Depuis un certain temps, les éleveurs maliens font l’objet d’agressions en Côte d’Ivoire lors des transhumances des animaux. Au jour d’aujourd’hui, plus de 243 bœufs ont été abattus par les populations et 245 têtes ont disparu dans la savane ivoirienne.
Face à cette situation, les éleveurs ont décidé de monter le ton, en dénonçant cette situation qu’ils jugent très dangereuse pour le secteur de l’élevage. Selon eux, pendant la saison sèche au Mali, des éleveurs maliens vont en Côte d’Ivoire et en Guinée afin de nourrir leurs animaux, compte tenu de la bonne végétation dont disposent ces deux pays frontaliers. Malheureusement, ces transhumants sont victimes de nombreuses agressions, au cours desquelles ils perdent les meilleurs animaux de leurs troupeaux.
Sur le territoire ivoirien, c’est dans la région du Nord, plus précisément dans la localité d’Odienné que les agressions sont de plus en plus fréquentes. En seulement quelques jours, les éleveurs maliens en transhumance en terre ivoirienne ont enregistré plus de 171 bœufs abattus dans les villages de Ninguinkoro, Djandjiguila, Guinso, Djerilla et 72 à Kaniasso. Au total, ce sont plus 245 têtes qui ont disparu dans la savane ivoirienne.
Au cours de cette transhumance, les éleveurs sont agressés par les populations de ces localités avec des armes de fabrication artisanale. Celles-ci abattent les animaux dans la plus grande impunité, sous l’œil impuissant des autorités.
Selon une victime du nom de Massiré Niagadou, «l’abattage des animaux a toujours existé dans ces deux pays. Mais, cette année, la situation a empiré. Dès que les populations aperçoivent les transhumants, elles nous somment de payer une amende pour avoir franchi leur territoire. Pire, elles tirent sur les animaux, provoquant la panique au sein des troupeaux. La viande des animaux abattus est récupérée afin de la vendre sur le marché des localités environnantes. Si une solution n’est pas vite trouvée, le secteur de l’élevage va connaitre une grande perte dans les années à venir».
En exprimant son impuissance face à cette situation, un éleveur nous a déclaré «la situation qui nous arrive est la faute de nos autorités. Il n’existe aucune zone de pâturage sur toute l’étendue du territoire malien. A cela s’ajoute le racket des agents des eaux et forêts maliens lorsqu’ils voient les éleveurs dans certaines zones».
En qui concerne le territoire mauritanien, plus 203 bœufs y ont été volés et seulement 129 restitués. Tandis qu’en Guinée, le nombre de bœufs volés n’a pas encore été déterminé. Le Président de l’Association des éleveurs de Niamana, Boubou Cissé, a lancé un appel aux plus hautes autorités pour résoudre définitivement les difficultés que rencontrent les bergers maliens en transhumance dans les pays frontaliers.
Il a invité l’Etat malien à trouver une solution, grâce si possible la tenue d’une rencontre avec les autorités de Côte d’Ivoire, de Guinée et de Mauritanie, afin que le reste des animaux encore dans la nature soit retrouvé.
Bandiougou Diabaté