Après trois semaines de congés annuels, votre journal est de retour. À l’entame, et avant tout propos, permettez-nous de vous renouveler nos chaleureux et sincères vœux de bonne et heureuse année. Puisse la nouvelle année apporter à chacun et à tous santé, bonheur et prospérité, et particulièrement à notre chère Nation, paix, cohésion et progrès à travers synergie, convergence et réconciliation des cœurs et des esprits ; entre Maliens et entre le Mali et ses partenaires.
En dépit des dissonances et des tragédies vécues, les dernières notes de 2019 incitent à l’espérance. Éternels idéalistes et optimistes que nous sommes, nous émettons l’espoir que les résolutions et recommandations du Dialogue national inclusif qui sont à la hauteur des enjeux et des défis ouvrent le chemin d’un sursaut et d’un renouveau et le viatique pour les attentes et les aspirations de notre grande nation.
Notre optimisme n’est ni indifférence ni insouciance, encore moins un déni de réalité. L’année qui s’achève a été Annus horribilis, une année horrible pour notre nation et notre peuple. Des joies nous en avons eu peu (uniquement en sport), des épreuves douloureuses et déchirantes nous en avons connu, des tragédies, des peines et des douleurs beaucoup plus nombreuses ont été de notre quotidien durant l’année qui vient de s’achever.
Ensemble, nous avons déploré et pleuré la mort de nos soldats dans les attaques ignobles et meurtrières contre notre armée nationale qui se reconstitue et ses alliés. Ensemble, nous avons été horripilés par les exécutions sommaires et massives d’innocentes victimes et le massacre de nos populations sans défense.
Des frustrations, il y en a eu ; des colères légitimes il faut en tenir compte. Celle qui s’est manifestée sur les routes mérite un suivi tout comme celle exprimée dans l’espace scolaire. On ne peut passer pour perte et profit l’angoisse de sœurs et de filles face à la montée de la violence conjugale qui devient de plus en plus meurtrière. Il en est de même des attentes légitimes de l’entité nationale face au statut de Kidal. L’impatience de la communauté internationale nous interpelle de même que la dégradation continue de la situation sécuritaire de notre pays.
Face à l’inacceptable, pour un Mali UN ET INDIVISIBLE, nous avons continué ensemble vainement d’implorer que nous viennent en aide des dieux autres plus cléments plus miséricordieux face à ceux-là qui nous narguent et nous méprisent. Parce que nous avons eu peut-être le tort d’avoir la naïveté de croire en l’humanité et en la solidarité internationale ? Le débat démocratique sur la gouvernance de même l’épineuse question de Kidal, de la mise en œuvre de l’Accord, de la restauration de l’intégralité territoriale tout comme de la présence des forces internationales dans notre pays doit inviter à plus de convergence par-delà les agendas. Nos divisions sur ces sujets doivent nous interpeller et nous inquiéter.
Dans un pays EN GUERRE fragilisé par le terrorisme, une insécurité pandémique et une crise financière lancinante, exiger plus de rigueur et de transparence afin d’arrêter l’hémorragie et la débauche corruptrice peut sembler une lapalissade. Pour autant, il sera de notre honneur de veiller non seulement à la présomption d’innocence, mais aussi à ce que le noble idéal ne soit pas dévoyé dans d’immondes impostures et clientélisme. La loi doit être la même pour tous, nul ne doit être au-dessus de la loi.
Ceux qui dénoncent ont-ils toujours tort ? Un moment fut où un inconsolable opposant ne cessait de mettre en garde le régime contre son autisme. La chape de plomb aujourd’hui légalisée pour tenir au silence les agitateurs et activistes si ce n’est en laisse (plusieurs ont déjà goûté à l’hospitalité du Lycée technique de Bamako-Coura) -tandis que d’autres sont retournés dans le sillage de l’Accord politique de gouvernance- est liberticide et génératrice de pensée unique. La démocratie ne se donne pas pour mission de dompter la liberté ni d’acheter le silence de ceux qui s’opposent.
Qui de ceux qui défendent l’indéfendable parmi lesquels certains nous catégorisent ? Sont-ils toujours de mauvaise foi ?
Appartenir à la Majorité n’est pas privilèges dus à une loge, insouciance jouissance pour services rendus. Être au service d’un projet va au-delà de l’affiche de plus en plus démagogique et déloyale tout comme, on l’a vu, tromper la bonne foi du Chef pour se parer de sa confiance est loin d’être une preuve de vertu, de sainteté de compétences ! Après six (6) ans aux commandes du grand Mali, il revient au Président IBK de faire la part, comme il aimait le dire, entre le vrai et l’ivraie, entre ceux qui servent le Mali et ceux qui se servent de lui et du Mali ; tous autour de lui n’étant et agissant pour le pas des ripoux.
Des patriotes qui pensent Mali et agissent Mali, il y en a et dans l’Opposition et dans la Majorité, dans les rangs des groupes armés et tous les membres du MNLA ne sont pas des traîtres à la Nation. Le Dialogue national inclusif nous offre une nouvelle fenêtre d’opportunités pour recoudre le tissu social. Ne ratons pas le tournant du sursaut et de la convergence, parce que la chance peut tourner et le monde se lasse d’être à nos côtés.
Faisons les bons choix pour 2020. Celui du tous ensemble pour le Mali, celui de la rigueur, de la persévérance, mais aussi celui de la vérité et de la transparence. Sans concession, mais aussi malice et sans mesquinerie ! Que ceux qui n’ont pas péché jettent la première pierre.
Pour notre piètre défense, au Quotidien des sans voix, nous confessons que durant l’année qui s’achève nous n’avons pas toujours été à la hauteur de votre estime, de votre respect, de votre fidélité et de vos attentes. Nos analyses et nos prises de position vous ont souvent déroutées.
Beaucoup, vous avez été à nous interpeller sur ancrage. À chacun et à tous nous avons répondu avec ces mots de De Harold «Kim» Philby : “Pour trahir, il faut d’abord appartenir.”
Notre ligne, comme tout journal qui se respecte, est et reste : «dire sans nuire, montrer sans choquer, témoigner sans agresser, dénoncer sans condamner ».
Info-Matin a été et restera, Inch’Allah, critique vis-à-vis des leaders de tous les bords, notamment de ceux qui nous dirigent. En effet, nous pensons, avec humilité et respect, que le Chef quel qu’il soit n’est pas, ne peut pas et ne doit pas être au-dessus des interpellations, de critiques, des conseils et de la vérité. Parce qu’on ne saurait construire et consolider une Nation forte sur du mensonge, l’incompétence, le vol, la corruption, le clientélisme, l’exclusion…
Pour l’année nouvelle, nous avons pris le parti de la vérité (quel que soit son goût pour certains) pour apporter notre modeste contribution de journaliste à la construction du Mali démocratique. Avec notre style, notre idéal et nos illusions, pour le Mali, un Mali à bâtir ensemble, dans l’unité, la fraternité et la sororité.
Puisse la nouvelle année être pour notre pays une année de paix, de concorde, de réconciliation et de progrès.
BONNE ET HEUREUSE ANNÉE À TOUS !
PAR BERTIN DAKOUO
Source : Info-Matin