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SOMMET EXTRAORDINAIRE DE LA CEDEAO A ACCRA : LE MALI SUSPENDU DES INSTITUTIONS DE L’ORGANISATION

UN PREMIER MINISTRE CIVIL ET UN GOUVERNEMENT INCLUSIF DEMANDÉS

Face à la situation au Mali, quelle position la CEDEAO allait adopter concernant notre pays ? Voilà la question qui taraudait dans l’esprit de tous les maliens soucieux du Mali durant la journée de dimanche où les chefs d’Etat de l’organisation étaient réunis autour de la situation au Mali. Mais au finish, tout semble moins épineux que ce que beaucoup croyaient, surtout les ennemis de la rectification amorcée par le Colonel Assimi Goita avec le grand retour du M5-RFP au devant de la scène. 

Si dans les différentes chancelleries au Mali comme dans la sous-région, on ne cachait pas une certaine lassitude et un fort agacement face à la tournure des événements à Bamako, la transition malienne tenant, selon elles, sur un attelage civilo-militaire inconfortable, tous les regards étaient plutôt braqués sur Accra, la capitale Ghanéenne ce dimanche. En effet, le président en exercice de la CEDEAO, le Ghanéen Nana Akuffo-Addo, a invité ses pairs à Accra pour que la communauté régionale parle d’une seule voix face à la situation qui la mettait dans une position délicate.  Tous avaient cependant une conscience aigue qu’imposer de nouvelles sanctions au Mali allaient fragiliser une économie déjà éprouvée par les précédentes mesures prises après le coup d’État d’août 2020, et par l’impact de la pandémie de Covid-19. A la rencontre d’hier, cela relève désormais une éphéméride à chaque qu’il y a un problème au Mali, il y avait ceux qui étaient pour des sanctions, et ceux qui n’y voyaient aucune opportunité. Au finish, tous ont décidé de suspendre le Mali des institutions de la CEDEAO !

Une sanction moins contraignante contre le Mali, au grand dam de l’ivoirien Alassane Dramane Ouattara clique, somme toute des petits laquais au service du Président français Emmanuel Macron. Les chefs d’Etat de la CEDEAO décident donc en fin de compte de suspendre le Mali, avec pour principales recommandations : la nomination d’un Premier civil ; la mise place d’un gouvernement inclusif et le respect du délai des 18 mois imparti pour l’organisation des élections qui consacrent la fin de la transition au Mali. Pas de mot pour ce qui concerne le statut d’Assimi Goita !

Cette décision ne surprend guère, car il n’y a rien de si urgent qui se serait passé au Mali et qui méritait une sanction plus lourde, le Président et le Premier ministre ayant décidé de démissionner officiellement, et ce devant le médiateur en chef de la CEDEAO, le Nigérian Goodluck Jonathan. Sans compter l’invitation officielle adressée au Colonel Assimi Goita pour prendre part au sommet, une première dans l’histoire de l’organisation

En effet, en septembre dernier, quand Assimi et ses camarades ont été au Ghana, ils n’ont pas été autorisés à assister à la cérémonie d’ouverture du sommet. Or, pour ce sommet, Assimi Goita, en tant que Président de la Transition selon un arrêt de la Cour Constitutionnelle, a été invité à participer au sommet extraordinaire de l’organisation sur la situation politique au Mali, une situation créée par lui-même. Il a eu l’occasion d’adresser plusieurs messages à ses pairs et de donner des éclairages nécessaires à la conférence des chefs d’Etat sur les récents développements de la situation dans notre pays. On était en effet très loin du schéma du mois d’août dernier après le coup d’Etat contre IBK, où les chefs d’Etat s’étaient montrés inflexibles, en recommandant aux militaires de nommer une « personnalité civile » pour mener à bien la transition ainsi qu’un « Premier ministre civil », tout en affirmant qu’ « aucune structure militaire ne devrait être au-dessus du président de la transition ». Les militaires n’avaient pas non plus pu obtenir la levée de l’embargo.  Au finish, il n’y a donc pas feu en la demeure Mali, la nomination d’un Premier ministre civil et la formation d’un gouvernement inclusif ayant été déjà actées par le Colonel Assimi Goita, qui s’engage en plus que les élections auront lieu en 2022. En conclusion, disons que les chefs d’Etat de la CEDEAO ont juste cherché à sauver l’honneur à Emmanuel Macron, qui était parti trop vite en besogne, oubliant que le Mali n’est pas la France !

