A défaut d’être dans les négociations d’Alger, le groupe d’auto défense Touareg et alliés (Gatia), gagne du terrain au nord du Mali et n’entend plus céder. Ce mouvement sous-estimé par la communauté internationale représente tout le contraire de la coalition MNLA-HCUA-MAA qui tient coûte que coûte à mettre en cause la présence de l’Etat central au nord. Cette recrudescence de la violence perturbe le plan des diplomates qui ont cru bon de mettre toutes les milices dans le même panier. Le Gatia évincé des négociations est entré en guerre contre le MNLA.
Dans ce contexte, l es négociations entre les autorités maliennes et certains groupes armés peinaient à reprendre la semaine dernière à Alger, la capitale algérienne. Une délégation du gouvernement malien s’est rendue en Algérie le 18 octobre alors que la reprise des négociations était initialement prévue pour le 15 du même mois.
L’entrée du Gatia en guerre pourrait affecter le processus des négociations, même si cette milice n’est pas signataire des accords qui ont conduit à la tenue des pourparlers de paix en Algérie. Mais les autorités maliennes ont vite fait de se démarquer du Gatia, qui est de fait le bras armé des communautés majoritaires.
Tout est parti du jeudi 16 octobre où des combats ont opposé des indépendantistes du MNLA au Gatia, composé de milices pro-gouvernementales. Les affrontements ont eu lieu à N’tilit, dans la région de Gao. Très tôt, les rebelles touaregs ont accusé l’armée malienne d’être derrière cette attaque.
Vendredi, un porte-parole du Gatia a déclaré que son mouvement a pris la décision d’attaquer les positions du MNLA en représailles d’un tort causé par les indépendantistes. Un membre du Gatia aurait en effet été désarmé chez lui par le MNLA. Selon le responsable du Gatia, cette humiliation ne pouvait être acceptée et les évènements ont tourné à l’affrontement.
Malgré que le gouvernement malien ait pris ses distances avec le Gatia, le MNLA accuse l’armée malienne d’avoir soutenu cette attaque. Néanmoins, le Gatia déclare haut et fort qu’il a les moyens de se défendre et que ses combattants n’ont rien à voir avec l’armée malienne qui s’est d’ailleurs retirée de plusieurs endroits du nord du pays.
Mais les indépendantistes voient partout des liens entre l’armée malienne et les combattants du Gatia. Le MNLA dénonce particulièrement la présence supposée des hommes du général de l’armée malienne El Hadj Ag Gamou parmi les combattants de la milice pro-gouvernementale. Créé depuis août dernier, le Gatia est supposé être très proche du général Gamou.
Détérioration de la situation
Ce général Touareg, qui est resté fidèle à l’Etat malien appartient à la communauté Imghads qui fournit la plupart des combattants du Gatia. Mais l’appartenance de Gamou à la communauté Imghad ne saurait être la preuve d’un soutien de l’armée malienne au Gatia. Pour les responsables de la milice loyaliste, c’est une coïncidence et rien de plus.
L’éveil du Gatia est un pas de plus vers la détérioration de la situation sécuritaires et le glissement progressif de la zone vers un conflit intercommunautaire. Le MNLA serait à la base de ces violences et exactions à l’encontre des populations. Les braquages se sont multipliés depuis plusieurs semaines. Récemment, de nombreux hommes armés ont enlevé des véhicules, notamment ceux des organisations humanitaires travaillant dans le nord du pays.
Au même moment, les groupes djihadistes qui ont infiltré tous les coins et recoins de la zone reviennent en force. Les forces de l’ONU sont leurs principales cibles depuis le repli de l’armée malienne vers des villes comme Gao et Tombouctou. Le MNLA qui continue à violer le cessez-le-feu risque de compromettre définitivement le processus de paix s’il n’est pas contraint par la communauté internationale à respecter ses engagements.
Soumaïla T. Diarra