C’était lors du treizième congrès de l’UNTM des 22 et 23 mars 2019, lequel a tenu toutes ses promesses. Et pour cause ! L’équipe dirigée par Yacouba Katilé, a été reconduit à l’unanimité et par acclamation dans une salle archicomble du CICB. Aussi rappelons-le, l’ouverture du congrès a vu la présence inédite et remarquée du Premier Ministre, SBM et du Directeur Général des Douanes du Mali, Général Mahamet Doucara, s’y ajoutent la présence d’invités de marques venus d’Afrique et du reste du monde tels que le SG de la Lusa, de l’OIT, du BIT, d’Algérie, de Tunisie, du Sénégal pour ne citer que ceux-ci. Une première dans l’histoire de cette centrale syndicale qui a vu la présence de plus deux cents délégués qui, malgré l’insécurité qu’ils ont bravé, sont venus de tout le pays. Lisez le compte-rendu de Pépin Narcisse Loti et de Bokari Dicko.
Annoncé depuis des mois après le renouvellement de ses structures de base (Comités et Sections), le treizième congrès de l’UNTM s’est déroulé sans aucun incident, dans l’allégresse, le respect et la considération.
Accueillant le treizième congrès, le maire de la Commune III du District de Bamako, dans son allocution, s’est réjoui du choix de sa circonscription. « Ce treizième congrès révèle d’une très grande importance pour l’UNTM qui attend de ses assises de grandes résolutions devant permettre d’améliorer les conditions de travail de ses membres avec l’accompagnement du gouvernement ; de nouvelles orientations seront dégagées pour le bonheur de tous ». Enfin, le maire a rappelé le soutien du conseil communal à ce treizième congrès.
Projection d’un film retraçant le parcours de l’UNTM sous l’ère Katilé
Un moment qui a retenu l’attention des congressistes, du PM et des Ministres de la Fonction Publique et celui de l’Economie et des Finances.
Ce film a rappelé comment l’enfant du Macina, Douanier de son état, syndicaliste chevronné, a été élu Secrétaire général de l’UNTM en août 2014 contre Karim Diarra du SYNAPRO, 21 voix, contre 18. Le leitmotiv de l’UNTM depuis sa création se résume à deux mots : Unité-Cohésion.
A peine élu SG de l’UNTM, Yacouba Katilé et son équipe n’ont pas eu de répit, et pour cause !
Au charbon
L’amélioration des conditions de travail des travailleurs étant leur défi, et dès août 2014, la première grève de 48heures a été observée; octobre de la même année, une grève illimitée, a été déclenchée, montrant au gouvernement leur ferme volonté et dans le respect, d’aboutir à leurs revendications. Cette action du tout nouveau bureau conduit par Katilé, a contraint le gouvernement à baisser les prix de l’eau et de l’électricité, qui rappelle bien la détermination de cette centrale syndicale dont l’entrée dans la danse en 1991, a permis la chute du régime de l’UDPM.
Congrès de la LUSA
Autre action à l’actif de l’équipe Katilé, est l’organisation à Bamako, une première en mars 2017, le 11ème congrès ordinaire de la LUSA, dont l’ouverture a été faite par le chef de l’Etat.
Début du mois de mai 2018, l’UNTM a déposé un cahier de doléances de douze points sur la table du gouvernement, sans succès. Du coup, avec la détermination qu’on connait de cette équipe dirigeante de l’UNTM qui rappelle leurs prédécesseurs, déclenche une grève de soixante-douze heures les 9, 10 et 11 janvier 2019. Cela a pousser les autorités à venir à la table et parviennent à s’entendre sur 11 points qui emmèneront Yacouba Katilé et son équipe, à arrêter la grève qui commençait à faire très mal à l’économie.
Présentation du doyen Mamadou Lamine Diarra
Ce septuagénaire qui est le président d’honneur de ce treizième congrès de l’UNTM, à l’âge de 92 ans, a rappelé ses 70 ans de lutte syndicale.
«Les temps ne sont pas les mêmes. De nos jours, il y a trop de syndicats. Le seul valable, demeure l’UNTM (tonnerre d’applaudissements), car à notre époque, l’unité, la cohésion, le respect et la détermination à nous battre pour l’amélioration des conditions de travail des travailleurs étaient notre raison d’exister ; et aucune pression, ne pouvait nous faire reculer », a rappelé le président d’honneur.
L’heure du bilan pour Katilé
Août 2014-mars 2019, cinq ans, se sont écoulés avec Yacouba Katilé, SG de l’UNTM et son équipe se sont battus.
Dans son allocution, le SG a rendu hommage aux camarades décédés, tombés sur le champ d’honneur. Aussi, il a salué et remercié les délégués venus d’Algérie, du Sénégal (N’Douga Wade), de Tunisie, Artide Medjoub de la CCA, Dramane Haïdara du BIT, venu d’Abidjan, le doyen Mamadou Lamine Diarra, président d’honneur du treizième congrès, avec ses 73 années de lutte syndicale, ainsi que les délégués (plus de 200).
« Le Mali est criblé de dette, avec un chapelet de mal gouvernance. Pour ce faire, nous devons ratisser large face une minorité qui vit dans l’opulence. Je souhaite la bienvenue aux délégués », a dit Yacouba Katilé. Le SG a surtout insisté sur l’unité syndicale.
