Grace à cette performance exceptionnelle ayant abouti aux titres de « Champions d’Afrique et Vice-Champions du Monde », la génération « dorée » composée entre autres de Mamadou Fofana, Aly Mallé, Sidiki Maïga, Sékou Koïta, Amadou Haïdara et Abdoul Karim Danté est entrée à jamais dans l’histoire du football.
De Samuel Diarra à Sékou Koïta en passant par Maïga et Danté, voici une occasion de faire revivre cette campagne et les progrès de cette jeune équipe du Mali qui a atteint en 2015 la finale de la Coupe du monde U17 de la FIFA au Chili.
« Tout d’abord on a découvert à Toulouse notre groupe composé de la Belgique, du Honduras et de l’Equateur. Nous avions notre mot à dire avec la possibilité de se qualifier au tour suivant, même si ces équipes n’étaient pas à prendre à la légère », se rappelle l’entraîneur Baye Bâ.
« On a peaufiné à Toulouse notre préparation au centre d’hébergement Marens. Pour cette étape de Toulouse de trois semaines, nous avons affûté nos armes pour la conquête du trophée mondiale », poursuit l’entraîneur adjoint Gueladio Nango.
« On mettait à profit les jours sans matches pour visiter les sites touristiques. Le site des anciens révolutionnaires a beaucoup impressionné notre délégation. Comme les sites, un Sénégalais rencontré arborant le drapeau Malien nous a également impressionnés. Bonne ambiance avec tout le monde y compris le chef de la délégation, le délégué fédéral et surtout notre Guide local. C’était une bonne coordination », a-t-il ajouté.
« Le début fut difficile, notamment le voyage pour Toulouse en vue de la préparation. Notre stage a été ponctué par une victoire (4-1) le mercredi 23 septembre devant une formation toulousaine et le nul (1-1) face aux U-17 de Bordeaux. Je n’oublie pas les nombreux soutiens comme les paires de crampons de Fréderic Oumar Kanouté à Toulouse. Ensuite on a mis le cap sur Cuba. Dans le pays de Fidèle Castro, le ministre des Sports de l’époque, Housseini Amion Guindo a négocié deux semaines de préparation pour l’acclimatation », confie l’entraîneur adjoint malien.
Le vestiaire, l’autre force du groupe
Côté vestiaire de l’équipe, c’était l’intimité. Baye Bâ et son adjoint Gualadio Nango, avaient une certaine expérience des sélections, mais celui-là sera toujours différent des autres car il est celui de la place des vice-champions du monde. Les compétiteurs, le staff technique et médical, avaient ce truc en eux, cette exigence du résultat.
« Le noyau dur était là. On ne se lève pas un matin en déclarant : « Je vais être leader. « On naît leader. Ensuite, ça se développe, ça se cultive au quotidien, mais à condition d’avoir cette disposition au départ », clame un membre du staff technique.
Selon Baye Bâ, un autre élément important est que le groupe de la CAN n’a pas été chamboulé. « Par exemple, j’associais deux joueurs et souvent ils n’étaient alignés qu’une seule fois et pouvaient à chaque instant jouer ensemble », indique-t-il.
A l’en croire, ils étaient quelques uns à en avoir la certitude, mais rien n’a jamais transpiré. « C’était l’avantage de ce groupe : les mecs étaient réglo, l’intérêt collectif primait sur le reste », se souvent encore l’entraîneur qui depuis deux saisons travaille au sein de la Fédération de football de Mauritanie.
« c’est un peu ce que je reproche au football d’aujourd’hui. Au moindre petit problème, c’est la cacophonie : tout le monde s’exprime, et souvent pour dire n’importe quoi. On a le droit de ne pas être d’accord à l’intérieur d’une équipe. Mais de tout déballer sur la place publique comme on l’a fait ailleurs, non. »
Souvent, Baye et Gualadio ne s’accordaient pas sur certains points, notamment sur des choix pour les matches, mais les deux pouvaient se retrouver à parler durant des heures et les discussions pouvaient être assez dures parfois.
Si on considère qu’il est du devoir d’un sélectionneur de communiquer fréquemment avec son groupe, alors Baye était sur la bonne voie. De la préparation à Bamako jusqu’à Toulouse, de Cuba jusqu’à Talca, Baye échangeait et avec tout le monde. Les joueurs répartis selon leur compartiment à deux par chambre comme le capitaine Danté avec Amadou Haïdara, Boubacar Traoré avec Aly Mallé ou encore Sékou Koïta avec Ismaël Traoré sans oublier le staff technique et médical, très impliqué.
Baye Bâ, le maître du jeu …
« L’entraîneur sait le chemin. On croit en lui et ses directives », Sékou Koïta s’était montré confiant envers Baye Bâ, au lendemain de la qualification en huitièmes de finale. Sur son nom, l’entraîneur Baye avait fait le consensus auprès de ses joueurs.
