Le chroniqueur Mohamed Youssouf BATHILY a été reconnu ce mardi 11 juillet 2023 non coupable de « simulation d’infraction » pour avoir déclaré que l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye MAÏGA (SBM) avait été assassiné en détention. Mais l’inculpé reste en détention en raison du mandat du juge d’instruction.
« Libérez Ras Bath », « Vive Ras Bath », scandaient des centaines de militants du Collectif pour la défense de la république (CDR) mobilisés ce jour devant le tribunal de grande instance de la commune IV du District de Bamako à l’occasion du délibéré du procès contre leur mentor, le chroniqueur et activiste, Mohamed Youssouf BATHILY poursuivi pour « simulation d’infraction » et «Association de malfaiteurs ».
En effet, sur la tribune de la 3e conférence nationale de l’ASMA-CFP, le parti de feu Soumeylou Boubèye MAÏGA, il avait déclaré que l’ancien Premier ministre mort en détention avait été « assassiné », « tué ». Une déclaration qui lui a valu des ennuis avec la justice, à travers la plainte du procureur de la commune IV pour « simulation d’infraction » dans un premier temps, puis «Association de malfaiteurs ».
Incarcéré depuis mars 2023, si le procureur avait requis trois ans de prison ferme contre l’inculpé, le tribunal a décidé de le relaxer. Ainsi, la plainte du procureur n’était pas fondée en droit, commentent plusieurs observateurs.
Toutefois, il reste en prison où il y a été conduit à cause du mandat du juge d’instruction.
« Mais très vite, je vais demander une mise en liberté provisoire au nouveau juge d’instruction. Ras Bath n’est pas libre parce qu’il est sous le mandat du juge d’instruction qui a été mité. En demandant cette liberté provisoire, peut-être en même temps nous allons lui adresser une correspondance de non-lieu parce que le dossier est vide », a indiqué son avocat, Me Kassoum TAPO, tout en saluant le juge d’avoir dit le droit.
Si pour Me TAPO la décision lui donne raison, aussi pour les centaines de militants du CDR, dont Ras Bath est le leader, c’est en soi une victoire puisqu’elle blanchit l’inculpé des fausses accusations du procureur.
« Dans cette affaire, ils veulent tenter de faire taire Ras Bath sinon ils n’ont pas de preuve contre lui. C’est pourquoi, nous avons toujours dit que c’est un procès politique », dénonce un militant du CDR qui ne cache pas sa joie devant la décision de justice, même si son souhait était qu’il rentrait avec Ras Bath à la maison.
« Je suis très satisfait de la justice malienne pour avoir dit la vérité dans cette affaire. Nous allons célébrer cette victoire avec modestie parce que notre guide reste toujours détenu », a-t-il indiqué.
Persuadé de la justesse du combat de Mohamed Youssouf BATHILY, sa libération n’est qu’une question de temps, a-t-il indiqué.
Outre la « simulation d’infraction », le procureur avait également durci les charges contre le chroniqueur pour notamment «association de malfaiteurs », « atteinte au crédit de l’État », « crime à caractère racial et religieux ». Pour l’avocat TAPO, son client ne peut être mis en cause pour chacune de ces infractions.
« C’est un règlement de compte d’une personne. Il ne sera soutenu dans cette affaire par aucun juge », a affirmé Kassoum TAPO.
« Depuis ces nouvelles charges ont été ajoutées au dossier, nous n’avons pas entendu des poursuites contre d’autres personnes. Parce que nous estimons qu’une seule personne ne peut pas constituer une association de malfaiteurs », a également commenté un membre du CDR.
Dans la même affaire, Ras Bath a contre-attaqué. En effet, depuis son lieu de détention, il a porté plainte contre Idrissa Hamidou TOURE, le procureur de la commune IV pour « forfaiture, arrestation illégale, séquestration ».
Dans un courrier datant du 31 mai 2023 dans lequel il charge M. TOURE d’avoir « servi de sa fonction de procureur pour m’arrêter de façon illégale, pour une infraction que je n’ai pas commise, ce qui rend mon arrestation illégale et transforme ma détention en séquestration ».
Selon le chroniqueur, ces faits sont prévus et réprimés par l’article 237 du Code Pénal.
Il a indiqué que les différentes poursuites illégales exercées par le Procureur TOURÉ contre lui ont pour unique objet de l’intimider et constituent de véritables menaces contre sa personne.
« J’ai des craintes légitimes de voir porter atteinte à mon intégrité physique par le Procureur TOURE, irascible et particulièrement belliqueux, qui a déjà écopé d’une suspension de 3 mois pour avoir menacé de mort avec arme à feu un de ses collègues », a déclaré Ras Bath.
PAR SIKOU BAH
Source : Info Matin