Alors qu’il est le seul doyen à avoir tout mis en œuvre pour sauver l’année académique au niveau de sa faculté, celle des sciences économiques et de gestion (FSEG), Pr. Ousmane Papa Kanté, s’est vu notifier la décision de sa suspension par le Recteur de l’Université des sciences sociales et de gestion de Bamako (USSGB) le 12 juin 2017.
Comme motif de cette suspension, monsieur le Recteur, Pr. Samba Diallo, dans cette décision controversée, évoque les besoins d’un « apaisement du climat en attendant l’aboutissement des négociations entre le gouvernement et le Syndicat national de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique ».
Sauf qu’un Recteur est mal placé pour prendre une telle décision. En effet, en application du décret n°2011-731/P-RM du 3 novembre 2011 fixant l’organisation et les modalités de fonctionnement de l’Université des sciences sociales et de gestion de Bamako (USSGB) et conformément à l’article 83, la suspension du doyen de faculté relève de la compétence du ministre chargé de l’Enseignement supérieur à la demande du Recteur. Ayant constaté cette vice de forme dans la décision de suspension du doyen Pr. Ousmane Papa Kanté, monsieur le Recteur a été obligé d’adresser une lettre confidentielle à madame la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Assetou Founè Samaké Migan pour lui expliquer. Dans cette lettre confidentielle adressée au ministre, le Recteur précise : « par conséquent, je suis au regret de vous signaler que ma lettre signée à cet effet ne saurait produire les effets juridiques escomptés ».
Cette manière de se rétracter de monsieur le Recteur doit embarrasser madame la ministre qui veut agir dans cette affaire en sous-marin. Cette nouvelle donne va forcément amener madame la ministre s’assumer clairement pour contenter le Snesup qui fait de la révocation du doyen Kanté une exigence absolue. Le Snesup accuse le doyen Kanté d’avoir saboté sa grève illimitée au niveau de la FSEG. Pendant que les autres facultés du pays étaient victimes de cette grève illimitée, le doyen Kanté a tout fait pour que les cours continuent chez lui, quitte à se servir des enseignants du SNEC d’où il milite, les non-grévistes du Snesup et les vacataires. Cet effort du doyen Kanté a sauvé l’année au niveau de la FSEG avec ses 11 000 étudiants, mais n’a pas plu au Snesup qui l’accuse de sabotage de sa grève. Le Snesup a exigé et obtenu sa suspension, mais le SNEC n’est pas d’accord, de même que les étudiants de cette faculté qui veulent organiser un sit-in devant le Rectorat. Le climat est tendu et chacun se cherche.
A. D.
La rédaction