Suite au mandat d’arrêt international émis par Interpol à la demande de la justice malienne contre Karim Keita, fils du Président déchu IBK, dans l’affaire de disparition de notre confrère Birama Touré, depuis janvier 2016, Me Kassim Tapo, ancien ministre et ancien bâtonnier, qui s’est constitué avocat du principal accusé, plaide l’innocence de son client. Il en donne les raisons sur le plateau d’Africable télévision.
« Mon client est injustement mis en cause dans cette affaire. Je suggère au juge en charge du dossier d’envoyer une Commission surérogatoire pour aller l’entendre à Abidjan », tranche Me Kassim Tapo qui se présente comme un ami de l’ex famille présidentielle sur le plateau d’Africable.
« Je suis un ami de la famille de Karim Keïta que j’ai accepté de défendre, qui, de mon point de vue, est injustement mis en cause dans cette affaire », défend cet imminent avocat réputé pour sa bonne maîtrise des textes juridiques et procédures judiciaires.
Selon Me Tapo, son client, Karim Keïta, « est un innocent, issu d’une famille qui n’a pas d’ascendance criminelle. « On ne devient pas assassin comme ça, sans faire de criminologie. Il y a qu’à même de la prédestination ou il y a des origines qui prédestinent à cela. Mais, Karim Keïta n’est pas de cette souche-là », explique l’avocat de l’ancien député de Commune II.
Me Tapo de rappeler : pendant qu’on accusait son client d’avoir ordonné la disparition du journaliste Birama Touré, au même on accusait IBK, son père, d’avoir ordonné l’enlèvement de l’imam Kontao. Et de réitérer que ce même journal qui accuse Karim Keïta avait également accusé IBK d’avoir enlevé Soumaïla Cissé, puis le livré aux terroristes que le signal de son téléphone a été repéré dans la résidence de Sébénicoro.
« Dieu merci ! Soumaïla Cissé a été retrouvé dans des conditions qui blanchissaient totalement le Président IBK. Imaginé s’il n’avait pas été retrouvé et libéré avec l’otage français Sophie Pétronin, on aurait dit qu’on l’a exhumé d’un puis à Sébénicoro près de chef IBK », ironise l’avocat de Karim Keita.
Pour lui, aucune crédibilité n’est à accorder à des accusations pareilles disant que « Karim aurait participé à l’enlèvement, à la séquestration avec la sécurité d’Etat de ce journaliste qu’il ne connait pas, qu’il n’a jamais vu et qu’il n’a jamais rencontré, n’avait aucune raison d’ordonner des actes pareils ».
Me Kassoum Tapo dit avoir été remettre sa lettre de constitution d’avocat de Karim Keita au juge d’instruction pour s’informer du contenu du dossier. Cependant, précise-t-il, le juge aurait refusé parce qu’il estime qu’il n’a pas encore inculpé Karim Keïta, mais qu’il veut simplement l’entendre.
« Mais de mon point de vue, dès lors que vous lancez un mandat d’arrêt contre quelqu’un, il est mis en examen », souligné Me Tapo, qui cite les articles 114 et 115 du Code de procédure pénale qui disent : « Le mandat d’arrêt est l’ordre donné à la force publique de rechercher l’inculpé et de le conduire à la Maison d’arrêt indiquée, où il sera détenu » et « Le mandat indique la nature de l’inculpation et les textes de lois applicables ».
Alors, au regard de l’esprit de ces deux articles, l’avocat de Karim Keïta a indiqué que dès lors qu’un mandat est délivré par le Procureur, cela veut dire que l’accusé est inculpé. Par conséquent, justifie-t-il, « l’inculpé soit là ou pas, ces conseils ont droit à son dossier parce que le juge est en charge et en décharge du dossier ».
Par ailleurs, dit Me Tapo, l’avocat a le droit de demander au juge de faire des actes parce que c’est lui qui apporte des éléments qui disculpent son client.
« Mais, si je n’ai pas accès au dossier, comment je vais le faire ? », s’interroge Me Tapo qui estime qu’il a une conception différente de la procédure napoléonienne qui lui dit : « Le juge n’a pas inculpé Karim Keïta, mais il veut seulement l’entendre ».
Voilà pourquoi, il dit suggérer au Juge d’instruction d’envoyer une Commission surérogatoire ou se déplacer avec le Procureur à Abidjan pour aller entendre Karim Keïta.
Toujours sur la défense du fils de l’ancien président de la République, Me Kassoum Tapo affirme qu’il ne conseille pas son client de rentrer au pays. « Il n’a pas quitté le pays à cause de cette affaire-là. Aujourd’hui, qui peut garantir la sécurité de Karim Keïta ? », se demande l’ancien bâtonnier.
Pour lui, le contexte dans lequel tout cela s’est passé n’est pas favorable pour que son client vienne répondre devant la justice malienne dans une affaire, où aucune preuve ne corrobore objectivement sa participation.
Pour rappel, à la demande du Procureur du Tribunal de grande instance de la Commune IV du District de Bamako, Interpol a émis la semaine dernière « un notice-rouge » relatif à un mandat international contre le fils de l’ancien Président de la République, Karim Keïta, en exil à Abidjan, depuis la chute du pouvoir de son père, le 18 août 2020.
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