« On s’attendrait à voir via les documents d’audit des lieux de remise de fonds. Il faut quand même qu’on nous démontre qu’il y a eu des réunions. Et on nous parle des réunions nocturnes et secrètes, mais quand ? Avec qui ? Et selon quel témoignage elles ont été faites ? », s’interroge Me Éric Moutet, avocat du DG du PMU-Mali, ajoutant ceci : « Où est-ce que ces sorties et décaissements d’argent du PMU dont on reproche à mon client se sont exprimés ? ». Selon Me Éric Moutet, le PMU Mali est une organisation qui dispose des organes dont il est absolument impossible d’échapper à leur contrôle.
Suite à la lecture du dossier et des questions posées, Me Moutet dit s’apercevoir que les policiers, eux-mêmes, nagent dans l’inconnu le plus absolu. « Ce sont des répétitions de ce qu’on a bien voulu leur écrire. Ces policiers sont bien embarrassés pour avoir des éléments de preuves », a-t-il dit. On reproche à Vital Diop d’avoir communiqué des fonds à monsieur Ras Bath pour organiser une espèce de ces bazars médiatiques. Vital Diop n’a, selon son avocat, jamais rencontré Ras Bath. On lui reproche d’avoir également remis des fonds à certains individus et organisations dans des lieux qui ne sont pas également expliqués dans les documents. « Nous défendons des personnes qui sont privées de liberté. Aujourd’hui, on nous impose une enquête qu’on ne nous communique pas. Il n’existe pas d’éléments de preuves, un trouble à l’ordre public qu’on n’évoque n’existe quasiment pas dans le dossier », laisse entendre l’avocat de Vital Diop. De dossiers judiciaires, ajoute-t-il, on glisse vers l’immatériel. Il y a, aujourd’hui, un jeu d’ombre dans cette affaire qu’il nous faudra décrypter et démontrer pour savoir pourquoi en est-on arrivé-là, explique l’avocat du DG de PMU-Mali.
Pour Me Abdourahamane Touré, le secrétaire général de la présidence de la République, Sékou Traoré, non moins magistrat bénéficiaire du rang de ministre aussi cité dans l’affaire, est connu pour être un homme de très grande rigueur, en ce qui concerne son travail, et très loyal dans le service. « Vous ne trouverez un seul homme dans l’administration publique qui vous dira que Sékou soit capable de faire ce qu’ils sont en train de lui reprocher », confie-t-il. Vu l’arrestation extrajudiciaire de l’intéressé, Me Touré estime que l’indépendance de la justice est en danger, dans la mesure où les magistrats peuvent ainsi se faire enlever dans un pays comme le nôtre, malgré le statut qu’on leur a donné. Le problème dans ce dossier est, selon lui, le fait qu’on bafoue les statuts protecteurs des acteurs de la justice. « La garantie de protection statutaire des magistrats a été touchée, cela ne doit pas rester impuni, parce qu’il s’agit des magistrats qui ne sont pas n’importe qui », affirme l’avocat de Sékou Traoré et de Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath. Me Touré va plus loin : « Le lien entre Sékou et Boubou est le fait que Sékou a une position administrative centrale au niveau de la présidence. Par le passé, il a travaillé avec Boubou. Donc si Boubou a une ambition présidentielle, Sékou peut, selon l’imagination des autorités transitoires, influencer les choses à sa faveur. Voilà les imaginations sur la base desquelles Sékou se trouve impliqué dans cette affaire ». Le magistrat Sekou Traoré est, selon ses avocats, irréprochable sur le plan professionnel. Ce que nous souhaitons, insiste Me Touré, c’est de laver l’honneur et la dignité de Sékou Traoré dans cette affaire, de même que les autres qui sont détenus sur la base des indices qui ne sont ni graves ni concordants. A en croire les avocats, les détenus accusés « d’atteinte de la déstabilisation des institutions » sont privés de « libertés sur des simples affirmations, pas d’éléments de preuves, pas d’aveux, pas de pièces à conviction, que des questions ».
Selon Me Touré, ses deux clients : Ras Bath et le magistrat Sékou Traoré ne se connaissent pas. « Je suis l’avocat des deux, Sékou et Ras Bath ne se sont jamais vus. Il n’y a pas de preuve dans cette affaire, qu’on nous les amène s’il y en a. Il n’y a absolument rien comme élément de preuve », dit-il.
Par sa voix, les conférenciers annoncent vouloir que justice soit rendue à leurs clients. Ils plaident pour que les personnes arrêtées soient relaxées de cette poursuite qui « n’a aucun fondement ni légal ni objectif ».
De son côté, Me Kassim Tapo souligne qu’il « n’y a aucune preuve contre Boubou ». Boubou Cissé s’est caché, parce que ceux qui sont partis lui chercher chez lui pouvaient l’agresser s’il se trouvait dans son domicile, déclare l’ancien ministre de la Justice.
Mamadou Diarra
Source: Journal Le Pays- Mali