Coup de pied dans la fourmilière ou règlement de comptes politiques ? Après Bakari Togola, le maire de Baguineda, le sous-préfet de Kati et leurs complices, le procureur du pôle économique et financier de Bamako va-t-il envoyer en prison l’édile de Bamako… pour une affaire qui remonte à 10 ans ? Interrogé déjà sur le même dossier, Adama Sangaré, le maire de Bamako a été placé hier en garde à vue.
En dessous, on évoque une conspiration politique à abattre celui qui a été la tête de la direction régionale de la campagne pour la réélection du président IBK, avec les succès qu’on sait. En effet, selon certaines indiscrétions, une délation, pardon dénonciation anonyme serait à la base de la première interpellation du Maire de Bamako. Toutes choses qui font dire à certains qu’il ne s’agit ni plus ni moins que d’une nouvelle tentative de lynchage orchestré par des adversaires politiques. Preuve supplémentaire pour eux. Hier, l’avocat de Adama Sangaré Me Nadia Myriame BIOÉLÉ n’a pu avoir accès et communiquer avec son client. Ce qui constitue une violation de ses droits constitutionnels : « la peine est personnelle. Nul ne peut être poursuivi, arrêté́ ou inculpé qu’en vertu d’une loi promulguée antérieurement aux faits qui lui sont reprochés. Tout prévenu est présumé́ innocent jusqu’à ce que sa culpabilité́ soit établie par la juridiction compétente. Le droit à la défense, y compris celui de se faire assister par l’avocat de son choix est garanti depuis l’enquête préliminaire » (Article 9 de la Constitution). La violation de cet article peut entrainer la nullité de la procédure.
Après son interpellation, il y a moins de deux mois, nous l’avions joint par nos soins, le maire nous avait affirmé, à cet effet qu’il était allé donner des informations « sur un dossier d’éclairage public du cinquantenaire entre le Palais et l’aéroport. C’était un dossier traité entre la mairie, une entreprise et l’EDM SA. Et les fonds étaient gérés par l’EDM ». Le Maire de Bamako avait-il réussi à rassurer les enquêteurs ? Apparemment non.
Puisqu’il a été interpellé hier lundi 21 octobre 2019 en début d’après-midi par le pôle économique et financier de Bamako qui lui a signifié son placement en garde à vue. Le Directeur de l’entreprise d’éclairage aussi a été placé en garde à vue dans les mêmes conditions.
Comme une trainée de poudre, l’information sur l’interpellation du Maire du District de Bamako, qui était sous les manteaux, depuis quelques jours, a très vite circulé sur les réseaux sociaux. Sa mise en accusation est relative à la gestion du fonds de l’éclairage public de Bamako. Il n’est pas encore mis sous mandat de dépôt, selon des sources judiciaires. Donc, il n’est pas encore inculpé et envoyé en prison. A cette phase de la procédure, les enquêteurs estiment qu’il y a des indices graves et concordants pour motiver sa culpabilité.
Qu’est-ce qu’on reproche au Maire du District ?
Il ne s’agit pas d’une affaire de spéculation foncière ni d’une affaire impliquant sa gestion de la caisse de la mairie centrale. M. Adama SANGARE, est convoqué et placé en garde à vue au sujet de l’affaire dite de l’éclairage public du cinquantenaire avec EDM-SA. Une affaire qui date de près de 10 ans. Dans l’exécution de ce projet, les missions de vérification notent un détournement de plus de 400 millions de francs CFA.
Toutefois selon de sources judiciaires, le placement en garde à vue du maire du District de Bamako, Adama Sangaré, fait suite à un rapport du Vérificateur Général, relativement à un contrat d’éclairage public lors des festivités du cinquantenaire de l’indépendance du Mali.
Il lui est reproché plus de 400.000.000 FCFA d’irrégularités. Il s’agirait d’un paiement intégral du prix avant réception. Selon les mêmes Adama Sangaré sera présenté demain mardi 22 octobre à un magistrat, qui pourra décerner ou non mandat de dépôt contre lui.
Rappelons que pendant la Transition, le même Adama Sangaré avait été suspendu, révoqué de son poste de maire, emprisonné suite à des dénonciations anonymes puis blanchi par la suite avant de retrouver son poste de maire de Bamako.
Affaire à suivre donc.
Par Sikou Bah