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Sahel: liens étroits entre trafics et groupes jihadistes, selon une ONG

Une étude d’un centre de recherche sud-africain publiée mardi met en lumière les liens étroits qu’entretiennent les groupes jihadistes présents au Sahel avec les nombreux trafics de drogue, médicaments, armes, motos, et carburant qui y sont opérés. “Les activités illicites sont au coeur des stratégies de survie, d’implantation et d’expansion des groupes extrémistes dans le Liptako-Gourma”, indique l’Institut d’études de sécurité (ISS) dans ce rapport publié après deux ans de recherches dans la zone du Liptako-Gourma,large région transfrontalière entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger qui est aujourd’hui l’épicentre de la crise sahélienne.Selon l’ISS, les groupes jihadistes font preuve de “pragmatisme” et d’”opportunisme” vis-à-vis de ces trafics qui sont opérés depuis des dizaines d’années au Sahel et au Sahara, des régions immenses où les présences étatique et humaine sont très faibles.Ils peuvent ainsi se “générer localement des ressources financières (…) afin de se procurer des moyens de subsistance et des moyens opérationnels (armes, munitions, motos, pièces détachées, carburant, moyens de communication)”.L’étude, menée auprès de 800 interlocuteurs membres ou non de groupes armés jihadistes, dont certains en prison, souligne que le lien entre trafics et jihadistes est “généralement indirect, en ce qu’ils ne sont pas propriétaires des produits trafiqués”.Sur la question de la drogue notamment, l’ISS indique que les groupes jihadistes – ainsi que des groupes armés maliens signataires de l’accord de paix de 2015 – “seraient rétribués pour la nécessaire protection qu’ils fourniraient aux convois de marchandises”. S’ils ne sont pas acteurs directs du trafic, ces groupes ferment les yeux et en tirent un bénéfice.Concernant les vols de bétail, l’ISS note que c’est un phénomène courant dans cette région sahélienne et que les groupes jihadistes en tirent également un bénéfice. “Tous les groupes armés de la zone sont impliqués dans l’enlèvement du bétail; leur survie en dépend”, a ainsi indiqué à l’institut de recherche un ancien membre d’un groupe jihadiste au Niger en 2018.Les jihadistes prélèvent aussi un impôt sur le bétail, la zakat, “une taxe que les éleveurs sont contraints de payer à des groupes +jihadistes+ en contrepartie d’une protection”. Le refus de payer cet impôt peut être fatal, comme l’a indiqué à l’ISS un commerçant nigérien: “J’ai été contraint de payer 5000 FCFA (8 euros) pour mes deux vaches. Celui qui ne paie pas est tué et ses animaux emportés”.Selon l’ISS, l’implication dans des activités illicites de ces groupes -ainsi que leur attitude dans des conflits locaux- a “facilité” leur implantation et le recrutement dans certaines communautés de la région.

AFP

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