La médiation burkinabè a proposé lundi, après trois jours de négociations, un nouveau projet d’accord au régime malien et aux rebelles touareg occupant Kidal, dans le nord-est du Mali, espérant que ce document sera adopté mardi.
Le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur désigné par l’Afrique de l’Ouest qui a lancé samedi à Ouagadougou les négociations, « a remis aux différentes parties le projet prenant en compte (leurs) observations », a déclaré devant la presse le chef de la diplomatie burkinabè Djibrill Bassolé.
La délégation de Bamako, conduite par l’ancien ministre Tiébilé Dramé, et la délégation conjointe touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) « ont demandé quelques heures pour retourner faire un compte-rendu à leur base et à leurs mandants afin de pouvoir revenir demain (mardi) pour l’adoption finale de ce document », a indiqué Djibrill Bassolé.
L’enjeu des négociations est de permettre la tenue à Kidal de la présidentielle prévue le 28 juillet dans tout le Mali, élection destinée à aider le pays à sortir de l’ornière.
Le MNLA et le HCUA ont ces derniers mois refusé la présence de l’armée et de l’administration maliennes à Kidal, exigeant la sécurisation du scrutin par la future force onusienne, la Minusma, attendue en juillet au Mali et qui absorbera la force panafricaine (Misma) déjà sur place.
Appuyée par des diplomates (ONU, Union africaine et Union européenne) représentant la communauté internationale, la médiation, qui espérait un accord dès lundi, a travaillé « en particulier » sur la question du déploiement des forces armées maliennes dans la région de Kidal, a souligné M. Bassolé.
« Nous avons obtenu un accord sur le principe » pour « un retour pacifique, réussi » des forces maliennes « en même temps que de l’administration d’Etat et des services sociaux de base au Nord-Mali », a-t-il poursuivi. « Rien ne bloque », a-t-il insisté. »Toutes les dispositions sont prises dans l’accord pour qu’il n’y ait aucun incident, aucun désagrément qui puisse rompre la confiance » et compromettre la tenue de l’élection à la date prévue, a assuré le ministre burkinabè.
Le projet d’accord prévoit de créer « une commission mixte de sécurité » réunissant les deux camps pour « déterminer les modalités de retour de l’armée et surtout pour créer le bon esprit », a-t-il ajouté, sans préciser ces modalités ni le calendrier.
Selon une source proche des discussions, la médiation a proposé un « retour graduel » des forces armées maliennes à Kidal et un « cantonnement » des éléments des groupes armés touareg.
Pour rassurer les mouvements touareg qui « n’ont pas confiance en l’armée malienne », craignant « des massacres », les troupes de Bamako devraient être « encadrées » par l’armée française, présente à l’aéroport de Kidal, et la Minusma, a précisé une source diplomatique.
Plus tôt, M. Bassolé avait reconnu que la « méfiance » persistait entre les deux camps, « en particulier après les derniers événements d’Anefis », une ville située à une centaine de kilomètres au sud de Kidal, que l’armée malienne a reprise le 5 juin aux groupes touareg après des combats.
Les rebelles touareg se sont installés fin janvier à Kidal à la faveur de l’intervention militaire française contre les groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda. Les jihadistes avaient pris en 2012 le contrôle du nord du Mali, s’alliant d’abord au MNLA qui avait lancé l’offensive, avant d’évincer ce mouvement dans la région.
Selon des sources concordantes, les deux parties se sont entendues sur le respect de « l’intégrité territoriale » du Mali et de la laïcité de l’Etat. Cependant Bamako refusait ces dernières heures l’utilisation, dans le document final, du terme « Azawad », par lequel les autonomistes touareg désignent la région septentrionale du Mali.
Les émissaires du régime malien « agitent le terme +Azawad+ comme un chiffon rouge », mais les mouvements touareg « y tiennent », a souligné un diplomate.