Les concertations ont vécu, avec d’intenses débats, des contributions et une charte adoptée. Cependant la polémique enfle toujours, comme d’habitude. La démocratie étant comme une dictature de la majorité, l’unanimité est un produit rare. Mais c’est bizarre que les Maliens puissent rarement s’entendre pour adopter un instrument, suivant une démarche consensuelle, qui implique concession et compromis. La constance de ce constat se confirme au sortir des concertations nationales organisées par le Comité national pour le Salut du peuple (Cnsp) les 10, 11 et 12 septembre 2020, autour de la transition.
« A la fin, à la lecture du rapport tout le monde était content et on a acclamé. Mais à la lecture du rapport définitif, c’était une déception, parce que beaucoup de nos contributions n’ont pas été prises en compte, ils [les militaires du Cnsp] ont essayé de mettre la ruse et finalement ça va être du n’importe quoi », selon un participant.
Il y avait quelque chose de très important : tout le monde s’attendait à ce qu’on dise clairement si c’est un civil ou un militaire qui va diriger la transition. Mais le Cnsp a prévu des éventualités en prévoyant une vice-présidence de la transition et la présidence pouvant être assurée par « un militaire ou un civil ».
On a donné au vice président la charge de la défense nationale, la sécurité etc. Donc « si la Cédéao exige un président civil, le Cnsp pourraient le faire, mais en se rabattant sur la vice-présidence qui sera occupée par un militaire et qui va jouer un rôle essentiel », pointe-t-il du doigt l’astuce militaire. En revanche si le président est militaire et qu’on prenne un vice-président civil, le militaire va toujours dominer parce qu’il est le président qui va lui tracer son chemin, poursuit-il. Dans les deux hypothèses, les militaires font en sorte, qu’ils ne perdent pas la main.
Voyant le flou qui entoure l’adoption de la charte, un militant des droits de l’homme participant aux travaux, n’a pas raté l’occasion pour faire entendre la voix. En effet, le Secrétaire Général du Réseau des Défenseurs des Droits de l’Homme, ancien Directeur exécutif d’Amnesty international Mali, Salim Dedeou Traoré, dans son intervention a souhaité que si c’est un militaire qui devient président de la transition, qu’on mette un ministère des droits de l’homme assuré par un civil. Il a expliqué cette proposition par deux raisons essentielles : « la première, c’est que le militaire est égal à un homme plus une arme. Et donc quand la discussion chauffe entre les hommes, jusqu’à un certain niveau, le militaire va recourir à son arme. Dans ce cas, il faut dans le gouvernement, des gens qui puissent dire « non, vous ne pouvez pas faire ça », cela pour atténuer certaines ardeurs », selon Salim Dedeou Traoré.
On se rappelle que Salim D. Traoré, qui assurait la Direction exécutive d’Amnesty Mali, pendant la transition de 2012-2013, n’a pas eu sa langue dans la poche. Ce qui lui a valu un exil forcé en février 2013, lorsque son domicile a été attaqué nuitamment par des éléments de junte. Aujourd’hui, on le retrouve dans son rôle. Une con
- Daou
Source: Journal le Républicain-Mali