Vingt-six personnes ont été tuées vendredi dans une attaque contre leur village de la région de Mopti, dans le centre du Mali, dont les auteurs n’ont pas été clairement identifiés, a-t-on appris samedi auprès d’une association peule et de deux responsables locaux.
Les habitants de ce village, Binedama, appartiennent principalement à la communauté peule, a précisé à l’AFP Aly Barry, un responsable de Tabital Pulaaku, principale association peule du Mali.
Les assaillants ont «abattu 26 personnes, dont une femme et des enfants», a indiqué M. Barry, affirmant qu’il s’agissait de militaires maliens arrivés à bord de dizaines de véhicules.
Ce bilan a été confirmé par deux responsables locaux, soulignant que le village a été incendié et que son chef faisait partie des tués.
Un de ces deux responsables, travaillant à l’administration à Koro, principale localité du secteur, à proximité de la frontière avec le Burkina Faso, a fait état de «26 morts, dont 2 femmes et une fille de 9 ans».
Un élu local a pour sa part précisé que les assaillants étaient «habillés en tenue de l’armée malienne».
Sollicité par l’AFP, le ministre de la Défense, le général Ibrahima Dahirou Dembélé a déclaré ne pouvoir à ce stade «rien confirmer ni infirmer».
«On a l’information, la semaine prochaine on doit envoyer les enquêteurs de l’Inspection générale des Armées pour les investigations», a-t-il indiqué.
En avril, la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) avait annoncé avoir dénombré 101 exécutions extrajudiciaires commises par l’armée malienne entre janvier et mars.
La Minusma soulignait que la majorité des violations des droits humains imputées à l’armée et faisant «l’objet d’enquêtes par les autorités maliennes» s’étaient produites dans le centre du pays.
Le centre du Mali est pris dans un tourbillon de violences depuis l’apparition en 2015 dans cette région d’un groupe djihadiste dirigé par le prédicateur peul Amadou Koufa, qui a largement recruté au sein de sa communauté.
Les affrontements se sont ensuite multipliés et intensifiés entre les Peuls, majoritairement éleveurs, et les ethnies Bambara et Dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture, qui ont créé leurs «groupes d’autodéfense», notamment en s’appuyant sur les sociétés de chasseurs traditionnels «dozos».
Quelque 500 civils ont été tués et des centaines d’autres blessés dans le centre du Mali en 2019, «l’année la plus meurtrière pour les civils depuis le début de la crise politique et militaire dans ce pays en 2012», a indiqué dans un rapport en février l’ONG Human Rights Watch (HRW).