Pour répondre aux exigences de qualité indispensable pour la fiabilité et la crédibilité du sang, l’actuel directeur général du Centre national de transfusion sanguine (CNTS), Dr Amadou B Diarra, a y entrepris un vaste chantier de réformes. L’objectif, c’est d’assurer la sécurité de la transfusion sanguine, en prélude à sa prochaine accréditation à la Société africaine de transfusion sanguine.
Le Malien est de natureréfractaire au changement. Mais dans un monde de plus en plus exigent pour la qualité, faut-il sacrifier les intérêts du service au profit de ceuxindividuels ? Face à ce dilemme, le nouveau directeur général du CNTS a opté pour la démarche qualité. Car, il est convaincu que l’amélioration de la sécurité transfusionnelle par la disponibilité des produits sanguins sécurisés pour la population malienne est aujourd’hui une nécessité. C’est tout le sens des réformes en cours au CNTS. Elles concernent l’organisation du service, la formation, la mise en place de procédures de bonnes pratiques transfusionnelles. La réalisation de cet objectif stratégique sera le cheval de batail pour 2020 de l’équipe dirigeante du CNTS, surtout qu’elle est engagée dans le processus d’accréditation de la Société africaine de transfusion sanguine.
Les réformes portent déjà fruits
Déjà, l’organisation du service a commencé par la production de notes de service rappelant au personnel certains articles du code de travail relatifs aux horaires de travail, les absences et retards non justifiés. L’application stricte de ces mesures est sous la responsabilité des chefs de département. De plus, la direction a procédé au changement d’un chef de département dont le comportement contribuait à fragiliser l’autorité dans le service.En ce qui concerne les activités de promotion du don de sang, la direction a instruit au département Promotion de renforcer les activités de collecte mobile en respectant les calendriers préétablis, et de composer des équipes mobiles par mois. Les résultats de ces mesures sont visibles. Car, elles ont permis de relever le stock en produits sanguins du CNTS.
Concernant le laboratoire de qualification biologique des dons, les dispositions prises également pour maintenir les automates architectes en marche et de faire suivre par les techniciens. Cela a déjà permis de qualifier un maximum de poches pouvant être validées et distribuées aux établissements sanitaires. Toutes ces mesures ont surtout permis de renforcer les stocks des banques de sang deshôpitaux et les CSRéf pour pallier la pénurie de sang dans une période de haute transmission de paludisme chez les enfants.
Autre succès des réformes en cours, c’est que le département distribution des Produits Sanguins Labiles travaille aujourd’hui en permanence pour la production des produits diversifiés qui sont : les Concentrés de Globules Rouges, le plasma frais congelé et les concentrés de plaquettes. En réalité, leurs activités sont constantes. Ce qui leur permet de valider, conserver et de distribuer afin de satisfaire les besoins des usagers. Sans oublier que la mise en place d’un système de gestion et du suivi des stocks de produits sanguins et des réactifs a permis de suivre l’évolution des stocks et d’être proactif. Ce qui fait que les réflexions sont en cours au CNTS pour l’extension des examens de sécurité immuno-hématologique à l’ensemble des structures de soins en 2020. Dans un premier temps à Bamako et secondairement dans les autres régions. En clair, au CNTS, c’est désormais la gestion axée sur les résultats (la GARE). Car, la direction du CNTS a instauré une méthode de suivi et d’évaluation des activités, en instruisant aux chefs de département la transmission des rapports d’activités de façon mensuelle.
Bien évidemment, ces changements ont suscité des remous de la part de certains agents qui sont prêts à donner des fausses informations. Cela ne déviera pas l’actuelle équipe dirigeante de ces réformes dont le seul but est la sécurité transfusionnelle.
55 000 poches de sang collectées en 2018
Avec toutes ces réformes envisagées au CNTS, nous avons joint au téléphone le directeur général pour qu’il nous explique le processus de la collecte de sang. D’après lui, les besoins sont exprimés sous forme de bon aux patients, adressés au CNTS par les médecins. C’est muni de ce document que le demandeur de sang se rend au CNTS pour s’approvisionner. Parallèlement à cela, il a expliqué que les dépôts de sang sont décentralisés dans les hôpitaux et les CSRéf. Pour lescliniques et les cabinetsde soin, il a indiqué que ces derniers viennent s’approvisionner à la banque de sang. Selon lui, l’approvisionnement se fait tous les jours pour les hôpitaux où ils déposent les poches de sang. Pour les CSRéf, il a expliqué que c’est trois fois dans la semaine :lundi, mardi et vendredi. « Comme il n’y a pas assez de donneurs de sang, nous procédons par compensation avec les donneurs familiaux de compensation. Ces derniers représentent 65% et les donneurs volontaires 35% », a-t-il déclaré. Il a annoncé qu’en 2018, le CNTS a collecté 55 000 poches à Bamako.
Il a aussi profité de notre micro pour relever les difficultés du processus de distribution : « Quand les poches sont prélevées, on réalise les tests sur les sangs collectés, le VIH, l’Hépatite B, l’Hépatite C et la syphilis. En plus, on détermine le groupe sanguin. Après analyse, des poches sont jetées parce qu’ils sont HB positive ou HBS positive. Ce qui fait que parfois, il est difficile de satisfaire toutes les demandes. Le CNTS s’efforce de donner une poche par jour à tous les malades ayant exprimé le besoin. Il y a aussi des problèmes liés au groupe, notamment les groupes O. Certains moment, il y a beaucoup de demandes de groupe O alors qu’au même moment, parmi les sangs prélevés, il se trouve qu’il n’y a pas de groupe O. Où il se trouve que parmi les O prélevés, on a détecté des maladies. Ce qui explique souvent des périodes de tension ». Qu’à cela ne tienne, a-t-il soutenu, le CNTS parvient toujours à satisfaire les malades.
Expliquant le processus, il a affirmé :Quand le donneur arrive, on prend d’abord ses renseignements, son nom, l’âge où il habite et ensuite il est examiné pour savoir s’il est apte à donner son sang. Il est soumis à un questionnaire pour vérifier ses antécédents. Ensuite, il passe pour le prélèvement pour faire les différents examens et les poches validées sont gardées aux chambres froides. On ne peut même pas se permettre que les poches se périment parce qu’on n’arrive pas à satisfaire toutes les demandes. On est aussi obligé d’avoir un stock de sécurité permanemment à notre disposition, pour qu’en cas de catastrophe qu’on soit en mesure de satisfaire la demande », a-t-il conclu.
Youssouf Diallo
La Lettre du Peuple