à tous les régimes depuis 30 ans, en caméléon insatiable de saisir, avec sa langue gluante de
citations latines, toutes proies gouvernementales ou institutionnelles afin de rassasier sa faim
pantagruélique de pouvoir. Ses terrains de chasse? Les champs maliens minés d’orgueil et semés
de précarité, les clairières pseudo-socialistes doctrinaires internationales et les palais lustrés de
cynisme, d’arbitraire et de «syndicalisme-mallettes». Sa technique? Celle du voleur volé réclamant
légitime reconnaissance de sa réelle culpabilité, celle du tribun aux mots martiaux mais aux maux
de tête-girouette et celle, plus performante et mieux répercutante, de la corruption main à la main,
par sac ou sacré marché, par privilège clanique ou sacrilège démocratique.
Mentir vrai, abuser avec grossièreté, tricher avec arrogance, éliminer avec perversité, trahir avec
duplicité, détruire avec constance, appauvrir avec insistance, fracturer avec persévérance, facturer
avec connivence et régner avec jouissance, tels sont les attributs des dictateurs. Leur peuple est
sous le joug, mais attend son jour: celui de sa libération.
Au Mali, le politicien IBK, devenu le président d’une république alors en gouvernance
démocratique, féru de lettres classiques, a appliqué à la lettre l’enseignement magistral de ces
maîtres autocrates pour criminaliser leur peuple et sanctuariser leur pouvoir. Avec cependant une sournoise interprétation plus digeste bien que plus constipante, à faire avaler
à ses concitoyens: «Ne doutez point et jamais que je sois un démocrate!». Même si son enseigne
vantant sa marchandise politicienne affiche «Une main de fer dans un gant de velours», il n’est à
la tête que d’un immense bazar où tout se solde, surtout l’honneur, les valeurs et la fierté, à vils
prix. Sa boutique n’aura bientôt plus grandes choses à proposer, sinon de secrets mensonges bien
conservés, de vieilles ficelles en filouterie, quelques fioles pour empoisonner tout contestation et
de curieux outils à machinations. Bref, une sombre caverne faite de bric et de broc.
IBK restera ainsi dans l’histoire comme le plus grand manipulateur de la démocratie malienne et le
plus éminent Président-directeur général commercial de la «démocrature». Un concept
dévastateur qui devrait quand même bien avoir une date de péremption.
Ousmane Mohamed
Source : le Poing