Il a eu comme mérite de fédérer son groupe autour d’un objectif commun. Passés par les clubs locaux comme l’AS Onze-Créateurs, le Stade Malien ou l’AS Bakaridjan, les joueurs étaient issus de clubs de Ligue2, évoluant avec la réserve de leur club comme Sékou Koïta de l’ USC Kita, le capitaine Abdoul Karim Danté et Boubacar Traoré de la Jeanne d’Arc, Aly Mallé des Black Stars, Sidiki Maïga de l’AS Réal, Siaka Bakayoko du Djoliba, mais avec le talent nécessaire pour marquer les esprits. Et au final, les choix de l’entraîneur se sont révélés payants.
Bâ est devenu le premier technicien local à remporter un titre continental avec une sélection malienne grâce au titre de Coupe d’Afrique des Nations des moins de 17 ans 2015 au Niger, offrant la même année au Mali la 2e place en Coupe du monde de la même catégorie au Chili.
« Baye Bâ et ses jeunes ont été sérieux. Quand les jeunes montrent autant d’engagement, de détermination et de patriotisme sur les terrains en Afrique et dans le monde, on fera tout pour aider cette génération», a souligné l’ex-président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta, aussitôt après la finale perdue.
« Là je le dis très clairement. Baye et ses jeunes ont été sérieux mais c’est la loi du football. Nous pensons que l’encadrement tirera les leçons », a-t-il poursuivi.
Champions d’Afrique et vice-champions du monde, les Aiglonnets son entrés dans l’histoire du football malien et africain en 2015. Les poulains de Baye Bâ ont écrit la première d’une nouvelle légende pour le football malien.
Au Chili, ils ont fait honneur au continent et à leur pays. En finale perdue contre le Nigeria, Abdoul Karim Danté qui a fêté ses 17 ans le jour même et ses coéquipiers, se sont montrés à la hauteur du challenge. Le Mali a disputé 7 matches pour 5 victoires, 1 nul et une défaite. Meilleure défense avec 4 buts encaissés contre 12 marqués.
En finale, le duo de la défense axiale Danté-Fofana a tenu et maîtrisé l’attaque nigériane, poussant les futurs champions du monde jusque dans leurs derniers retranchements.
Contre l’Honduras Danté a inscrit le deuxième but, avant de rater la demi-finale suite à un carton rouge. La défense malienne à l’image de Mamadou Sangaré, ou Zoumana Simpara, a fait les frais de la débauche d’énergie, jouant en fonction du rythme imposé par l’adversaire. Une défense peut-être sous le coup de la fatigue…
Dans les cages, Samuel Diarra d’une parade a sauvé les Maliens d’un second but en demi-finale. En finale, et dès l’entame du match, il a repoussé un penalty. Une performance qui lui a permis d’être élu meilleur gardien (Gants d’or).
Alou Traoré était l’un des premiers de cette campagne couplée CAN-Mondial. Titulaire lors de la Coupe d’Afrique des Nations, la doublure de Samuel au Chili n’a rien perdu de son talent, comme il l’a prouvé avec de superbes prestations lors des séances d’entrainement et avec lui Drissa Kouyaté le 3e gardien. Discret et travailleur, Kouyaté est resté fidèle dans son rôle de suppléant.
Les étapes cruciales du parcours
Au cours du dernier match de la phase de poules contre le Honduras le 24 octobre, le Mali avait besoin d’une victoire pour se qualifier en huitièmes de finale. Conscients de cela, les Aiglonnets maliens dès la 8e minute par l’entremise d’Amadou Haïdara ouvrent le score. Servi par Moussa Diakité, sa frappe sèche du milieu de terrain ne laisse aucune chance au portier adverse. Comme ce but, le tandem Moussa Diakité-Amadou Haïdara dans l’entrejeu du Mali a été apprécié. « C’est un duo que je qualifie d’incontournable qui a séduit plus d’un. Ils étaient très utiles dans le dispositif de l’entraîneur Baye Bâ »,souligne un consultant sportif.
Récupérateur dans l’ombre, Moussa Diakité tenait ses adversaires. Relanceur, Amadou Haïdara jouait et se trouvait toujours au bon endroit pour lancer l’assaut. Il était l’homme à tout faire aux côtés de Haïdara et Sidiki Maïga. Avec Sékou Koïta, un visage flamboyant de la sélection malienne a été découvert. En effet, auteur de l’unique but inscrit à la 20e minute contre la Croatie le 1er novembre en quarts de finale, Koïta a également offert 3 passes décisives en autant de matches ainsi qu’un second but, contre la Belgique en demi-finale.
