La Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’Imam Mahmoud Dicko (CMAS) entamera fin novembre une tournée d’implantation sur toute l’étendue du territoire national, projetant par la même occasion de manifester son soutien sans faille à la transition en expliquant aux populations à la base, les enjeux qui y sont liés. Alors qu’elle a franchi il y a un peu plus de deux mois le seuil de sa première année d’existence, cette organisation semble déjà à un tournant décisif dans son ascension politique.
Koutiala, Ségou, Nara, Diéma, Kayes, Kéniéba, Bougouni, Sikasso ou encore Nara. Voici les villes de l’intérieur du Mali que la CMAS compte sillonner entre le 28 novembre et le 18 décembre 2020, pour installer ses bureaux de coordination régionaux, sans oublier celui du District de Bamako, dont la mise en place est prévue pour le 6 décembre.
Une tournée qui ne s’arrêtera pas là, puisqu’après, même si les dates ne sont pas confirmées pour l’heure, d’autres régions comme Gao, Mopti ou encore Tombouctou accueilleront à leurs tours des bureaux de la CMAS. Avant que ne soient concernés les Maliens établis à l’extérieur.
« C’est dans mes prérogatives de faire en sorte que la CMAS soit l’une des forces politiques les plus influentes et les plus répandues, si possible, pour promouvoir les valeurs que nous incarnons », clame Issa Kaou N’djim, Coordinateur général de la CMAS, pour lequel ces valeurs sont aujourd’hui réelles, puisque « la CMAS a pris une position importante dans le processus qui nous a amené à la transition ».
Une transition dont le numéro un du regroupement autour de l’Imam Dicko érige le soutien en principe et en devoir de cohérence. « Il est de notre devoir d’être cohérents. La cohérence c’est d’abord d’aller formaliser la CMAS sur l’ensemble du territoire et en profiter, comme nous l’avons toujours dit, pour défendre la transition, car pour nous la défendre est un principe ».
Quelle place au CNT ?
Si la CMAS est aujourd’hui dans une dynamique de structuration en termes d’ancrage géographique, la question de sa représentativité au Conseil national de la transition, suscite des interrogations sur la bannière sous laquelle elle y siégera.
Selon certains, les 11 places attribuées aux partis et groupements politiques ne pourraient inclure la CMAS, d’autant plus qu’elle n’est pas encore suffisamment implantée. Mais ils reconnaissent le rôle-clé joué par cette organisation politique dans la chute du régime de l’ex Président IBK.
Pour l’analyste politique Ballan Diakité, la CMAS pourrait même se réclamer d’une double légitimité, politique et morale. « La légitimité politique vient du fait que la CMAS a été parmi les artisans de première heure du Mouvement M5 et qu’à ce titre elle a contribué à son succès. La légitimité morale découle du fait qu’elle soutient les idéaux de l’Imam Mahmoud Dicko, qui par ailleurs est l’autorité morale du M5 ».
« Pour nous, ce n’est pas qui va siéger ou qui ne siégera pas. Ce qui est le plus important, c’est l’esprit de la CMAS. Si des personnes sont sollicitées au nom de la CMAS pour le CNT, il n’y a aucun problème, mais nous ne faisons pas une fixation », clarifie Issa Kaou N’Djim.
Échéances électorales décisives
Le Coordinateur général de la CMAS l’affirme, les textes de l’organisation prévoient une Assemblée générale nationale au cours de laquelle les adhérents se prononceront sur les futurs enjeux et orientations, y compris sur les questions électorales.
À l’en croire, cela adviendra certainement avant la fin de la transition, parce que, dit-il, il est difficile d’imaginer les futures élections générales sans la participation de la CMAS. Ces échéances électorales vont évaluer les résultats du calcul des responsables de la CMAS qui, selon le chercheur Boubacar Haidara, repose sur un fait important. « Ils estiment qu’ils ont mené les manifestations qui ont abouti à la chute d’IBK et, en conséquence, qu’ils sont en mesure d’en tirer les fruits politiques », glisse-t-il.
Germain KENOUVI
Source : Journal du Mali