Après le long silence qu’il s’est imposé par «honte politique», l’ancien ministre Dramane Dembélé, signe son retour sur la scène publique au détour d’un soutien à la Transition et d’un devoir d’y apporter sa contribution. En rencontrant la presse pour ce faire, le président de la plate-forme ARC – Mali ne tarissait pas de dithyrambes à l’endroit du régime militaire instauré avec le coup d’Etat du 20 août 2020.
Au-delà des ruptures de l’ordre constitutionnel et républicain, il y voit surtout un «mal nécessaire» pour rebondir des errements accumulés, après tant d’années de processus démocratique jalonné de faillites politiques. «Il faudra admettre que la République a flanché», soutient-il, en évoquant au passage des «échecs du processus politique, de la modernisation de l’armée, de la respectabilité de nos Institutions et de l’édification d’une société juste.. ». Toutes choses qui justifient, à ses yeux, les interférences successives de l’armée en tant que «gardien du pacte républicain» ainsi que les «parenthèses militaires» qu’il assimile à «de gros chahuts à la République sous-tendus par des réponses inappropriées aux attentes des populations.
Pour l’ancien candidat à la présidentielle, en définitive, il revient aux acteurs politiques de faire leur introspection en s’interrogeant sur les pratiques et errements ayant conduit à l’instabilité du processus démocratique. «C’est de notre devoir d’entretenir une culture républicaine pour éviter une faillite morale aux yeux du peuple. C’est seulement à ce prix que la tentation du pouvoir ne l’emportera pas sur le serment républicain des militaires», a-t-il scandé, en invitant la classe politique à la rédemption. En tant qu’acteur du 26 Mars 1991, l’ancien ministre Dembélé estime s’être acquitté de la sienne puisque sa religion est définitivement faite quant aux promesses non-tenues et rendez-vous ratés de cette révolution. Toutefois, la gêne qu’il en éprouve est assumée à la fois comme un nouveau souffle révolutionnaire et une nouvelle source de motivation dans l’accompagnement d’une transition qu’il crédite de tant de merveilles «dans la prise en charge des défis qui se présentent à la Nation». Il en veut pour argument la question sécuritaire au détour de laquelle les autorités actuelles, en plus de «désarmer les envies de partition et agression» du Mali, ont le mérite, à ses yeux, de réussir une impressionnante réhabilitation du sentiment patriotique. C’est dans le train des urgences stabilisatrice et patriotique que la plate-forme ARC – Mali revendique sa place et entend jouer sa partition au travers d’un écot et d’une caution aux réformes qui permettent de consolider la bonne cadence ainsi amorcée. Pourvu que celle-ci s’accommode d’une tolérance de la différence, de la liberté d’expression et de l’expression plurielle comme vecteurs d’enrichissement. Le retour de Dramane Dembelé sur la scène coïncide par ailleurs avec des questions brûlantes auxquelles l’interlocuteur de la presse ne s’est point soustrait devant le parterre de journalistes et de camarades politiques présents à l’hôtel Salam. Y figure notamment l’exploitation minière, son secteur de prédilection, qui vient de faire l’objet d’un audit dont les résultats et recommandations ne sont pas encore publics. L’ancien Directeur de la Géologie et des Mines espère néanmoins que sont prises certaines préoccupations sur lesquelles les hautes autorités en son temps avaient constamment alertées, à savoir : la diversification des partenaires, l’extension de l’exploitation aux minerais rares, la perception des dividendes du Mali en nature et l’exercice de son droit de préhension sur les sociétés, l’instauration d’une société de gestion du portefeuille minier en lieu et place d’une société minière, entre autres. Autant de suggestions restées lettre morte auprès des décideurs, à cause de la toute-puissance des multinationales qu’il a qualifié d’Etats dans l’Etat, a indiqué monsieur Dembelé. Au sujet de la révision constitutionnelle, le président de ARC – Mali admet les clivages qui entourent le projet mais le juge assez périssable pour que la République ne soit pas suspendue.
A KEÏTA