«Afel Bocoum est l’héritier naturel et Vieux Farka, le fils de l’homme» ! C’est ainsi que Barou Diallo parle de Vieux Farka Touré, le fils de la légende du blues, Ali Farka Touré. Il n’a certes pas encore ni la notoriété ni l’aura de son illustre papa. Mais son jeu de guitare et sa voix nous consolent souvent de l’absence d’Ali. Guitariste et chanteur, Vieux Farka Touré est déjà annoncé par des critiques comme le futur «trésor du blues malien».
Même s’il ne cesse de répéter, «je ne suis pas l’héritier d’Ali Farka Touré», ce jeune talent sait pertinemment qui doit supporter cette comparaison et surtout se préparer à porter pour toujours le lourd fardeau d’une légende bâtie par non seulement le talent, mais aussi et surtout la persévérance.
Boureima «Vieux» Farka Touré est né en 1981 à Niafunké. Son premier album, Fondo, a figuré dans la sélection musicale de «The Wall Street Journal» et de «The Village Voice». Et le jeune héritier a été invité à la cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde FIFA «Afrique du Sud 2010». Il a ainsi partagé la scène avec des célébrités comme Shakira, Alicia Keys et K’naan.
Dans ses œuvres, Vieux Farka Touré tisse un sublime lien entre le blues et les cultures africaine et américaine, mêlant ainsi modernité et tradition. «Je suis le garçon depuis le début de sa carrière internationale. Je suis venu ce soir pour l’assurer qu’il est toujours sur la bonne voie. Et je ne suis pas déçu parce que je trouve qu’il fait mieux que ce que nous attendions de lui… Ali n’est plus ! Et même si je ne suis pas là demain, je suis rassuré que l’héritage est entre de bonnes mains…», disait de lui Koko Dembélé, le célèbre reggaeman lors du concert animé par Vieux Farka le 8 février dernier au Club Africa de Bamako-Coura.
Pour trouver sa voie, «le fils d’Ali Farka a remisé la guitare électrique et les toiles blues rock incandescentes pour laisser place à des textures acoustiques somptueuses», écrivait «Mondomix» (Le magazine des musiques et cultures dans le monde) en septembre 2013.
Et dire que son père envisageait pour lui une carrière en dehors de l’univers de la musique. «En fait, mon père voulait que je fasse autre chose que de la musique. Il voulait que je sois sûr de réussir dans la vie, car il y a tellement de bons musiciens qui n’ont aucune reconnaissance, qui sont inconnus et gagnent très mal leur vie. Il me disait que ce n’était pas parce que lui était connu que ce serait automatiquement la même chose pour moi…», a-t-il confié à la presse, lors de l’une de ses nombreuses tournées à travers le monde.
Pour certains critiques, Vieux est déjà sorti de l’ombre d’Ali Farka avec son kora-blues et son kora-rock. Mais, cela reste toujours à prouver, même s’il est en train de se forger une notoriété.
Son défi aujourd’hui, c’est de sortir définitivement de l’ombre de son célèbre père. D’ailleurs, ils sont nombreux les critiques qui pensent que, avec «Mon Pays» son 4è album sorti le 16 septembre 2013, il reprend avec «sagesse le flambeau de son père, Ali Farka Touré». Et c’est loin d’être une étiquette imméritée.
M. B.
L’Essor