Rien ne va plus entre l’entreprise française IDEMIA et les autorités maliennes. IDEMIA refuse de mettre à disposition le mot de passe de la base de données du Ravec arguant avoir un impayé de 5 milliards F CFA avec l’Etat du Mali. Ce refus de l’entreprise, « leader mondial des technologies d’identité », présidée par Pierre Barrial, selon le porte parole du gouvernement, fait partie des raisons du report de la présidentielle de février prochain.
Pour Abdoulaye Maiga, l’Etat du Mali n’est pas prêt à payer 5 milliards FCFA à la « suite d’un audit du contrat qui aurait révélé 15 irrégularités ».
Plusieurs questionnements taraudent les esprits des maliens. Ils veulent savoir pourquoi les autorités ont attendu ce moment pour demander le mot de passe à IDEMIA étant donné qu’ils avaient toutes les possibilités de le faire depuis des mois voir des années ? Que cache cette accusation du ministre/porte parole du gouvernement ? Est-ce pour nous maintenir dans une situation de blocage et se donner bonne presse au sein de l’opinion ? La stratégie de communication du ministre n’a-t-elle pas produit l’effet recherché?. Puisque dans les rues de Bamako, beaucoup s’accordent à dire que « si c’est la France qui a bloqué le fichier, ils sont d’accord avec le report de l’élection présidentielle ». La fibre patriotique est passée par là.
Pourtant cette question de « contrat illégal » avait été soulevée par le Mouvement Maliko, qui estime que l’histoire leur donne raison. Le Mouvement avait dénoncé le contrat « obscure » passé entre l’entreprise française et l’ancien régime. Toute chose qui a avait poussé le mouvement à introduire une plainte contre l’entreprise française.
En son temps, nous n’avons entendu aucun soutien venant des autorités de Transition, en faveur du combat mené par Maliko. Aujourd’hui, dos au mur, voilà que les mêmes autorités reviennent sur ce qu’avait dénoncé Maliko dans la passation de ce contrat.
IDEMIA est également un fournisseur pour les agences gouvernementales américaines, offrant des services de vérification d’identité et d’enrôlement à plus de deux douzaines d’États. L’entreprise est le principal fournisseur de permis de conduire, choisi par 36 États, soit 70 % des permis de conduire délivrés aux Etats-Unis.
Géant de la sécurité numérique, il travaille pour 600 organisations gouvernementales, 2300 entreprises et s’impose comme un leader mondial de son secteur.
Il est né de la fusion entre Oberthur et Morpho.
Hamidou B. Touré