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Sans Tabou: une grande muette trop loquace

« Le CEM-AA à Sévare pour une opération d’envergure en perspective », c’est le titre d’un article sur le site officiel des Forces armées du Mali (FAMa). Dans un pays où le territoire est quadrillé par des groupes armés terroristes à 70 %, une telle déclaration, fut-elle une réponse voilée aux critiques de plus en plus accentuées des populations, relève d’un pari trop risqué de la part de celui qui la tient. N’a-t-on pas encore suffisamment appris des événements de mai 2014 à Kidal ?

 

Alors que l’insécurité a gagné du terrain, notre armée semble se perdre dans des actions d’autopromotion peu fructueuses : « Arrivée bientôt de M-I35, de drones… » Le chef de la junte militaire, le Colonel Assimi Goïta, non moins vice-président de la transition qui s’était fait filmer, il y a quelques semaines, dans un hélico de l’armée de l’air, comme un commando en route pour libérer le village de Farabougou assiégé par des terroristes est passé par là. Bientôt trois mois après son occupation, les habitants de ce village et même un détachement de l’armée restent otages des jihadistes qui y interdisent tout mouvement. Pire, dans la même commune, et au-delà dans le cercle, d’autres villages sont en passe de tomber entre les mains des terroristes. A-t-on encore besoin de publicité autour des actions de nos FAMa dans leur lutte contre les GAT ?
En mai 2014, de retour à Bamako, après une visite tumultueuse à Kidal, le Premier ministre de l’époque, Moussa Mara, a confié à RFI, « les terroristes ont déclaré la guerre au Mali, le Mali est donc en guerre contre ces terroristes », avant d’ajouter : « Cette attaque du gouvernorat est une déclaration de guerre parce… Des renforts d’ailleurs sont déjà arrivés à Kidal. Maintenant, il va falloir que nous traitions cela avec la dernière rigueur. C’est aussi simple que cela ».
La conséquence, une tentative de reprise du gouvernement de Kidal par l’armée a été soldée par un échec cuisant, qu’il est inutile de rappeler ici.
Comme si on apprenait très peu de nos échecs, le nouveau chef d’état-major de l’Armée de l’Air, le colonel Alou Boï Diarra, en visite de travail dans la 2e région aérienne, du dimanche 22 au lundi 23 novembre 2020, annonce ‘’l’arrivée imminente des drones et des aéronefs pour renforcer davantage les capacités opérationnelles de l’Armée malienne en général et de l’Armée de l’Air en particulier’’, annonce le site officiel des FAMa. Comme si cela ne suffisait pas, c’est un CEM-AA bavard à Sévaré qui va jusqu’à annoncer ‘’une opération d’envergure en perspective’’. Dès lors, la grande muette devient la grande bavarde. Qu’est-ce qui a donc changé en si peu de temps pour qu’un CEM-AA se mette à mettre sur la place publique les secrets de son armée ? À qui profitent ces publicités ? En tout cas, pas à l’armée encore moins les populations qui ne cherchent qu’à être libérées des griffes des forces du mal. L’ennemi nous cerne déjà et nous suit dans nos moindres faits et gestes. Nos publicités leur servent d’alerte. Attention donc !
Comme la DIRPA elle-même aime à rappeler les journalistes à l’ordre sur le traitement des informations sensibles sur l’armée et la question sécuritaire en général, nous pensons qu’il est temps d’instaurer une certaine rigueur autour des opérations de communication de l’armée en son sein.
Aujourd’hui, malgré les critiques qui fusent de partout contre certains faits et gestes les concernant, les FAMa n’ont pas besoin de publicité autour de leurs actions contre le terrorisme, mais des actions concrètes qui ne manqueront jamais de faire la Une des différents médias de la place. Ensemble, nous vaincrons l’ennemi.

PAR SIDI DAO

Source : INFO-MATIN

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