Le Directeur régional Afrique du BIT
Pour cet invité de marque, le treizième congrès de l’UNTM (un reflet de la gouvernance syndicale) est celui du bilan et des défis à relever. Selon l’orateur, il s’agit du défi du travail descend, du développement, de la culture et du dialogue social, des arguments forts puisque l’UNTM est un instrument fort et de contre-pouvoir ».
Poursuivant son allocution, le DR Afrique du BIT a déploré les fermetures d’écoles à travers le pays ; le manque d’eau potable, de cantines scolaires, par exemple à Gao.
L’orateur a fustigé les massacres du Centre du pays avec les pièges cadavres. « Le déficit de travail descend, la solution à l’emploi des jeunes, l’absence de système de sécurité sociale, le syndicat se doit de jouer le rôle de prévenir les conflits », a poursuivi l’orateur.
Enfin, le D R Afrique du BIT, a rappelé l’organisation du centenaire de l’OIT cette année en Afrique.
Le show du PM…
Politicien avisé, puisque présent à toutes les luttes pour le pouvoir, Soumeylou Boubèye Maïga, s’est expliqué devant plus deux cents délégués de l’UNTM et en présence d’invités de marque.
Avec le sang-froid qu’on lui connait, le PM, s’est dit fier d’être invité à ce treizième congrès de l’UNTM dont 32 ans de lutte durant, a été son porte-parole sans coup férir. Le décor est planté.
L’occasion était propice de rappeler son face à face avec le Général Moussa Traoré, pour « défendre les droits des travailleurs maliens, cela avec courage, conviction et respect », a dit SBM, sans sourciller.
L’UNTM, rappelle le PM, « était associé à tous les combats pour l’indépendance du Mali ; la consolidation de l’économie de 1969 à 1990.L’UNTM a toujours été constante dans toutes les étapes de la vie de la nation en 1991. En août 1990, lors du congrès de l’UDPM, l’UNTM a demandé l’aspiration des peuples à plus de liberté. L’action syndicale a permis plus de liberté, de justice sociale. L’UNTM occupe une place prépondérante dans la vie de la nation, vigilante, démocrate et républicaine face aux forces obscurantistes». Pour SBM, « un syndicat doit veiller à ce que l’équilibre ne rompt pas ; avoir une conviction; ne pas perdre de vu, son engagement à se battre pour tenir ; l’amélioration des conditions de vie des populations, des travailleurs ».
L’Etat a consenti beaucoup d’efforts financiers…
« Les rapports gouvernement/syndicats doivent se dérouler dans le respect. Nous travaillons à point. L’état a consenti beaucoup d’efforts financiers », a rappelé le PM.
Parlant de la grève des enseignants, SBM a dit que sur « dix points, le gouvernement s’est entendu sur sept points de satisfaction pour un coût de trois milliards de nos francs. Rien que pour la prime de logement (qui concerne 63 000 enseignants dont 55 000 des collectivités) coûtera la bagatelle de 55 milliards de FCFA à l’Etat. Il n’est pas possible pour nous d’honorer cela puisque chacun est face à ses responsabilités. J’évite de prendre des engagements que je ne peux pas tenir sous peine de déstabiliser le pays », a martelé SBM vivement applaudi.
Les réseaux sociaux
Le PM a fustigé certains qui se cachent derrière un anonymat pour tenter de créer un climat délétère dans le pays.
« Je suis fidèle à mes engagements car, pour moi, il faut tenir bon et tenir la tête haute et tirer les leçons de notre lutte empreint de générosité, de partage, de courage. Je suis fier du parcours de l’UNTM et ce congrès, je me sens chez moi, je suis à l’aise ici parmi vous et avec tous les syndicalistes. Toutes les centrales sont issues de l’UNTM. Travaillez donc en unité syndicale, meilleure garantie pour défendre les travailleurs », a dit SBM.
Abordant l’organisation de la conférence sociale au mois de janvier dernier et qui a été décalée, le PM a rappelé les agendas politiques chargés, l’organisation d’élections professionnelles. Aussi, SBM a déploré qu’un pays comme le nôtre puisse avoir huit statuts. En tout cas, c’est ce constat, a dit le P M, que « son gouvernement travaille à ce que tous les fonctionnaires soient dans un même fichier ».
Se réjouissant de la tenue de ce treizième congrès qui se tient à un moment très important de la vie de la nation. « Les valeurs de 1991ne sont pas faites pour nous faire reculer puisque les forces obscurantistes instrumentalisent, travaillent toujours pour nous ramener en arrière. Nous serons toujours là pour les contrer », a rappelé le chef du gouvernement visiblement très inspiré. Sachez, enfin, dit SBM, qui visiblement retrouvait ses années de luttes martèle en disant : « que l’UNTM, de tout temps, et tout lieu, a toujours été fidèle à ses engagements ». Il sera longuement applaudi.
Pour cette ouverture du treizième congrès de l’UNTM, l’Ensemble Instrumental, a régalé les congressistes.
Au sortir de deux jours, de débats, le bilan du premier quinquennat de l’équipe Katilé a été validé. Mieux, il sera reconduit avec acclamation avec l’entrée de dix nouvelles figures, comme pour montrer que l’UNTM peut avoir des dissensions, mais ne chavirera point car, les raisons de sa création demeurent un soubassement très solide qu’aucune secousse soit-elle forte, ne saurait l’ébranler.
Pépin Narcisse Loti et Bokari Dicko
Mali Demain