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Sans Tabou: Farabougou, un accord problématique…

Le Haut conseil islamique du Mali a obtenu, la semaine dernière, un consensus entre les djihadistes et les donzos ayant permis de lever le blocus sur Farabougou, un village qui était assiégé depuis des mois. Si l’accord a été salué, tout indique, à travers ses clauses, qu’il s’agit ni plus ni moins que d’un arrangement qui compromet les valeurs et les principes de la démocratie et de la laïcité dans notre pays, ouvrant la voie à l’application de la Charia par des Djihadistes présumés sur les portions de territoire qu’ils contrôlent.

 

Encerclé pendant plus 6 mois, le blocus sur le village de Farabougou a été levé, la semaine dernière, suite à la médiation du Haut conseil islamique du Mali. Ce village était complétement assiégé et séparé du reste du monde. Ce, d’autant plus que personne ne pouvait renter ni sortir du village, au risque de perdre la vie. Et, cette zone n’était accessible que par voie aérienne et c’est par ce moyen que l’État ravitaillait la population en nourritures et en eau. Et les militaires qui y ont été parachutés étaient plutôt cantonnés.
Face à la situation, le Haut conseil islamique a entamé la médiation, après plusieurs mois de rounds de pourparlers, a pu arracher un accord aux djihadistes et aux donzos.
Les clauses de cet accord ont été rendues publiques, le lundi dernier, par nos confrères de « Le Procès-Verbal » puis de « Les Échos », contenant plusieurs mesures à respecter par les différentes parties.
Si l’initiative est à saluer, l’accord obtenu par le Haut conseil islamique est tout de même liberticide, en particulier pour les femmes.
En effet, dans cet accord, il est expressément conclu l’interdiction aux femmes de circuler sans voile dans les zones où l’espace contrôlé par les djihadistes, rapportent plusieurs sources.
Pour corroborer ces informations, il est écrit noir sur blanc, dans l’accord, que nous avons pu consulter: « La liberté aux femmes de porter les habits de leurs choix sauf dans les zones où se trouvent les djihadistes ».
Si le Haut conseil islamique du Mali a pu arracher un accord en vue de soulager la population de Farabougou, le document renferme cependant des germes contre la liberté d’aller et de venir des femmes sur une partie du territoire national. En clair, les femmes doivent s’habiller selon la convenance des djihadistes avant de se rendre sur leur ‘’territoire’’.
En effet, la clause sur le choix des habits des femmes est réductrice et compromet dangereusement la liberté individuelle et la laïcité de la République du Mali. Par conséquent, elle constitue une violation de la Constitution du 25 Février 1992 qui est validée par le Haut conseil islamique.
En acceptant cette clause, on remet en cause beaucoup de valeurs et de principes.
Or, ce point n’a aucune référence religieuse et culturelle de notre pays. Au plan religieux, le Prophète Mahomet (PSL) a partagé la même ville avec des mécréants qui ne croyaient pas à l’existence de son Dieu. Au plan culturel, au Mali, chaque citoyen est libre de porter l’habit de choix, à défaut de ne pas porter atteinte à nos mœurs et à nos coutumes. Mais, pour amadouer un groupe armé, il faut céder à certaines de ses caprices, surtout si ses membres sont appelés Djihadistes.
Aussi, de facto, le Haut conseil islamique agit-il comme si le Mali était un Etat fédéral où chaque Etat membre est disposé à prendre des textes et des mesures à appliquer sur son territoire.
Oui, au dialogue pour ramener la paix. La prudence doit être cependant de mise pour éviter une jurisprudence pouvant conduire à l’application, un jour, de la Charia sur une partie du territoire national, comme en 2012.

Par Sikou BAH

Source : INFO-MATIN

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