clairs: au Burkina Faso, l’Église est désormais persécutée.

N’oublions pas non plus les religieuses de la congrégation des Sœurs des Campagnes, obligées de fuir leur couvent, en janvier dernier, lorsque des hommes en armes ont pénétré dans leur dispensaire. Un cas parmi d’autres: dans certaines parties du territoire, les messes ne peuvent plus être célébrées ; des groupes djihadistes passent dans les villages et menacent les habitants pour qu’ils se convertissent à l’islam, entraînant la fermeture des communautés et des lieux de culte chrétiens, mais aussi des écoles et des centres de santé. Aux frontières du pays, mais aussi en sa capitale, Ouagadougou, les attentats se multiplient.

À la frontière du Niger et du Mali, le Burkina Faso est désormais confronté à l’action de divers groupes djihadistes. Des groupes armés, ultraviolents, qui prospèrent sur les tensions ethniques et dont l’action touche désormais tous les pays du Sahel, toute la bande sahelo-saharienne avec pour épicentre le Nigeria. L’objectif est, évidemment de déstabiliser le pays, un pays qui incarne, jusqu’à présent, la bonne entente entre les religions. Mais jusqu’à quand?

Face aux «divisions ethniques, linguistiques et tribales» que connaît l’Afrique, le pape François a appelé ce mois-ci à prier pour que l’Église soit ferment d’unité entre les peuples, signe d’espérance pour ce continent. Le Saint-Père a, en outre, tenu à remercier les religieuses, les prêtres, les laïcs et les missionnaires pour leur travail en faveur du dialogue et de la réconciliation. Un travail qu’ils sont bien trop nombreux à payer de leur vie.

L’Église locale se dit prête à payer le prix de sa fidélité au Christ.

Face à cet immense péril, le gouvernement burkinabé – qui a aussi participé à la création du G5 Sahel en 2014, avec la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Tchad – a décrété en décembre dernier l’état d’urgence dans plusieurs provinces du nord du pays. Mais est-ce bien suffisant face à cette internationale du crime djihadisé?

Face à cet immense péril, l’Église locale se dit prête à payer le prix de sa fidélité au Christ. Au service des chrétiens persécutés, l’Aide à l’Église en Détresse est témoin de son inébranlable espérance. Depuis onze ans, lors de la Nuit des Témoins, elle rend hommage aux martyrs de notre temps. Et ils sont toujours plus nombreux, ces témoins du Christ en Afrique sahelo-saharienne. Dès aujourd’hui, les Secrétaires généraux de la Conférence épiscopale régionale de l’Afrique de l’Ouest se réunissent à Ouagadougou, pour témoigner de son soutien fraternel. Et nous, qu’allons-nous faire?

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