Un influent imam malien, des partis d’opposition et un mouvement de la société civile ont noué une alliance inédite qui a appelé samedi à manifester la semaine prochaine pour réclamer la démission d’Ibrahim Boubacar Keita de la présidence de ce pays en guerre.
“Face à la situation dramatique que vit notre pays”, les membres de cette alliance “ont convenu de créer les conditions d’une grande mobilisation pour le sursaut national face à la gouvernance chaotique et prédatrice” qui fait peser sur le pays le “risque de partition”, disent-ils dans une déclaration remise à la presse à Bamako.Cet attelage nouveau est constitué d’un mouvement ayant à sa tête l’imam Mahmoud Dicko, du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) qui regroupe des partis d’opposition dont le principal d’entre eux, et d’Espoir Mali Koura (EMK), un mouvement de la société civile dirigé par le cinéaste connu et ancien ministre de la Culture Cheick Oumar Sissoko.Mahmoud Dicko, éminente figure religieuse et tenant d’un islam rigoriste, fut autrefois proche du président Keita. Entré en politique ces derniers mois, il est un critique vigoureux du pouvoir.L’alliance dénonce la gestion par le pouvoir de la dégradation sécuritaire et des affaires économiques et sociales, ainsi que l’organisation des récentes législatives. Elle appelle à manifester le 5 juin pour réclamer le départ du président et du gouvernement.”Nous voulons une rupture avec le système politique actuel. Nous voulons une autre gouvernance au Mali”, a dit à la presse, Issa Kaou N’Djim, un proche de l’imam Dicko.La faculté de mobilisation de cette alliance politico-religieuse est encore peu claire.Le Mali est en proie depuis 2012 à une profonde crise multiforme, sécuritaire, politique, économique. Les insurrections indépendantistes et maintenant jihadistes menées par les groupes liés à Al-Qaïda et à l’organisation Etat islamique, ainsi que les violences intercommunautaires ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés. Parties du nord du Mali, les violences se sont propagées au centre du pays, puis au Burkina Faso et au Niger voisins.Elles se doublent de toutes sortes de trafics.De vastes pans du territoire échappent à l’autorité de l’Etat.
AFD