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Sociétés de sécurité privées: quelle efficacité ?

Après les attaques terroristes menées  contre le restaurant « La terrasse » et  l’hôtel « Radisson » de Bamako, la question de la sécurisation des lieux publics et privés se pose avec acuité. L’immensité du territoire national et le nombre insuffisant des forces de sécurité empêchent l’Etat de sécuriser au maximum les éventuelles cibles, si tant est qu’elles puissent échapper à un terroriste décidé à mourir. La plupart des établissements privés ont donc recours aux services de sociétés privées de gardiennage. L’Etat doit-il encourager cette évolution ?

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Un agent privé de sécurité a pour fonction d’assurer la sécurité des biens meubles et immeubles ainsi que celle des personnes.Il assume des missions d’accueil, de contrôle d’accès, de surveillance, de respect des consignes de sécurité, d’intervention de première urgence, d’alerte ou de guidage des équipes de secours, de rédaction des rapports d’événements ou d’activités. L’agent de sécurité peut être spécialisé dans un ou plusieurs domaines (sécurité aéroportuaire, surveillance humaine, transport de fonds, etc.). Au regard des faiblesses en nombre et en équipement des forces de l’ordre étatiques, les agents privés de sécurité  (on les appelle aussi « vigiles »)  jouent un rôle croissant dans la sécurisation des établissements publics et privés. Postés devant les banques, supermarchés et autres lieux fréquentés par le grand public, les agents de gardiennage tentent de leur mieux de prévenir les attentats et les cambriolages. Malheureusement, leurs conditions de vie et de travail laissent à désirer, ce qui hypothèque gravement  leur efficacité.

Précarité des agents

Le jeudi 31 mars 2016, nous débarquons à Hamadallaye ACI 2000, Bamako, un quartier qui regorge d’importantes d’entreprises. ST, la trentaine, accepte de s’ouvrir à nous, après un moment d’hésitation: « J’étais lycéen, en classe de Terminale. Mes parents ayant du mal à survivre, j’ai dû abandonner les études pour me lancer dans la quête d’un emploi. Un monsieur m’a proposé un travail de gardiennage avec un salaire de 40.000 FCFA. J’ai accepté, même si cette somme me permet à peine d’acheter un sac de riz pour mes parents. Depuis, je suis là de 8 heures à 18 heures ».

MK, également gardien, travaille dans la même précarité. Il déplore sa situation professionnelle mais il préfère rester en poste que de dormir à la maison. « Ça fait 4 ans que je suis vigile; je n’ai jamais eu de congé, de prime ni d’autres gratifications du genre ». Un autre agent de sécurité nous confie: « Je fais ce travail depuis 1 an. Mon patron nous avait  donné, à moi et mes collègues, des numéros qu’on pensait être des numéros d’affiliation à  l’INPS, mais à notre grande surprise, nous nous sommes rendu  compte qu’aucune cotisation n’avait été versée à la structure et que nous ne bénéficions, en fait, d’aucune sécurité sociale ».

Équipement sommaire

Mal payés, dépourvus de possibilités d’avancement, les agents de sécurité privés sont, en outre, ballotés d’un quartier à l’autre selon les besoins du service et au gré des ruptures ou passations de contrats des sociétés qui les emploient. Résultat: ils connaissent mal leur nouvel environnement géographique, ce qui nuit à la qualité de leur travail. Un patron d’agence fait cependant remarquer que les clients ont le loisir de demander que tel ou tel agent reste à leur service mais « en pareil cas, l’agent se familiarise avec le client et  ne travaille plus en professionnel ».

Autre faiblesse des entreprises de sécurité maliennes: elles n’ont pas  le droit d’équiper en armes leurs agents.Seule la société « Escort », qui garde, entre autres, le « Radisson », possède des fusils. Or, les matraques et les bâtons ne sont pas de nature à arrêter d’éventuels assaillants. Par contraste, en Côte d’Ivoire, les sociétés de sécurité sont autorisées, depuis 1990, à doter leurs agents d’armes. Le problème est que selon l’Union patronale des entreprises de sécurité privée et de transport de fonds de Côte d’Ivoire (UPESPCI), seules 90 des 310 sociétés en activité sont légalement constituées.

C’est peut-être parce qu’elles doutent des agences de sécurité privées que la plupart des banques utilisent une astuce: elles demandent le service de gendarmes ou de gardes nationaux auxquels elles allouent un salaire mensuel, sans préjudice de la solde versée par l’Etat. Du coup, dans les casernes, il y a une compétition sauvage pour obtenir d’être affecté à la sécurité d’une banque ou d’un établissement financier. L’idée de service public, qui doit habiuter toute force de l’ordre, y survivra-t-elle ?

Nouvelle politique ?

 Malgré leurs insuffisances, les entreprises de sécurité privées jouent un rôle positif dans la prévention de la criminalité. Incapable d’assumer ses missions régaliennes de sécurité dans toute leur plénitude, l’Etat malien devrait encourager le secteur privé qui, aujourd’hui encore, souffre d’un déficit d’encadrement légal. Que coûterait à l’Etat d’initier les lois et décrets tendant à réglementer la sécurité privée et l’usage des armes par les agents qui œuvrent dans ce domaine ?

Abdoulaye Guindo

 

Source: proces-verbal

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