Le 22 mars, une date importante dans l’histoire politique de notre pays. Elle est la commémoration de deux grands évènements : le début de la véritable révolte pour la démocratie, en 1991, et la chute de celle-ci, en 2012.
Entrée dans une phase particulièrement active depuis janvier, la révolte populaire contre le régime de Moussa Traoré connut, deux mois plus tard, une ampleur sans précédent, le 22 mars 1991. Ce jour, le peuple va toucher le comble de l’horreur. A l’Immeuble «Sahel Vert», de jeunes manifestants qui y avaient trouvé refuge seront brûlés vifs par les forces de l’ordre à la botte du dictateur. Le général dictateur venait de tenir la promesse de descendre l’enfer sur la tête de son peuple qu’il avait faite à la mi-journée. D’où les monuments consacrés aux Martyrs, au cimetière de Niaréla. Quelques heures après cette hécatombe, alors que les larmes coulaient encore, l’Untm décrétait une grève illimitée jusqu’à la satisfaction de leur seule véritable revendication : la démission de Moussa Traoré et de son gouvernement. Les femmes, malédictions à la bouche, ne demeureront pas en reste, et se déclarèrent résolues à mourir derrière leurs enfants. La grève illimitée et le pouvoir du pagne eurent raison de l’entêtement du général. Le 26 mars 1991, Moussa Traoré est renversé par un coup d’Etat militaire, qui par la suite met en place un Comité de transition pour le salut du peuple (Ctsp) avec Amadou Toumani Touré à sa tête. Il y avait chez les Maliens à cette période une forte volonté de changement. Le peuple aspirait à la liberté et revendiquait le multipartisme ; ils voulaient, peu importe le prix, se libérer du joug de 23 ans de dictature. Cette révolution a donné naissance à la démocratie.
22 ans après ce soulèvement populaire qui a abouti à la chute du général Moussa Traoré, le Mali aura soufflé le chaud et le froid. La rébellion déclenchée le 17 janvier 2012 a aggravé cette situation.
L’annonce du coup d’Etat militaire dans la nuit du 21 au 22 mars 2012 contre le régime d’Amadou Toumani Touré plonge les Maliens dans l’incompréhension totale. Alors qu’ATT préparait la présidentielle et comptait poursuivre l’alternance au sommet en ne se représentant pas à sa propre succession. C’est le grand bond du Mali en arrière, tous les acquis démocratiques tombent soudainement à l’eau. Et met fin à un long processus démocratique. Le pays perd aussitôt son statut, tant envié, de chouchou des grandes puissances. Ce fut le coup d’Etat de trop. Désolé et impuissant, l’actuel président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, alors candidat à l’élection présidentielle, publie un communiqué pour condamner le coup d’État, qualifié de «coup d’arrêt à notre projet commun de changement pour un développement démocratique, auquel le peuple malien adhère dans son écrasante majorité.»
Les Maliens se doivent encore d’évaluer le chemin parcouru et de le corriger. On se doit de faire en sorte que cette démocratie, soit une vraie référence.
Rokia DIABATE