L’utilisation abusive des antibiotiques sur les animaux pour augmenter leur productivité crée des bactéries résistantes susceptibles de se transmettre à l’homme. La situation est déjà source de plusieurs maladies l’être humain le rendant résistible contre certains médicaments. Pour engager le combat contre cette pratique, l’Association des consommateurs du Mali (ASCOMA) à la faveur de la Journée mondiale de la consommation a organisé, hier jeudi, à la Maison de partenariat, Angers-Bamako, un panel pour interpeller l’ensemble des acteurs sur le danger de cette situation.
C’est le Directeur national du commerce et de la concurrence (DNCC), Modibo KEITA, représentant le ministre du Commerce, qui a ouvert les travaux de la journée en présence de la présidente de l’ASCOMA, Mme COULIBALY Salimata DIARRA. On y notait la présence du représentant de l’ONG Water Aid, Mamadou DIALLO ; du le Directeur général de l’Agence malienne de normalisation et la promotion de la qualité, Yaya NIAFO.
L’audience, outre ces personnalités, était composée des acteurs du mouvement de consommation au Mali, des représentants des l’Ordres des pharmaciens, des vétérinaires, des médecins, de journalistes qui ont partagé et échangé sur le thème central retenu pour cette journée : « La problématique de l’utilisation des antibiotiques dans la viande et la volaille ».
Pour introduire les échanges, la présidente de l’ASCOMA a rappelé l’intérêt et l’importance de la commémoration de cette journée qui rentre dans le cadre du respect des droits de la consommation. Elle a expliqué que la journée était une occasion pour interpeller les autorités, les décideurs sur un certain nombre de pratiques, en vue de préserver le bien-être des consommateurs.
Pour cette édition, elle a indiqué que l’attention de l’ASCOMA a été focalisée sur la problématique de l’utilisation abusive des antibiotiques dans l’agriculture et dans l’élevage qui a de conséquences sérieuses sur la santé des consommateurs, de façon générale. Cette situation, au nom du palmarès de la science, est en train, à petit feu, de causer et de tuer des populations, a décrié la présidente de l’ASCOMA, selon qui la résistance aux antibiotiques représente une crise mondiale de santé publique.
Engagée dans ce combat avec plus de 70 associations de par le monde, la présidente de l’ASCOMA, face à l’ampleur de la situation, a saisi cette opportunité pour faire une série de plaidoyers à l’ensemble des acteurs concernés par la situation.
Ainsi, elle a vivement interpellé les grandes entreprises de fastfood à s’engager au respect de certaines normes de consommation avec des échéances claires en vue de mettre fin à l’utilisation systématique des antibiotiques classés importants pour la médecine humaine par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Au plan national, l’ASCOMA a invité l’ensemble des acteurs à unir leurs efforts pour un contrôle efficace des viandes importées et même celles produites chez nous avant d’appeler à la prise de conscience collective de nos producteurs et éleveurs et les départements en charge de ces secteurs pour bannir la consommation abusive des antibiotiques dans les productions.
Et pour l’alternative, elle a exhorté les acteurs à se retourner vers la promotion des produits bio en vue d’inverser la tendance de corollaires de cette situation.
Le représentant du ministre de Commerce pense également que la surutilisation des antibiotiques dans la viande et dans la volaille est une sérieuse menace pour la santé des consommateurs en raison de la résistance des germes bactériologiques et qui peuvent se transmettre à l’homme.
Selon l’OMS, 50 % des antibiotiques fabriqués à l’échelle mondiale sont utilisés en Agriculture.
Ces interventions ont été suivies de deux exposés sur le thème de la rencontre qui ont été animés par des experts et spécialistes de la santé du Mali. De leur présentation, il ressort que cette pratique a plusieurs conséquences pour notre santé, puisqu’à l’origine de nombreux cas de maladies. Pire, l’utilisation de viande et volaille issue de la pratique rend l’organisme de l’être humain résistant à certains médicaments. La preuve, il y a 70 % de Maliens, dont les corps résistent à l’amoxicilline, prescrite contre plusieurs maladies.
Des statistiques officielles indiquent que d’ici à 2050, plus 4 millions d’Africains pourraient perdre la vie à cause de cette pratique.
Par Sikou BAH
Source: info-matin