“Jeunesse et traditions”. C’est le thème de la 20e édition de Ségou Art Festival sur le Niger qui débute aujourd’hui pour s’achever le 4 févier 2024 dans la Cité des Balanzans sur les différents sites du festival.
Dans sa dynamique de faire de Ségou une ville créative, la Fondation festival sur le Niger a donné les couleurs de cette 20e édition de Ségou Art Festival sur le Niger lors d’une cérémonie de lancement.
Deux décennies déjà que dure cette aventure de promotion de la culture, de l’économie locale et de la sauvegarde du patrimoine culturel. Le programme de cette édition s’annonce alléchant avec la foire de Ségou, le forum Maaya Africa, la nuit du pagne tissé avec la mode qui entre dans la danse comme touche innovante, la caravane culturelle pour la paix.
Elle servira d’occasion aussi de mettre en lumière d’énormes disciplines et expressions artistiques et culturelles notamment les arts visuels à travers le salon d’art contemporain, le théâtre, les colloques, la danse, les concerts géants sur les berges du fleuve…
12 artistes plasticiens ont été retenus pour l’exposition IN parmi lesquels 3 seront primés lors de la cérémonie officielle du festival.
250 000 visiteurs sont attendus pour la foire et le rendez étant déjà pris aujourd’hui sur les berges pour la cérémonie inaugurale de la foire.
Que les hostilités commencent !
Aminata Agaly Yattara
Envoyée spéciale
Festival sur le Niger :
Hommage aux anciens
En prélude aux activités du Festival sur le Niger, édition 2024, un vernissage de l’exposition photos a eu lieu le 27 janvier dernier, afin de retracer tout le parcours de Ségou Art Festival sur le Niger de 2015 à nos jours.
Cette année, le Festival sur le Niger a 20 ans. Des hommes et des femmes, pendant 20 ans, se sont donné corps et âmes. L’exposition photos est aussi un hommage à tous les anciens vivants ou non.
C’était un moment historique plein d’émotions pour les visiteurs et pour l’équipe du festival qui travaille depuis 20 ans de façon acharnée pour le développement de la culture ou des échanges. Ces efforts ont abouti à 20 ans de créativités, de renforcement de capacité de professionnalisation, de partage et d’unité, de sauvegarde de la diversité culturelle, d’échanges, de promotion de la paix à travers le programme “caravane culturelle pour la paix”.
Ségou Art Festival sur le Niger, c’est aussi c’est aussi le Centre culturel Korê, l’Institut Korê des arts et métiers qui donne des enseignements dans beaucoup de pays africains aujourd’hui.
Le promoteur de Ségou Art Festival sur le Niger Mamou Daffé n’a pas manqué de dire toute sa satisfaction et ses impressions pour ces 20 ans de joie commune “ça me donne une idée profonde surtout les amis disparus, les anciens qui ne sont pas avec nous aujourd’hui, je voudrais leur rendre un vibrant hommage et remercier la jeune équipe qui a pris le flambeau du Festival sur le Niger depuis quelques années”.
Festival sur le Niger a tenu pendant 20 ans sans interruption. Le directeur expliquera que “C’est la magie de la culture qui nous permet de nous lier, c’est seule la culture qui permet cette force artistique. Aujourd’hui Ségou c’est comme une mini-Afrique car des créateurs viennent de partout parce que dans le domaine artistique, il n’y a pas de différence de couleur, il n’y a pas de barrière de langue. Nous sommes un seul peuple, nous faisons humanité avec le reste du monde”.
L’édition 2024, c’est du 30 janvier au 4 février.
Albert Kalambry
Correspondant à Ségou
MICRO-TROTTOIR
Que pensent les Ségoviens de leur festival et que proposent-ils pour les éditions futures ? Nous avons posé la question à des Ségoviens.
Zoumana Kané, historien
“L’une des manifestations les plus prestigieuses de la sous-région”
“Je fais partie des gens qui ont participé à la naissance du festival. Le Festival sur le Niger s’est enraciné dans les traditions ségoviennes. Il intègre le “maako ani maaya jamana”, comme on dit à Ségou. Ce n’est pas seulement l’aspect folklorique ou ludique mais aussi, tout ce qui est social. Je peux dire que le festival sur le Niger a beaucoup mûri. C’est l’une des manifestations les plus prestigieuses de la sous-région qui a même une dimension internationale.
Je pense qu’il faut davantage réintégrer tout ce qui concerne le local, l’aspect culturel. Tout est culture dans son ensemble, mais l’aspect culturel, c’est de chercher à savoir qui nous sommes à travers nos chants et danses, et qu’on essaye l’expression artistique, scénique que cela soit encore beaucoup plus amélioré comme on a tendance à s’appesantir sur l’expression des arts visuels et l’aspect plastique”.