Mais plus que ces statistiques, ses qualités de meneur d’hommes ont beaucoup pesé dans le parcours au Chili. « C’était le match le plus compliqué. On s’attendait aux prolongations et à la séance des tirs au but contre la Croatie. Nous avons pu négocier le match », a déclaré Sékou Koïta. Il est avec Aly Mallé, les joueurs qui frappent à la porte des Aigles. Et contrairement à ce dernier qui était de la cuvée des U23 en Egypte, Amadou Haïdara étaient l’un de ceux retenus pour la campagne en Coupe d’Afrique des Nations Total Egypte 2019.
Auteur de 3 buts en sept matches, Sidiki Maïga a impressionné les observateurs dont le Groupe Technique de la Fifa qui l’a présenté comme « un joueur pas comme les autres par son génie créateur ».
C’est lors du huitième de finale contre la Corée du Sud que le Mali a montré ses intentions de faire un parcours glorieux. Une domination dans cette rencontre concrétisée par un doublé de Maïga.
Ses combinaisons avec ses partenaires et complices comme Boubacar Traoré, Sékou Koïta ou encore Amadou Haïdara, lui permettent d’inscrire le second but de la demi-finale face à la Belgique. Il est devenu dès le coup de sifflet final de la rencontre, le chouchou des fans du stade La Portada.
Amis dans la vie, Boubacar Traoré et Aly Mallé partageaient la même chambre d’hôtel. Les deux attaquants étaient ravis de l’ambiance. Contre le Honduras, « il m’a permis de marquer notre troisième but », commente Aly. Le premier peu bavard a montré le chemin de la finale en égalisant contre les Belges en demi-finale.
« Je ne perdais pas de temps, mais en réalité notre complémentarité nous a soudés, nous étions comme une grande famille», confie au micro de CAFOnline.com, l’attaquant d’Udinese, Aly Mallé.
Avec ses dribbles et sa lucidité, il permettait aux autres dont Boubacar Traoré son associé, d’avoir des opportunités de buts. Aly a été élu 3e meilleur joueur (Ballon de Bronze) du tournoi.
« Je me suis préparé à jouer tous les matches. Mon séjour au Chili s’est passé comme je l’avais rêvé», a confié le milieu défensif Mamadou Sangaré. Il a rempli son contrat de coéquipier modèle. Après la Coupe d’Afrique, il a reçu une médaille d’argent.
Le profil de Dramane Simpara, lui a permis d’intégrer le 4-4-3 choisi par Baye Bâ pour débuter le Mondial. A ce titre, il a mis ses partenaires dans les meilleures conditions.
Ecarté par Baye Bâ pour le premier match de la Coupe du monde face à la Belgique, Mohamed Haïdara était titulaire en quarts de finale contre la Croatie. Le héros de l’équipe dans les éliminatoires, a démontré un engagement sans faille dans le travail collectif et a contribué à la solidité dans la ligne médiane lors du quart contre la Croatie et la demie face à la Belgique lorsqu’il est entré en jeu.
Et puis dans cette aventure de 2015, il y a ces joueurs que le grand public a découvert.
Ismaël Traoré remplaçant. Mohamed Haïdara, héros de la qualification à la Coupe d’Afrique avec son désormais célèbre tir à distance, et le milieu Sory Kéïta, qui a impressionné sur son côté droit contre la Croatie en quarts de finale alors qu’il n’a disputé que les dix dernières minutes (entré à la 84e plus le temps additionnel).
Ainsi, du stade Estadio Fiscal de Talca à Vina Del Mar en passant par la Serena sans oublier La Portada, et Chillan, les autres remplaçants comme le défenseur Ismaël Traoré, les milieux Sory Ibrahim Keita, Dramane Simpara, Bourama Diallo, Zoumana Simpara ou les attaquants Mohamed Haïdara ou encore Mamady Diarra qui a disputé les 20 dernières minutes à la place de Dramane Simpara, en demi-finale, ont étalé leurs talents à la Coupe du Monde au Chili.
Au Chili, l’entraîneur a remanié l’équipe par rapport à l’effectif qui a remporté la CAN au Niger. Cinq nouveaux joueurs dont trois milieux (Zoumana Simpara et Dramane Bourama Diallo de l’Asko, Amadou Haïdara de Guidars et deux attaquants (Ousmane Diakité et Mamady Diarra de Yéelen Olympique) avaient intégré le groupe.
Comme il fallait s’y attendre, à l’aéroport international Président Modibo Kéita, à leur retour, les vice-champions du monde ont été accueillis avec tous les honneurs par les plus hautes autorités du Mali et plusieurs centaines de supporters.
« Au nom des joueurs et de tout le staff technique, je dis merci à tout le peuple pour son soutien. Il faut continuer à travailler, une génération est née », a dit l’entraîneur Baye Bâ.
« Sur 209 pays engagés à la Coupe du monde, le Mali s’est classé 2e, ça veut dire que le Mali est une nation à respecter», a déclaré de son côté le président de la FEMAFOOT de l’époque, Boubacar Baba Diarra.
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