Le 8 décembre dernier, L’Hôtel Maya sis à Sebenikoro, en Commune IV du District de Bamako, était à l’honneur pour développer le thème sur l’Intégration Régionale. L’animateur de cette conférence était Seydou Cissouma, ancien Commissaire de l’UEMOA et actuel Directeur de Cabinet de l’ancien Président ATT. Se prononçant sur les politiques d’intégration des Etats membres de l’UEMOA, l’ancien Commissaire est revenu sur le projet d’harmonisation du Baccalauréat entre les 8 pays membres de l’union qu’il trouve très emblématique. La présente est l’initiative de l’Université African Business School (ABS), sise à Hamdallaye ACI 2000.
L’OBSERVATOIRE : Bonjour Monsieur Seydou Cissouma, qu’entendez-vous par Intégration régionale ?
Seydou Cissouma : l’intégration est un processus qui associe des Etats qui décident de se mettre ensemble pour harmoniser leurs politiques économiques et sociales et se référer à des mêmes valeurs en termes de gouvernance. En un mot, le vocable se résume ou se réfère à des convergences de vue en termes d’économie et de politique. Avec l’intégration, l’on va du plus simple au plus compliqué qui est plus facile de converger les économies. On se réfère à des exemples de gouvernance partagée ou à des normes sociales communes.
En quoi l’intégration régionale peut être un facteur d’union en peuples, Nations partageant la même union ?
On peut puiser dans les éléments de patrimoine culturel où on nous enseigne l’union. Quand on est trois, on est plus fort qu’à deux ainsi de suite. La solidarité n’a jamais été une mauvaise chose que ce soit dans la vie des individus ou des organisations ; donc, dans la vie des Etats. Quand deux, trois se mettent ensemble pour poursuivre des objectifs communs, forcément ils affrontent des défis avec plus d’intelligence et leur complémentarité peut être facteur de progrès. Car, là où le mien a des limites, un Etat partenaire peut avoir, de l’autre côté, des compétences ou expertises beaucoup plus probantes. Et là où, lui aussi a des limites, moi, je peux avoir des compétences. C’est ça aussi le processus d’intégration. L’intérêt d’un processus régional, c’est que çà permet à chacun de progresser en tenant compte de ce qu’ils ont de meilleur et en apportant à l’ensemble ce que nous avons en tant que partie prenante.
Au sein de l’UEMOA, où vous avez eu à travailler en tant que Commissaire, la question de libre circulation des personnes et des biens se pose toujours. Qu’est-ce qui bloque ce projet ?
En réalité, du point de vue de la démarche normative ; c’est-à-dire des textes qui doivent gouverner le processus d’entrée à la libre circulation des biens et des personnes, l’UEMOA a adopté tous les textes qui peuvent être demandés à une organisation qui se donne pour vocation de défier les relations entre les Ressortissants des Etats qui sont membres de l’organisation. Vous savez depuis le temps de la CEAO, ç’a été l’héritage que l’UEMOA a reçu de la CEDEAO, c’était la liberté de circulation des personnes et des biens entre les six (6) pays de la CEAO et plus tard entre les huit (8) pays membres de l’UEMOA. En plus de cette liberté de circuler, on y a ajouté le droit d’établissement. Ça veut dire qu’on n’était pas assujetti de revenir, mais s’installer dans le pays de son choix. En plus de ça, on a élaboré des textes de lois qui donnent la possibilité à des catégories de professionnels exerçant des professions libérales. Parmi ceux-ci, on a les professions médicales, de pharmaciens, dentistes et d’autres professions comme les Architectes, Avocats, Ingénieurs Conseils pour ne citer que ceux-ci. Tous ont la possibilité de s’établir dans tout territoire de notre union en faisant aux mêmes conditions que les Ressortissants des pays d’accueils. C’est autant de facilités que, sur la base des orientations des Chefs d’Etats, la commission de l’UEMOA a fait adopter. Maintenant, c’est vrai les textes ont beau être magnifiques, c’est à la pratique qu’ils (les textes) ont leur utilité. C’est vrai que quand vous allez dans le corridor, vous avez des échos des tracasseries que des gens subissent. Ces pratiques sont faites par des Hommes qui ont la charge de gérer ces corridors que des textes. Rien n’empêchera un Gendarme qui veut s’affranchir des Règles en prenant de l’argent considéré comme une perception illicite alors que la personne n’a rien commis comme infraction. En réalité, la pièce minimum pour circuler ou s’affranchir des frontières de ces pays membres, c’est la carte nationale d’identité ou le passeport. Si vous avez l’une de ces pièces citées, vous avez la liberté d’aller et de revenir dans l’ensemble des pays membres de la CEDEAO. C’est, donc, la Résolution de cette union. L’UEMOA a adopté exactement la même démarche. Mais, des fois, on vous effraie en disant qu’une carte d’identité ne suffit pas. On épargne dans ce cas les Ressortissants du pays et les autres sont assujettis au paiement d’une somme d’argent, alors rien n’oblige les non Ressortissants à payer quoi que ce soit. Il faut alors de communication, de sensibilisation des citoyens sur les droits. Car, quand on connait, on est capable de la revendiquer. Cela est une responsabilité des Etats membres de la commission à mieux sur les textes régionaux qui régissent ces Etats. Il revient à ces Etats d’expliquer la règle et aussi sanctionner les agents qui enfreignent à ces textes. Car, ils font des pratiques illégales à l’union.
Au cours de votre conférence, vous avez parlé de l’harmonisation du Baccalauréat au sein de l’UEMOA. Quel est le niveau d’avancement de ce projet et la finalité recherchée ?
Le projet pour l’harmonisation du Bac, autrement dit l’organisation d’un Baccalauréat unique au sein des huit (8) pays de l’UEMOA, est un projet très emblématique. Parmi les attributions de la commission de l’UEMOA, la Conférence des Chefs d’Etat a mis parmi ses mandats l’initiative d’entreprendre des actions communes pour le renforcement et la promotion de l’enseignement à travers les 8 pays de l’UEMOA. Compte tenu de la possibilité qui est donnée aux enfants d’aller un peu partout dans l’union pour étudier dans les pays membres, il y a des disparités en termes de compétences à partir du lycée qui sont apparues. Des élèves qui vont s’inscrire dans une université sont soumis à des tests d’admission, parce que ceux qui les accueillent estiment qu’il faut s’assurer de leur niveau. Cela pose un problème. C’est un peu une petite entorse à un processus à l’intégration réussie. L’interrogation au niveau de la commission a été de dire comment en sorte que les jeunes puissent se déplacer sans contrainte. On a imaginé ce processus d’harmonisation du Bac pour faire en sorte que les programmes au niveau des enseignements dans les lycées et dans les disciplines majeures soient les mêmes selon que l’on fasse une série littéraire ou scientifique et que, en conséquence, tout cela soit sanctionné par un Diplôme d’égal valeur dans toute l’union. Pour que les contenus des enseignements soient, à peu près, les mêmes, on fera converger les programmes d’enseignement. Quand cette conversion de programmes est faite, on peut organiser un Bac de Dakar à Cotonou où les gens vont composer dans les mêmes matières avec les mêmes niveaux de difficultés et, en ce moment, ayant les mêmes Diplômes. Quel obstacle va-t-on poser à l’admission d’un enfant dans une université quelconque de l’union. C’est un projet emblématique qui avance bien et nous pensons que d’ici 2020 théoriquement, moi, tel que j’ai laissé le document et les échos qui me parviennent sur son évolution, on devait entendre la bonne nouvelle d’ici peu.
Propos recueillis par Ambaba DE DISSONGO
Source: L’Observatoire