Au Mali, le demi siècle d’indépendance a été marqué par des remous politiques divers, dont les plus récurrents ont été les revendications indépendantistes dans le nord du pays, d’abord calmées par la force, puis par des solutions politiques.
Comme dans bien d’autres pays, l’histoire politique du Mali est jalonnée de révoltes vis-à-vis de l’État central, que sous-tendent des velléités indépendantistes. Selon l’écrivain et chercheur Ismaïla Samba Traoré, parler de velléités indépendantistes dans le contexte malien fait penser aux récurrentes rebellions dans le nord. Même si, poursuit-il, il y a eu à Ouelessebougou en 1968, la révolte d’une communauté contre les représentants du parti unique, l’Union soudanaise – Rassemblement démocratique africain (US-RDA), qui a été réprimée. Et le village de Sakoïba (près de Ségou), a été rayé de la carte quand les « gens y ont pris les armes contre l’État ».
Contre-vérités Pour Naffet Keïta, professeur de sciences sociales, la recrudescence des rebellions dans le septentrion « apparaît indiscutablement comme l’une des constances majeures de la vie politique malienne depuis le milieu des années 50, dans ce qui était alors le Soudan français ». De fait, la question touarègue s’enracine, en 1957, dans la création de l’Organisation commune des régions sahariennes (OCRS). Les velléités indépendantistes entretenues par la France, et incarnées par Mohamed Mahmoud Ould Cheick, dit le « Cadi », comme l’a rappelé l’universitaire allemand Baz Lecocq à la conférence « Frontières et indépendance en Afrique », ont été mises en échec par le chef de la tribu Touareg des KelAnsar, Mohamed El Mehdi ag Attaher, alors Amenokal de Tombouctou. Ce qui fait dire à beaucoup de cadres Touareg que les travaux de Baz Lecocq sont une contre-analyse à l’idée reçue selon laquelle cette communauté aurait toujours manifesté des velléités indépendantistes.
Recrudescence En 1963, éclatait la première rébellion qui a placé le nord sous tutelle militaire jusqu’en 1990, date à laquelle le conflit reprend. Ce fut également le cas en 2006, puis début 2012, avec la rébellion menée par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Aujourd’hui, tous les regards sont tournés vers le centre du pays avec la création, fin juin, de l’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peule et la restauration de la justice (ANSIPRJ), et celle, à Bamako, d’une coordination des mouvements peuls dirigée par l’ancien président de l’Assemblée nationale, Ali Nouhoum Diallo, qui met en garde contre le fait que les « groupes armés peuls peuvent très rapidement développer des thèses indépendantistes dans le centre du Mali ».
Source: journaldumali