Au cours d’une rencontre avec les hommes de médias hier mercredi 27 juillet 2022, un membre du Comité stratégique du M5-RFP, Abdel Kader Maïga, a vigoureusement réagi aux demandes à la démission du Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga, par certains partis et groupements politiques. L’objectif de ces politiques, selon lui, c’est d’atteindre le président de la transition, le colonel Assimi Goïta.
Ces derniers temps, l’armée malienne enregistre d’énormes résultats contre les forces terroristes qui, en débandade, s’attaquent aux populations civiles et mènent des actions contre les camps de l’armée malienne.
Au cours de sa conférence, Abdel Kader Maïga s’est prononcé sur le sujet. Selon lui, cette insécurité n’est que la réaction des défaitistes. « La montée en puissance ne fait aucun doute, qu’on le veuille ou pas. Et cela, c’est le bilan de la rectification de la transition. Aujourd’hui, force est de constater que nos militaires ne fuient plus, que nos camps ne sont pas dévastés, que nos forces de l’ordre tiennent bon. Il faut les féliciter. Nos militaires sont psychologiquement, matériellement et physiquement armés. Ce qui doit nous satisfaire », a déclaré le président de la Coalition contre la partition du Mali. Il a également profité de l’occasion pour appeler les Maliens à ne pas s’adonner à des stigmatisations par rapport aux terroristes. La solution, pour lui, c’est que les populations doivent dénoncer les terroristes suspects.
Sur la demande de démission du Premier ministre
Des partis et groupements politiques ont appelé, le weekend dernier, à la démission du Premier ministre de la transition, Dr Choguel Kokalla Maïga. Ils lui reprochent d’avoir pris position en faveur de ‘’forces du changement’’ pour les élections à venir. A ce sujet, Abdel Kader Maïga affirme que ceux qui demandent le départ du Premier ministre sont ceux qui se sont opposés à sa nomination depuis le début. « Les Maliens ne sont pas dupes. Ceux qui demandent la démission du Premier ministre étaient là depuis 30 ans. S’ils avaient réussi, la transition n’allait pas voir le jour ; s’ils avaient réussi, le M5 n’allait pas voir le jour ; s’ils avaient réussi, Choguel Kokalla Maïga n’avait aucune chance de devenir Premier ministre », a déclaré le coordinateur régional de l’URD à Gao. Pour lui, c’est la défaite de l’Adema et consorts qui a conduit le Mali dans la suite qu’il traverse actuellement.
A en croire Abdel Kader Maïga, la question de neutralité est un leurre. « Qui peut être neutre dans la situation actuelle de notre pays ? Neutre par rapport à quoi ? », se pose-t-il la question.
Abattre Choguel pour atteindre Assimi
Le Premier ministre est considéré, de nos jours, comme le gilet pare-balle du président de la transition. Il croise toutes les attaques, surtout celles venant de la classe politique. Pour lui, l’objectif de ces politiques, c’est d’atteindre le président de la transition. « Ils veulent atteindre le Président Assimi Goïta et ils prétextent atteindre le premier ministre.
Celui qu’il faut affaiblir pour venir au pouvoir est Assimi. Il faut donc l’affaiblir à travers le Premier ministre qui est beaucoup politique », a-t-il dénoncé, avant d’appeler au bon sens des hommes politiques. « Qu’ils sachent raison garder. Les militaires étaient déçus des hommes politiques maliens », dit-il.
Selon Abdel Kader Maïga, si le Premier ministre démissionne, rien ne l’empêchera d’être candidat et de passer à la présidentielle à venir. « Il n’y a aucun homme politique au Mali aujourd’hui qui peut battre le docteur Choguel Kokalla Maïga s’il partait aux élections présidentielles. Ils ont intérêt à le laisser Premier ministre », prévient le président de la Coalition contre la partition du Mali.
Abdel Kader Maïga lance des pierres aussi dans le jardin de Moussa Mara. Selon le conférencier, le départ de ce dernier a fait plusieurs morts au Mali. « Quand ce monsieur est parti à Kidal le 17 mai 2014, c’est des administrateurs civils maliens qui ont été tués, égorgés. Est-ce qu’il a oublié cela ? Est-ce qu’il a une conscience pour nous parler de politique, essayer de nous donner des leçons, parler du départ d’un Premier ministre qui, en moins d’une année, a fait plus que 60% des Premiers ministres maliens réunis », a-t-il laissé entendre.
L’appel à la mobilisation des forces du changement
Concernant l’appel à la mobilisation des forces du changement pour la prise du pouvoir, Abdel Kader indique que ce n’est pas le Premier ministre qui organise les élections. Pour lui, le problème de ceux qui réclament la tête du Premier ministre « n’est pas la neutralité ; n’est pas le Premier ministre en tant que tant quel tel ; c’est juste qu’il faut y ait des postes pour manger, pour vivre ; il faut qu’il y ait quelqu’un comme président de la République où nous pouvons avoir encore les mêmes privilèges ».
Le comportent de ces hommes politiques doit, selon Abdel Kader Maïga, interpeller les Maliens. « Si jamais on se laisse manipuler par ces hommes et qu’ils aient la chance de revenir au pouvoir, ce serait une grosse perte pour le pays », prévient-il. Pour ce membre du M5, le Premier ministre a dit quelque chose de vrai, même si c’est interprété n’importe comment. « Il a tout fait, raison d’appeler à la mobilisation des forces du changement. Ce n’est pas un crime », précise M. Maïga, qui indique que le chef du gouvernement est l’aile politique des militaires. « Il n’a fait que son devoir de premier responsable des forces du changement. Il n’a pas qualifié les autres des forces du mal », affirme Abdel Kader Maïga.
Il faut préciser que le M5-RFP a vigoureusement répliqué aux appels à la démission du Premier ministre. Il prévoit aussi une conférence de presse cet après-midi à la Bourse du travail.
Boureima Guindo
Source: LE PAYS