Le ministre et de la Sécurité et de la Protection civile, général Salif Traoré, était hier devant les députés pour répondre à leurs questions sur la situation sécuritaire dans le pays, après le massacre de Sobane Da en début de semaine. Il était accompagné du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Boubacar Alpha Bah et de Yaya Sangaré, ministre de la Communication, chargé des Relations avec les institutions, Porte-parole du gouvernement.
Le président de l’Assemblée nationale, Issaka Sidibé qui présidait cette séance plénière l’a introduit par un rappel sur la situation chaotique que les populations vivent dans la région de Mopti. Comme il fallait s’y attendre, les questions des députés ont porté sur la tuerie qui a endeuillé le village de Sobane Da dans le cercle de Bandiagara, sur l’accord de coopération militaire entre le Mali et la France, sur le rôle de la Minusma et des autres forces étrangères engagées aux côtés du Mali dans la lutte contre le terrorisme.
Le député Mohamed Tounkara a émis des doutes quant à la mise en œuvre effective de la loi portant accord de coopération militaire entre notre pays et la France. Il a rappelé que le texte autorise des patrouilles mixtes entre l’armée malienne et le contingent français. Le député a demandé aussi, si les matériels acheminés par la France au nord du Mali sont des équipements militaires ou sont destinés à l’extraction minière. Mohamed Tounkara a suggéré que le Mali se tourne vers la Russie pour établir une coopération militaire avec le pays de Poutine.
Comme lui, d’autres députés ont exprimé leur doute sur la sincérité de la France et de la Minusma dans le cadre de leur coopération avec le Mali surtout que l’attaque de Sobane-Da a coïncidé avec la visite du chef de la diplomatie malienne en Russie.
Le député Mohamed Lamine Wagué a, lui, touché du doigt la situation sécuritaire dans le cercle de Banamba où les examens de fin d’année sont menacés. Certains de ses collègues ont interrogé le ministre sur la position du Mali concernant le renouvellement du mandat de la Minusma, le siège de la force conjointe du G5 Sahel à Bamako.
Les députés ont dénoncé les termes « génocide » et « conflit inter-ethnique » utilisés par certains médias pour qualifier la situation dans la région de Mopti. Nombre d’entre eux disent avoir la ferme conviction que les auteurs des massacres au centre sont des étrangers car pour eux, des Maliens ne peuvent pas commettre autant d’atrocités sur leurs compatriotes. Surtout qu’il s’agit des peuls et des dogons qui ont toujours partagé un espace commun.
Des élus ont demandé au ministre à quoi sert la Loi d’orientation et de programmation militaire. D’autres se sont interrogés sur l’utilité des avions militaires acquis par notre pays car, ont-ils dénoncé à chaque attaque, l’alerte est donnée et les militaires arrivent sur les lieux trop tard. Les défaillances au niveau des services de renseignement, l’absence de l’armée dans plusieurs localités du pays, sont aussi des questions soulevées par les intervenants.
En réponse aux différentes préoccupations des députés, le ministre Salif Traoré a assuré que les forces armées et de sécurité sont en train de monter en puissance. Mais, a-t-il relevé, elles n’ont pas le don d’ubiquité. Selon lui, le Mali a des avions même s’ils ne sont pas suffisants en nombre. Pour preuve, le transport des troupes et l’évacuation des blessés se fait par les moyens de l’armée malienne avec le soutien de la France.
Le ministre Traoré a expliqué que la stratégie du gouvernement est bâtie sur quatre piliers : la défense – sécurité, la gouvernance, le développement et la communication. Parlant de la Minusma, il a souligné que le gouvernement est favorable au renouvellement de son mandat. Et pour le siège de la force conjointe du G5 Sahel, il a fait savoir que le ministre en charge de la Défense est à pied d’œuvre pour trouver un local dans une structure militaire.
S’agissant du dialogue avec les terroristes, le ministre Salif Traoré a déclaré que cela n’est pas à l’ordre du jour.
D’après lui, beaucoup pensent que les auteurs des exactions au centre du pays ne sont pas des Maliens. Mais il est formel : les exactions sont bien l’œuvre des Maliens instrumentalisés. Selon lui, les terroristes sont à la base de tout ce problème car ils ont attisé les petits griefs entre les communautés pour provoquer des affrontements.
Par ailleurs, le ministre Traoré dira qu’après le massacre d’Ogossagou, plus de 200 personnes, tous des Maliens, ont été interpellées et 70 mises aux arrêts. Et pour Sobane-Da, il a précisé que le ministre en charge de la Défense et le chef d’état-major sont sur le terrain pour comprendre ce qui s’est passé afin de tirer les conséquences.
De son côté, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation dira que la défense nationale est du ressort de tout le monde, appelant à mettre fin à l’impunité et à promouvoir le mérite.
Dieudonné DIAMA
Source: L’Essor