Le conseil des ministres du mercredi 10 mars a procédé à plusieurs nominations. Des nominations qui ne sont pas passées inaperçues au sein de l’opinion. Pour cause, plus d’une dizaine de colonels ont été nommés à des postes de responsabilité au sein de l’administration. Ils sont nommés soit comme conseillers techniques, inspecteurs à l’Inspection générale des armées et services ou chef de cabinet. Ces nominations viennent une fois de plus donner raison à ceux qui ont toujours critiqué la militarisation de la Transition. Jusqu’où iront les autorités de la Transition avec la militarisation de l’administration ?
Depuis le renversement de l’ancien régime par des militaires, des Maliens ne cessent de s’inquiéter face à une militarisation du pouvoir. La Transition a pris goût à nommer des militaires à des postes de responsabilité jadis occupés par des civils. Malgré les critiques et les dénonciations, la pratique continue de plus belle.
Le ton de ces nominations qui suscitent des débats et des inquiétudes au sein de l’opinion a été donné lors du conseil des ministres du mercredi 25 novembre 2020. Les autorités de la Transition ont nommé 13 officiers et sept civils pour occuper les vingt postes de gouverneurs. Aussi, de nombreux militaires sont nommés aux postes de préfets et de sous-préfets. Ces nominations ont suscité beaucoup de débats. Mais rien n’a changé. Beaucoup de concitoyens n’ont pas caché leur inquiétude face à ce qu’ils qualifient soit de militarisation ou encore de ‘’colonelisation’’ de la Transition.
Très remontés contre la nomination des militaires dans les gouvernorats et dans les préfectures, les administrateurs civils ont tapé du poing sur la table pour dire trop c’est trop. C’était le 28 novembre au gouvernorat du district de Bamako.
Par contre, pour cause de l’insécurité dans plusieurs localités du pays, des Maliens ont été indulgents face à la nomination des militaires dans les gouvernorats. Pour eux, l’insécurité peut justifier et légitimer le choix des militaires dans certaines régions. C’est pourquoi leur nomination dans les localités où l’insécurité sévit a été diversement appréciée.
Les gouverneurs étant les premiers représentants de l’État au niveau régional, ils ont la charge de rétablir l’autorité de l’État dans leurs circonscriptions. C’est pourquoi la nomination des militaires à la tête des régions en proie à l’insécurité a été saluée par certains.
Mais, aujourd’hui, le constat est qu’en plus des zones d’insécurité, ces nominations se font dans tous les services de l’administration au moment où les militaires sont attendus sur d’autres fronts.
Face à la tournure actuelle que prend la gestion du pays, l’ancien secrétaire général adjoint des Nations unies, Cheick Sidi DIARRA, a manifesté son mécontentement et son inquiétude. Il a dénoncé le silence coupable des Maliens face à la gestion des militaires.
« Ils n’ont pas besoin d’intellectuels, pas plus besoin de militants ni même de bâtisseurs, encore moins du citoyen lambda. Ils ont besoin d’hommes et de femmes liges pour remplacer un système prédateur par un système qui ordonne, qui enjoint, impose, prescrit, décide en cercle fermé de notre destin, en excluant les pans entiers de la Nation des choix qui vont pourtant l’engager pour une génération au moins », s’est révolté l’ancien Ambassadeur.
PAR MODIBO KONE
Source : INFO-MATIN