Alors qu’aucun signe, du moins officiellement, ne présage la fin proche de la pandémie du coronavirus ou même une baisse de sa propagation, le gouvernement, à travers le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, décide de la réouverture des classes, à partir de demain mardi. Malgré les instructions données pour la mise en place des dispositions d’une reprise sécurisée sur le plan sanitaire, la décision suscite des interrogations. Les plus sceptiques prédisent déjà un cataclysme sanitaire et même des procès contre l’État du Mali.
Suite au Conseil de défense tenu ce 8 mai 2020, le gouvernement du Mali décide d’aller à une reprise partielle des cours à l’école, à partir de ce 2 juin. Ainsi, dans un communiqué signé du ministre de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, l’on précise que cette reprise concerne les classes d’examen du fondamental, du secondaire (général et technique), de l’enseignement technique et professionnel, ainsi que des IFM. Les autres doivent se contenter des cours à distance qui vont se poursuivre.
Et pourtant, à la date de 30 mai 2020, rien ne présageait encore un lendemain meilleur dans le cadre de la propagation du virus de la COVID-19 au Mali. En effet, sur un échantillon de 141 personnes, 32 ont été testées positives à la COVID-19, samedi dernier. Ce qui veut dire que la pandémie du coronavirus continue de bousculer les habitudes dans notre pays.
En dépit de ce constat peu reluisant, le gouvernement décide quand même d’ouvrir les portes des classes d’examen. Toutefois, pour cette reprise, les autorités nationales se veulent rassurantes quant aux dispositions sanitaires prises pour sécuriser les enfants.
« Suite à la réunion du Conseil de défense, du vendredi 08 mai, et tenant compte de la progression de la pandémie du Covid-19, ainsi que des impératives éducatives, nous avons l’honneur et le plaisir d’informer les parents d’élève, les enseignants, les élèves et étudiants, l’ensemble des acteurs et partenaires sociaux de l’école, toute la communauté éducative des écoles publiques, privées, confessionnelles, y compris les medersas, que les cours pour les classes d’examen du fondamental, du secondaire (général et technique), de l’enseignement technique et professionnel, ainsi que des IFM, reprendront le mardi 02 juin 2020 sur toute l’étendue du territoire national », précise le communiqué du ministère de l’Éducation nationale.
Pour ce faire, rassure le ministre de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, le Pr Mamadou Famanta, le gouvernement prendra toutes les dispositions idoines pour assurer le respect des mesures barrières contre la pandémie du Covid-19 aussi bien dans les salles de classe que dans tous les lieux de regroupement des élèves et des enseignants (dispositifs de lavage des mains, le port du masque et le respect de la distanciation sociale).
En cinquième région administrative, le directeur de l’académie d’enseignement de Mopti se veut également rassurant. Ainsi, dans un message en date du 5 mai, aux directeurs de CAP et aux chefs d’établissement secondaire général et technique, il précise : « par conséquent, je vous engage dans les préparatifs de la reprise des cours au respect de l’ensemble des mesures administratives et sanitaires prises par le ministère de l’Éducation nationale. Alors, vous devez également tenir compte des spécificités de chaque localité et école.
Par ailleurs, je vous invite à prendre les dispositions suivantes : – prévoir d’ouvrir des salles de classe avec 25 élèves par salle, soit un élève par table banc – Réaménager les emplois du temps en ne prenant en compte que les matières principales ».
Au regard des préjugés développés autour de cette maladie par une importante partie des Maliens, ces mesures suffisent-elles sécuriser les enfants ? Quelles peuvent être les motivations profondes des autorités nationales en décidant d’ouvrir les écoles ? Pour rappel, on sait que la décision de fermeture des écoles et d’autres mesures barrières pour la prévention et la lutte contre la COVID-19 ont été prises quand le pays n’avait officiellement que deux cas contamination. Aujourd’hui, le tableau global de la contagion est à plus de 1000 patients ?
En tout cas, les plus sceptiques n’écartent pas une chaine d’infections dans les écoles dont les autorités nationales et les parents doivent s’apprêter à assumer les conséquences. Dans ce cas, ils n’écartent pas non plus de voir des parents traîner le gouvernement devant les tribunaux pour avoir ouvert les boulevards à la contamination des enfants.
Par Sidi DAO
INFO-MATIN