Voici donc pour vous les conclusions du sommet

  1. À l’invitation de Son Excellence Nana Addo Dankwa AKUFO-ADDO, Président de la République du Ghana et actuel Président de l’Autorité des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Autorité de la CEDEAO ; les chefs d’État et de gouvernement ont tenu un sommet extraordinaire sur la situation politique au Mali le 30 mai 2021, à Accra, au Ghana.2. Les chefs d’État et de gouvernement qui ont participé au Sommet extraordinaire ou leurs représentants dûment mandatés : Roch-Marc Christian KABORE, Président du Burkina Faso ; Alassane OUATTARA, Président de la République de Côte d’Ivoire ; Adama BARROW, Président de la République de Gambie ; Nana Addo Dankwa AKUFO-ADDO, Présidente de la République du Ghana ; Umaro Sissoco EMBALÓ, président de la République de Guinée Bissau ; George WEAH, président de la République du Libéria ; Mohamed BAZOUM, Président de la République du Niger ; Muhammadu BUHARI, président de la République fédérale du Nigéria ; Julius Maada BIO, Président de la République de Sierra Leone; Faure Essozimna GNASSINGBE, président de la République togolaise.

Aurelien AGBENONCI, Ministre des Affaires étrangères et de l’Intégration de la République du Bénin ; M. Rui SOARES, Ministre des Affaires étrangères et des Communautés de la République du Cabo Verde ; Mme Aissata TALL SALL, Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’étranger de la République du Sénégal ; Mme Moussoukoro SANGARE, Chargée d’Affaires de l’Ambassade de la République de Guinée au Ghana. Les personnalités de haut rang ci-après ont également participé au Sommet extraordinaire : Goodluck Ebele JONATHAN, ancien président de la République fédérale du Nigéria, envoyé spécial et médiateur de la CEDEAO au Mali ; Jean-Claude Kassi BROU, Président de la Commission de la CEDEAO ; Ghassim WANE, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Mali, Chef de la Mission multidimensionnelle de stabilisation au Mali (MINUSMA). Le Sommet extraordinaire a été convoqué pour faire le point sur la crise sociopolitique qui prévaut au Mali à la suite de l’arrestation, de la détention et des démissions subséquentes du Président et du Premier ministre de la transition le 26 mai 2021, ainsi que pour déterminer la prochaine ligne d’action pour la transition.

Après la présentation du rapport par S.E. Goodluck Ebele JONATHAN, ancien président de la République fédérale du Nigéria et envoyé spécial et médiateur de la CEDEAO au Mali, les chefs d’État ont exprimé de vives et profondes inquiétudes face à la crise actuelle au Mali, qui arrive à mi-chemin de la fin de la période de transition convenue, dans le contexte des défis de sécurité liés aux attaques terroristes incessantes et à la pandémie de Covid-19 avec ses conséquences socio-économiques désastreuses. Les chefs d’État demandent la libération immédiate de l’ancien président et premier ministre de la transition, assignés à résidence. Les chefs d’État condamnent fermement ce récent coup d’État, qui est une violation des décisions prises lors du sommet extraordinaire tenu au Peduase Lodge, Aburi, Ghana, le 15 septembre 2020 et une violation de la Charte de transition.

Après de longues discussions sur la situation au Mali, les chefs d’État et de gouvernement ont pris les décisions suivantes : Réaffirmons l’importance et la nécessité de respecter le processus démocratique d’accession au pouvoir, conformément au Protocole de 2001 de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance

Ils condamnent en particulier toutes les actions qui ont conduit à l’instabilité persistante au Mali et ses conséquences dans la région ; Décider de suspendre le Mali des institutions de la CEDEAO conformément aux dispositions de la CEDEAO ; Demander la nomination immédiate d’un nouveau Premier ministre civil ; Un nouveau gouvernement inclusif devrait être formé pour poursuivre le programme de transition ; Réaffirmons la nécessité de respecter la période de transition de 18 mois décidée à Accra. Dans ce contexte, la date du 27 février 2022 déjà annoncée pour l’élection présidentielle doit être absolument maintenue. Un mécanisme de suivi sera mis en place à cet effet. Réitèrent les décisions antérieures selon lesquelles le chef de la transition, le vice-président et le premier ministre de la transition ne devraient en aucun cas être candidats à la prochaine élection présidentielle ; Réaffirmons le soutien de la CEDEAO pour accompagner le processus de transition au Mali. Exhorter tous les partenaires internationaux (l’Union africaine, les Nations Unies et l’Union européenne) à continuer à soutenir le Mali dans la mise en œuvre réussie de la transition ; Félicitez et encouragez le Médiateur à persévérer dans ses efforts de médiation et à rester saisi de la situation au Mali à travers le Comité Local de Suivi.

Les chefs d’État appellent à la mise en œuvre immédiate de toutes ces décisions conformément au calendrier de transition défini. À cette fin, ils exhortent le Médiateur à retourner au Mali dans un délai d’une semaine pour impliquer les parties prenantes sur ces décisions. Les chefs d’État expriment leur gratitude à Son Excellence Nana Addo Dankwa AKUFO-ADDO, Président de la République du Ghana et actuel Président de l’Autorité des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), pour la convocation de ce Sommet extraordinaire sur la situation politique au Mali et pour les moyens mis à disposition pour assurer le bon déroulement du Sommet extraordinaire.

Fait à Accra, le 30 mai 2021.

MAIMOUNA DOUMBIA

Source: LE SOIR DE BAMAKO

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