L’expatriation réserve parfois des surprises désagréables. Des commerçants maliens de Kinshasa, en République Démocratique du Congo, en ont fait la triste expérience à la mi-février 2014, date à laquelle ils ont reçu, au domicile d’un des leurs, la visite d’hommes en uniforme.

Ces agents, forts certainement de renseignements précis, ont, selon nos informations, fait irruption au domicile d’un Malien chez lequel ses compatriotes commerçants (au total une quarantaine de  personnes) s’étaient retrouvés à Kinshasa, quelques heures avant le voyage d’un des leurs pour des achats dans un pays asiatique. Ces visiteurs indésirables, qui se sont adressés à nos compatriotes en langue française, portaient, selon nos informations, l’uniforme de la garde présidentielle de ce pays, qui accueille depuis belle lurette et sans anicroche majeure des Maliens.

Ce qui fait dire à certains qu’il pourrait s’agir d’un acte de banditisme pur, quand on sait que la RDC, qui se remet progressivement d’une longue crise, est encore en proie à la présence par endroits de groupes armés ou d’anciens combattants qui tentent de se fondre dans la population.

Menacés de mort et pris de panique, nos pauvres commerçants furent aussitôt dépossédés de la coquette somme de 2 600 000 dollars américains, soit plus d’un milliard de FCFA, par ces braqueurs, qui se disperseront dans la nature après avoir commis leur forfait. Démunis de presque de tout pour certains aujourd’hui, ces commerçants comptent sur le soutien des autorités maliennes pour tenter d’éclaircir cette rocambolesque affaire, qui vient démontrer une fois de plus combien nos compatriotes de la diaspora souffrent.

La Commission des Affaires Etrangères et de l’Intégration Africaine de l’AN se saisit du dossier

Aussitôt saisie de cette situation déplorable, la Commission Affaires Etrangères et de l’Intégration Africaine de l’Assemblée Nationale, que dirige l’Honorable Mme Diallo Aïchata Touré, n’a pas attendu pour réagir. Composée pour la plupart de députés ayant longtemps séjourné à l’étranger, cette Commission a rapidement demandé à entendre le ministre des Maliens de l’Extérieur, Abdramane Sylla. Comme pour dire qu’elle entend jouer tout son rôle dans le contrôle de l’action gouvernementale, notamment, dans la défense des intérêts des Maliens de la diaspora.

Au cours de son audition, qui a duré plus de 2 heures vendredi dernier à l’Assemblée Nationale, le ministre Sylla, accompagné du Délégué général des Maliens de l’Extérieur et ancien Préfet de Kati, Ibrahim Mamadou Sylla, a confirmé les informations selon lesquelles il avait lui aussi été saisi du dossier au cours du récent périple qui l’a conduit dans la capitale congolaise.

Mais, a-t-il précisé, en privé. Durant les échanges avec la Commission des Affaires Etrangères et de l’Intégration Africaine, le ministre Abdramane Sylla a souligné qu’il avait conseillé à nos compatriotes de passer par des circuits «normaux» pour toute transaction, avant de déclarer qu’il leur avait aussi demandé de porter plainte devant les juridictions congolaises compétentes.

Yaya Samaké