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Tombouctou : Le retour de la paix de plus en plus illusoire

Libérée du joug des oppresseurs jihadistes, la ville sainte, encore sous l’emprise d’une poignée d’individus mal intentionnés, ne semble guère offrir de refuge à l’oiseau blanc. Entre assassinats, enlèvements et brigandages, l’instabilité prend le dessus sur la quiétude légendaire que connaissait jadis Tombouctou.

 

Malgré la présence des FAMAS et d’autres forces étrangères, la quiétude est juste l’image caricaturale d’un idéal auquel les tombouctiens aspirent sans pour autant y accéder. Des victimes nous en comptons par milliers parmi toutes catégories de personnes : hommes politiques, commerçants, fonctionnaires ou autres particuliers. Posséder un bien n’est plus permis et on peut risquer de perdre la vie pour un simple smartphone d’une valeur de 40.000 francs. Un acte sanguinaire et barbare dont le jeune Alharis fut le regretté victime en octobre 2020. S’y ajoute une liste indéchiffrable d’innocents qui, pour une simple moto, ne comptent plus parmi les siens. Faute d’enquêtes approfondies, qui n’ont d’ailleurs jamais connu d’issues, les tortionnaires qui endeuillent et continuent d’endeuiller tant de familles vaquent en toute impunité et tapis dans l’anonymat.

Il est pourtant difficile de prétendre à une paix durable si les victimes, qui espèrent avoir justice, sont reléguées aux oubliettes alors que leurs bourreaux restent impunis. Jamais les autorités militaires et judiciaires n’ont donné de suite aux prétendues enquêtes ouvertes. Les populations vont-elles continuer à payer le prix des défaillances sécuritaires ?

En tout cas, elles continuent à se morfondre. Le phénomène n’est pas propre à la capitale régionale seulement. Dans le cercle de Diré, le dimanche 28 Mars 2021, le commerçant Issaka Maiga dit Larabo a été enlevé dans son domicile aux environs de 20 h par des hommes armés non identifiés. Le lundi, alors que les tombouctiens savouraient la remise de l’euro symbolique à titre de réparation individuelle et collective des victimes affectées par le crime de Al Faki Al Mahdi, le Centre de santé de référence de la ville, communément appelé PMI, frôlait l’incendie. Deux véhicules garés à quelques mètres de l’enceinte appartenant au célèbre Dj du nom de Mahamane N’Goudda furent incendiés par des individus encore non identifiés. Des situations qui ouvrent la voix à l’amalgame et à la désobéissance civile. Au défi sécuritaire s’ajoute par ailleurs un problème de gouvernance que traduisent la corruption et le favoritisme. Un problème qu’il faut aussi prendre à bras le corps car les tombouctiens semblent se lasser des bavures administratives. La Jeunesse en premier ligne monte au créneau pour exprimer leur ras-le-bol notamment dans l’affaire Ghily Elbarka Cissé, un jeune homme qui, après avoir passé toutes les étapes du concours de recrutement d’élèves commissaires, s’est fait remplacer par un autre de Kidal. Des frustrations qui mettent généralement aux prises la jeunesse et les forces de l’ordre et dont le dénouement passe souvent par l’extrême violence. Le retour de la paix put être tributaire en définitive de la transparence et de l’égalité entre les citoyens.

Albakaye B Cissé, correspondance particulière

Source : Le Témoin

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