Le Centre d’Études Statistiques et d’Informatique Appliqué e (Info-Stat) a réalisé au cours de la période allant du 15 au 19 juin 2013, un sondage d’opinion à Bamako sur la situation socio-économique et politique du pays. Un échantillon de 1 057 Bamakois âgés de 18 ans ou plus, de 36 quartiers a été interrogé. Ce sondage a touché les individus des deux sexes, de différents groupes d’âge, de niveau d’instruction et catégories socioprofessionnelles. Il ressort des résultats que 80% des Bamakois sondés ne sont pas satisfaits de la situation socio-économique et 40% restent indécis par rapport au candidat pour lequel il faut voter lors de la présidentielle. IBK est en tête des intentions de vote avec 25,2 % suivi de Soumaïla Cissé avec 10,5%. Les mêmes résultats montrent que les principaux acteurs de la transition (Dioncounda Traoré, le Capitaine Sanogo, Diango Cissoko et Cheick Modibo Diarra) sont appréciés par les sondés.
Au cours de ce sondage, les questions ont porté principalement sur la situation socio-économique du Mali, les niveaux de satisfaction par rapport à la gestion du pays en cette période de crise et la prochaine élection présidentielle. L’opération a été circonscrite à la ville de Bamako, en raison des ressources financières limitées du service de sondage. Cependant, elle donne une large vision sur les intentions par rapport aux sujets concernés
Ainsi, une très forte majorité (80%) des Bamakois interrogés ont déclaré qu’ils ne sont pas satisfaits de la situation socio-économique actuelle du Mali. Seuls 20% des sondés ont exprimé un sentiment contraire. Le taux d’insatisfaction est un peu plus élevé chez les hommes (83%), comparés aux femmes (76%).
De l’avis d’une grande majorité (76%) des sondés, la situation qui prévaut dans les régions nord du Mali est un des principaux problèmes auxquels le pays est aujourd’hui confronté. La seconde préoccupation majeure des habitants de la capitale est le coût de la vie qui a été mentionné par 68% des personnes interrogées. Le chômage (40%) et l’alimentation (36%) sont deux autres problèmes majeurs qui ont été cités par plus d’un tiers des habitants de la capitale.
Une opinion positive sur 4 acteurs majeurs de la transition
Les sondés ont cité plusieurs autres préoccupations, mais dans des proportions beaucoup moins importantes que les quatre précédentes. Par ordre de fréquence, il s’agit de: école et qualité de l’enseignement (20%), insécurité (18%), corruption (16%), problème d’électricité (12%), santé et qualité des soins (8%) et logement (5%).
Le sondage a aussi porté sur la popularité des acteurs de la transition. D’une manière générale, la majorité s’est déclarée satisfaite de leurs actions. Ainsi, 67% ont émis une opinion positive sur Dioncounda Traoré, en tant que président de la République par intérim. Le chef de l’ex-CNRDRE, le Capitaine Amadou Haya Sanogo est apprécié par 69% des habitants de la capitale. Les taux de satisfaction sont de 61% pour l’actuel premier ministre (Diango Sissoko) et l’ex-premier ministre (Cheick Modibo Diarra). On remarquera toutefois que l’actuel premier ministre est relativement moins bien connu; les proportions de sondés qui n’ont pas d’opinion étant de 21% pour Django Sissoko, contre 17% pour l’ex-premier ministre et 7% pour les deux autres personnalités.
A environ un mois du premier tour de l’élection présidentielle de 2013, une proportion importante (40,0%) des Bamakois de 18 ans ou plus, qui ont l’intention de voter, n’ont pas encore fait leur choix. Au delà de cette indétermination, la tendance actuelle semble favorable au RPM avec 28,6% des intentions de vote, dont 25,2% clairement pour IBK et 3,4% pour le candidat du parti (sans précision). L’URD arrive en seconde position avec 10,5%. Elle est suivie du FARE (3ème, 6,3%), puis de l’ADEMA (4ème, 4,1%). La cinquième place est occupée par le parti YELEMA, avec 3,2% des intentions de vote.
L’enquête relève que l’attrait du RPM est plus prononcé chez les Bamakois de sexe masculin, ceux de 45 – 54 ans, ainsi que les résidents de la Commune IV. Dans cette commune du reste, le RPM est crédité de 36% des intentions de vote, contre au mieux 8% pour tout autre parti.
L’URD présente une situation moyenne dans toutes les communes, à l’exception des communes IV (probablement en raison de la prépondérance du RPM) et III. Par ailleurs, les intentions de vote en faveur de ce parti sont d’autant plus importantes qu’on a affaire à un électorat jeune. L’URD a également la faveur des commerçants (16%), plus que toute autre catégorie socioprofessionnelle. Les intentions en faveur du FARE sont plus importantes au sein de la population juvénile (18 – 24 ans, élèves et étudiants).
La crise actuelle a-t-elle affecté les intentions de vote de la population bamakoise? Une comparaison entre les résultats de ce sondage et ceux de l’opération similaire réalisée en décembre 2011 (juste avant le début de la crise) fournit quelques éléments de réponse à cette interrogation. Ainsi, à propos de l’élection avortée de 2012, le RPM (avec 20,6% des intentions de vote), l’URD (14,4%) et l’ADEMA (6,9%) constituaient le trio de tête. En 2013, le RPM occupe toujours la 1ère place, avec 28,6%. Il est suivi de l’URD (10,5%) et du FARE (6,3%).
Une synthèse de Youssouf CAMARA