Fatoumata Touré, Conseil régional de la jeunesse
“C’est notre fierté”
“Après 20 éditions, il faut croire que le Festival sur le Niger est devenu un véritable moyen de faire connaitre notre valeur culturelle à nous Maliens. C’est un événement culturel majeur d’une ampleur sans précèdent pas seulement au Mali mais partout dans le monde. Au cours de ces deux décennies, le festival a boosté de l’économie régionale et nationale. Il faut noter aussi le nombre d’emploi qui se créée autour du festival sur le Niger.
A mon avis, le Festival sur le Niger est une fierté nationale, une fierté africaine. L’initiative qui est partie du Mali, ne cesse de se perfectionner toutes les années. 20 ans ce n’est pas 20 minutes, en 20 ans, le festival est devenu un grand événement culturel connu, aimé et les échos sont partout dans le monde. Personnellement, je dirais qu’il faut améliorer la sécurité autour de l’événement et de la ville. Parce que pendant la période, il y a beaucoup de monde à Ségou, il faut des mécanismes afin de diminuer les cas d’accidents de la circulation et renforcer la sécurité sur tous les sites du festival”.
Aboubacar Sidiki Diarra, étudiant à l’Université de Ségou
“Primez les étudiants”
“Le Festival sur le Niger est devenu un événement grandiose. Il a permis à moi et à beaucoup de mes camarades d’être plus proche de certaines personnalités qu’on voyait à la télé comme les artistes de renom et les comédiens. Dans notre apprentissage aussi, “Kôrê Baro” contribue beaucoup à cela.
Si les organisateurs doivent revoir quelque chose, à mon avis c’est vraiment le côté des étudiants, insérer dans le programme quelque chose qui puisse intéresser plus la formation des étudiants de l’Université de Ségou dans leur apprentissage et les conditions d’accès aux différents concerts du festival, faire un prix spécial pour nous les étudiants”.
Gaoussou Fofana, directeur régional de l’hôtellerie et du tourisme
“Bilan positif”
“Après 20 ans éditions, le Festival sur le Niger s’est imposé comme un événement culturel. Si on me demande de jeter un regard rétrospectif sur les 20 ans, je dirais simplement que le bilan est positif sur tous les plans.
Sur le plan social, le festival a contribué à la création d’emplois et continue à créer. Sur le plan économique, il a contribué à la construction d’infrastructures économiques, notamment les hôtels. Avec la crise qu’a connue notre pays, si aujourd’hui, il y a beaucoup d’hôtels qui sont sur pied, c’est grâce au Festival sur le Niger. Sur le plan culturel, il a contribué au rayonnement de la culture régionale sinon malienne.
Aucune œuvre humaine n’étant parfaite, je pense que le volet culturel peut être amélioré davantage parce que le festival doit contribuer à la préservation de notre patrimoine culturelle ou identité culturelle. Ces derniers temps, je ne dirais pas que le festival est en train de s’éloigner de ça mais, moi je pense qu’il doit mettre un accent particulier sur nos valeurs. Je demanderais aussi d’associer davantage non seulement les services techniques mais aussi les populations locales dans l’organisation de l’événement pour que les locaux se retrouvent dans le contenu de la chose cela ne fera que l’agrémenter.
Il faut aussi réfléchir à faire en sorte que le festival puisse créer des pools impliqués directement au développement de la région. Le festival a aujourd’hui atteint sa maturité, c’est un événement majeur ils peuvent prendre pas mal d’initiatives qui peuvent aller dans le sens du développement de la région”.
Emmanuel Théra, journaliste
“Revalorisez les journalistes locaux”
“Le Festival sur le Niger a 20 ans. Il est une occasion de partages, de se faire de l’argent. En 20 ans Ségou, a accueilli des millions de personnes. Dans le temps le grand monde venait de l’extérieur mais aujourd’hui le festival est purement malien pour les raisons que tout le monde sait. C’est vraiment un événement qui mérite d’être protégé.
En tant que journaliste local, je parlerais plutôt des conditions de travail des journalistes de Ségou surtout le côté financier. Je demanderais aux organisateurs de revaloriser les journalistes locaux en les mettant dans les conditions qu’il faut pour la couverture. Parce qu’il faut reconnaitre que les journalistes étrangers sont plus considérés que ceux de Ségou alors que c’est pratiquement la même envergure, les mêmes followers, les mêmes capacités de traitement de l’information et même de relais.
Aujourd’hui si les organisateurs parvenaient à revaloriser les médias ségoviens, ça serait une très bonne chose”.
Bintou Ouologuem, commerçante
“Impliquez les Ségoviens !”
“A mon avis, le pari est gagné par le Festival sur le Niger. 20 ans dans l’organisation de ce grand rendez-vous n’est pas chose facile. Le festival a créé chez moi un temps où je gagne ce que je n’ai pas gagné pendant le reste de l’année. La période du festival est un grand temps de vente pour beaucoup de commerçantes comme moi. Je demande aux organisateurs d’impliquer plus la population ségovienne dans l’organisation du festival car j’ai l’impression que le festival s’éloigne de plus en plus des Ségoviens”.
Propos recueillis par
Dieny Albert Kalambry
(correspondant à Ségou)