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26 mars 2015 : Devoir de mémoire pour sortir de la crise !

26 mars 1991- 26 mars 2015. Demain, jeudi 26 mars 2015, cela fait 24 ans que le Mali a connu son printemps… arabe ! Cette révolution sanglante, qui a fait vaciller  la dictature du général Moussa Traoré, à la suite d’une insurrection populaire sauvagement réprimée par la soldatesque du timonier. Un mardi noir de triste mémoire qui a enregistré des centaines de morts, dont des jeunes, des femmes et des enfants fauchés par des balles assassines de la garde prétorienne de celui que certains n’ont pas hésité à qualifier de  » boucher de Bamako « . A ces nombreux martyrs, la patrie sera éternellement reconnaissante !

ancien president malien general moussa traore

En effet, le président Moussa Traoré et l’Union démocratique du peuple malien (UDPM), le parti unique et constitutionnel, dominaient la vie politique du Mali, alors aux prises avec de graves difficultés économiques. À la fin des années 80, le mouvement de contestation contre le régime autoritaire en place s’accentue. Attisées par la situation économique désastreuse, les sécheresses endéet les aspirations démocratiques des Maliens, des grèves étudiantes et syndicales secouent le pays. La répression est brutale, créant un climat délétère qui incite les militaires à renverser le Général, dans la nuit du 25 au 26 mars 1991. Le Lieutenant Colonel  Amadou Toumani Touré et le Comité transitoire pour le salut du peuple (CTSP) dissolvent l’UDPM et mettent un civil, Soumana Sako, à la tête du gouvernement. La transition va se poursuivre malgré un coup d’État raté, le 15 juillet 1991, qui mène, entre autres, à l’arrestation du ministre de l’Intérieur. Tel que promis, des élections législatives sont tenues en 1992. Au terme du deuxième tour, le 8 mars, l’Alliance pour la démocratie du Mali (ADEMA) arrive en tête avec 76 des 116 sièges en jeu. Le 26 avril, le candidat de l’ADEMA, Alpha Oumar Konaré, remporte le second tour de la présidentielle devant Tiéoulé Mamadou Konaté de l’Union soudanaise-Rassemblement démocratique africain (US-RDA). La participation aux législatives, comme à la présidentielle, est cependant faible peut-être parce que la première fois depuis 1960 voter n’est plus obligatoire. Le processus fait l’objet de critiques. La démocratie malienne se consolidera néanmoins sous Konaré, qui sera réélu pour un second mandat en 1997

Celui-ci remettra le témoin au  » soldat de la démocratie « , ATT, en juin 2002 pour l’enracinement du régime démocratique malien. La énième survenance de la crise sécuritaire dans le septentrion du pays sera le fallacieux prétexte d’une horde de jeunes sous-officiers et militaires de rang, conduits par le capitaine Amadou Haya Sanogo de perpétrer, le 22 mars 2012, le coup d’Etat le plus abject de l’histoire du monde. ATT étant à deux mois de son départ définitif du palais de Koulouba. Ce qui va précipiter le pays dans la plus grave crise qu’il ait jamais connue, plus d’un demi-siècle après son indépendance. Avec une collusion entre séparatistes et jihadistes de tous acabits venus pour la plupart de la poudrière libyenne désintégrée par l’Occident, le Mali sombre  au fond de l’abîme. Les trois quarts du territoire sont occupés avec à la manœuvre un gouvernement transitoire affaibli, conduit par Pr Dioncounda Traoré. L’altruisme et le patriotisme de celui qui avait des chances réelles de gagner la présidentielle avortée de 2012 permettront d’aboutir à un accord de sauvetage à Ouagadougou (grâce à l’engagement de Tiébilé Dramé) pour sceller le retour à l’ordre constitutionnel normal. IBK, qui est plébiscité à l’issue de la présidentielle de 2013 par le peuple malien, peine toujours à trouver le bout du tunnel pour une sortie définitive de la crise dans le Nord. La solidarité internationale extraordinaire, dont le Mali continue de bénéficier tout le long de cette difficile étape de son histoire, n’est pas encore parvenue à faire tourner cette page sombre ouverte en 2012.

C’est pourquoi, en regardant dans le rétroviseur de l’histoire commune, il sied de s’insurger contre cette tendance criminelle de remettre en cause les acquis démocratiques face aux difficultés inhérentes à l’évolution de toute nation. La situation de ni paix ni guerre qui prévaut aujourd’hui dans les régions septentrionales ne doivent aucunement distraire les Maliens. Les forces vives du pays, pouvoirs publics, partis politiques, organisations de la société civile doivent au contraire en tirer toutes les conséquences pour jouer de toutes leurs influences et sauver l’unité de la nation. En cela, nul ne doit point perdre de vue ce témoignage du président ATT, sur l’ORTM, à la veille de la célébration du 26 mars 2010 :

« Dans l’armée, il y a une hiérarchie, des valeurs, je suis là pour témoigner, et pas pour donner une leçon de coup d’Etat. Alors, nous avons instauré cette conférence nationale, pour l’ouverture démocratique, instaurer le multipartisme

Notre pays a fait du chemin. La démocratie s’est installée et le pouvoir, quand il a fallu le rendre, nous l’avons rendu« . Avant de se prononcer sur ses rapports avec le président  Konaré :  » Nous avons de très bons rapports lui et moi, nous nous voyons quant l’occasion nous est donnée et je le consulte même pour certaines questions« . Et le général ? Idem, rétorque ATT, « Je ne l’évite pas mais j’ai aussi de bons rapports avec lui« .

Comme pour dire aux gouvernants que le Mali demeure le patrimoine de tous. Et nul ne pourra le bâtir, dans cette phase de réconciliation des cœurs et des esprits, en excluant son successeur ou son prédécesseur. C’est cela le devoir de mémoire pour une sortie rapide de la crise. Rappelons que la cérémonie commémorative de ce 26 mars 2015 sera marquée par un dépôt de gerbe de fleurs par le président de la République au pied du monument des martyrs. Sans oublier les manifestations diverses comme des conférence-débats et des meetings par des organisations politiques.     

Bruno D.SEGBEDJI

 

Source: L’Indépendant

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