Les dirigeants des deux Corées se retrouveront fin avril pour un sommet historique dans la Zone démilitarisée (DMZ), a annoncé mardi Séoul, assurant que Pyongyang était prêt à aborder avec Washington la question longtemps taboue de la dénucléarisation.
Ce rebondissement spectaculaire a été immédiatement salué par le président américain Donald Trump qui a évoqué des « progrès possibles » et salué « un effort sérieux » de la part de toutes les parties concernées.
Selon la présidence sud-coréenne, le régime de Kim Jong Un est prêt à un « dialogue franc » avec les Etats-Unis pour évoquer la question de la dénucléarisation et suspendrait tout essai nucléaire ou de missile pendant la durée des discussions.
Visé par une série de sanctions imposées par le conseil de sécurité des Nations unies, le régime nord-coréen a toujours affirmé que le développement de son programme nucléaire n’était tout simplement pas négociable.
Selon le conseiller du président Moon Jae-in, Chung Eui-yong, qui s’est longuement entretenu lundi avec Kim Jong Un, ce dernier est désormais prêt à bouger sur ce dossier sensible « si les menaces militaires contre le Nord disparaissent et si la sécurité de son régime est garantie ».
Cette formulation laisse cependant en suspend de nombreuses questions: depuis la fin de la guerre de Corée en 1953, la Corée du Nord s’est toujours estimée menacée d’invasion militaire américaine, ce qui justifie à ses yeux l’existence de son programme nucléaire.
– ‘Le monde regarde et attend’ –
Selon Séoul, le sommet intercoréen aura lieu fin avril dans le village de Panmunjom, au milieu de la Zone démilitarisée (DMZ) qui sépare le Nord du Sud.
Si cette annonce est confirmée par le Nord, il s’agira du troisième sommet entre les deux pays. Les deux précédents avaient eu lieu en 2000 et 2007.
La rencontre sera précédée d’une conversation téléphonique entre Kim Jong Un et Moon Jae-in, qui vont par ailleurs ouvrir une ligne de communication d’urgence « pour désamorcer les tensions militaires et se coordonner étroitement », a poursuivi l’émissaire.
« Pour la première fois depuis des années, un effort sérieux est fait par toutes les parties concernées. Le monde regarde et attend! », a réagi Donald Trump dans tweet matinal, tout en restant muet sur un éventuel dialogue direct entre Washington et Pyongyang.
« Peut-être de faux espoirs, mais les Etats-Unis sont prêts à s’engager pleinement quelle que soit la direction retenue! », a ajouté le locataire de la Maison Blanche qui a, depuis son arrivée au pouvoir, multiplié les attaques personnelles contre le leader nord-coréen.
Lundi, les discussions entre M. Kim et les émissaires sud-coréens ont duré plus de quatre heures. Le Rodong Sinmun, organe du Parti des travailleurs, consacrait mardi toute sa « une » à la visite, sous le titre: « Le Camarade Kim Jong Un reçoit les envoyés spéciaux du président du Sud ».
La photo principale montre le leader nord-coréen avec les cinq responsables sud-coréens de la délégation. Certains clichés montrent un Kim Jong Un particulièrement enjoué. Sa soeur, Kim Yo Jong, apparaît sur plusieurs images.
– ‘Consolider’ les liens avec Washington –
Le point d’orgue de l’offensive de charme nord-coréenne lors des JO avait été la venue au Sud de Kim Yo Jong, la première visite d’un membre de la dynastie régnante de Pyongyang depuis la fin de la guerre.
M. Moon a cherché à se servir des JO pour apaiser les tensions sur le nucléaire. Lors de sa venue, Kim Yo Jong lui avait remis de la part de son frère une invitation à un sommet à Pyongyang. Le président sud-coréen s’était cependant abstenu de répondre tout de suite.
Signe du difficile équilibre à trouver, il a souligné mardi qu’il fallait discuter avec le Nord, mais aussi renforcer l’alliance avec Washington.
« Nous devons parler avec le Nord de la dénucléarisation de la péninsule coréenne », a-t-il dit. « Mais en même temps, nous devons mettre notre énergie dans le développement efficace de nos capacités pour contrer les menaces nucléaires et balistiques du Nord. »
La mission diplomatique sud-coréenne au Nord prouve que l’on « peut obtenir la dénucléarisation et la paix par nos propres efforts », a-t-il poursuivi, tout en ajoutant qu’il fallait « consolider encore » le partenariat militaire avec les Etats-Unis.
Les émissaires sud-coréens sont censés partir mercredi pour Washington afin de rendre compte de ce voyage. Les Etats-Unis viennent d’imposer de nouvelles sanctions unilatérales au Nord, les plus dures à ce jour d’après M. Trump.
Journal du mali